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Pensions: va-t-on passer d'une annus horribilis à une décennie noire en Belgique?

En Belgique, 2025 devait déjà marqué une année sombre pour nos pensions, avec le recul de l’âge à 66 ans. Avec l’arrivée du gouvernement Arizona, cette annus horribilis pourrait bien devenir une décennie noire.  Explications.

 


En Belgique, trois dispositifs permettent de souffler en fin de carrière.

Le crédit-temps fin de carrière permet aux travailleurs âgés de passer à 50% ou à 80%, tout en percevant une indemnité de l’ONEM pour compenser (très partiellement) la perte de salaire. Pour y accéder, il faut avoir au moins 60 ans et 25 années de carrière. L'Arizona a décidé de renforcer progressivement la condition de carrière à partir du 1er janvier 2026. En 2030, les hommes devront justifier 35 ans de carrière, et les femmes 30 ans. Un obstacle de plus à l’une des seules mesures d’allègement en fin de carrière. 

Le régime de chômage avec complément d'entreprise (ex-prépension)permettait aux travailleurs qui se font licencier alors qu’ils sont proches de la pension (entre 60 et 62 ans) de bénéficier, en plus des allocations de chômage, d'un complément d'entreprise payé par leur ancien employeur. L'Arizona a choisi de supprimer purement et simplement ce dispositif, sauf en cas de handicap. Les travailleurs âgés licenciés ne pourront plus lever le pied avant la pension. Les employeurs, eux, pourront licencier sans hésitation leurs travailleurs âgés, puisqu’ils n’auront plus à payer de complément d’entreprise. 


La pension anticipée permet aux travailleurs qui ont une carrière suffisamment longue (au moins 42 ans) de partir à la pension avant d’avoir atteint l’âge légal, qui est de 66 ans depuis le 1er février 2025 (67 ans à partir du 1er février 2030). L’Arizona prévoit de durcir le calcul des années de carrière. Seules les années comptant au moins 156 jours de travail (6 mois) seraient désormais prises en compte, contre 104 jours (4 mois) actuellement. Dans la majorité des cas, la première année de carrière débute après juillet et la fin des études. Le seuil de 6 mois ne serait donc pas atteint et cette année ne compterait plus. La perte de la première année de carrière implique un report d’un an du départ à la pension. 

Ces décisions marquent un net recul de la protection sociale. Elles vont pousser de nombreux travailleurs âgés à bout, en les privant de toute porte de sortie.

Le début des pensions rabotées

Le malus

Lorsqu’un travailleur prend une pension anticipée – c’est-à-dire qu’il part avant d’avoir atteint l’âge légal de la pension parce qu’il a une longue carrière – le montant de sa pension est déjà plus bas, puisque sa carrière totale est plus courte. Non content de se satisfaire de cela, l’Arizona a décidé d’introduire une double peine pour les personnes qui prennent une pension anticipée : un malus de 5% par année d’anticipation serait en plus appliqué sur le montant de leur pension. Il est possible d’échapper au malus si l’on justifie 35 années de 156 jours de travail effectif (c’est-à-dire 35 années au moins à mi-temps) et un total de 7.020 jours de travail effectif (c’est-à-dire au moins l’équivalent de 22,5 ans à temps plein).  

Selon les statistiques, seul 1 travailleur sur 3 en pension anticipée remplirait la condition des 35 années de carrière de 156 jours de travail effectif. Quant à la condition des 7.020 jours de travail effectif, 1 femme sur 2 ne la remplirait pas. En effet, les femmes travaillent plus souvent à temps partiel et ont des carrières plus courtes parce qu’elles continuent d'assumer l’essentiel des tâches ménagères et de soins ou qu’elles sont plus souvent employées dans des secteurs où les patrons imposent le temps partiel. Par ailleurs, les périodes de maladie ne sont presque pas prises en compte. Or, les femmes représentent 60% des personnes en maladie de longue durée. Résultat : les femmes seraient deux fois plus affectées par le malus que les hommes.  

