Avec trois victoires d'affilée, l’union fait la force dans le groupe Vertefeuille

CNE - Alan Marchal
Malgré la distance qui les sépare et des conditions de travail un peu différentes, les travailleurs et les travailleuses de trois maisons de repos hennuyères sont parvenus à faire plier leur direction pour obtenir une nouvelle prime, des jours de congés supplémentaires et un écochèque.
Nathalie Demesse, Morgane Pilette et Annick Senechal, vous représentez le personnel de trois maisons de repos