Selon l’OCDE, le taux de remplacement moyen en Belgique est de 60,9%. Cela signifie que la pension d’une personne représente 60,9% de son dernier salaire net. Avec cette mesure, le taux de remplacement des salariés serait raboté de 4,4% pour les femmes et de 2,5% pour les hommes. 

La suppression de l’enveloppe bien-être 

Depuis 2005, un budget – appelé l’enveloppe bien-être – est dégagé tous les 2 ans pour éviter que les allocations ne décrochent par rapport à l'augmentation de la richesse globale. L’enveloppe est répartie entre les différents types de revenus de remplacement, avec un accent sur les allocations les plus basses, et donc les pensions minimums. 

L’Arizona a décidé de supprimer l’enveloppe bien-être pour toute la législature. En 2025 et 2026, 1 milliard d’euros aurait dû être redistribué grâce à cette enveloppe, dont une partie était dédiée aux pensions les plus faibles. Il n’en sera rien. Cette décision aura un effet immédiat sur la pension moyenne : une baisse supplémentaire de plus de 3% du taux de remplacement. Là encore, les femmes seront les plus touchées, car elles sont surreprésentées parmi les bénéficiaires de la pension minimum. Sans revalorisation, leurs pensions vont décrocher davantage.  

Ces deux mesures font partie d’une offensive plus large qui vise à diminuerle montant de nos pensions. Selon le Conseil Supérieur des Finances, l’impact global serait une baisse du taux de remplacement de 60,9% à 55,4%3. Un recul de plus de 9%, alors que la Belgique a déjà un taux relativement faible comparé à d'autres pays européens.


Un choix politique, pas une fatalité 

L’Arizona justifie ces décisions en agitant l’épouvantail du coût des pensions 

La hausse des dépenses en pension (sans réforme) est estimée à 2,5 points de % du PIB d’ici 2070. À titre de comparaison, la Belgique s’est engagée à consacrer 5% de son PIB pour les dépenses militaires d’ici 2035, soit une hausse de 3,7 points de % du PIB. C’est bien plus que la hausse liée aux pensions. Les pensions seraient « impayables », mais on trouve de l’argent pour la guerre ? 

Cette comparaison démontre une chose essentielle : il ne s’agit pas d’une fatalité, mais bien de choix politiques. Ladroite prétend qu’il n’y a pas d’alternative, qu’il faut faire des économies sur les pensions. Mais une autre voie existe : on pourrait facilement augmenter les recettes. Il suffirait même de récupérer le manque à gagner provoqué par les gouvernements successifs. Pour rappel, les pensions sont financées par les cotisations sociales sur nos salaires. Or, les cotisations patronales font comme les calottes polaires : elles fondent. Les réductions des cotisations sociales patronales et les subventions salariales représentent 17 milliards d'euros par an4. Avec l'Arizona, ce sera encore 1 milliard de plus. Cela représente près de 3% de notre PIB, soit davantage que la hausse attendue du coût des pensions. 

 
Nous pourrions non seulement préserver notre système, mais aussi l’améliorer. Le plan « 55-60-65 », par exemple, permettrait de réduire ses prestations à 55 ans, de prendre une retraite anticipée à 60 ans et la pension légale à 65 ans. On pourrait aussi améliorer le montant des pensions légales pour assurer un revenu décent à chacun. Comment ? Il suffirait, en plus de récupérer le manque à gagner dont question ci-dessus, de créer davantage d’emplois de qualité soumis à des cotisations sociales (pas les flexi-jobs), de permettre une hausse des salaires bruts (en réformant la loi de 1996 qui bloque les salaires) ou de taxer les surprofits des entreprises et les patrimoines élevés, qui sont aujourd’hui très peu mis à contribution.  

Derrière les différentes manières de (dé)financer les pensions, se cache une vision de la société. Nous défendons une répartition équitable des richesses et un juste partage du travail disponible entre les jeunes et les aînés (rappelons qu’il n’y a pas suffisamment d’emplois pour tout le monde). L’Arizona, fidèle bras droit du patronat, fait le choix inverse : laisser une minorité de privilégiés accumuler des revenus indécents, pendant que la majorité s’use au travail jusqu’à un âge avancé.

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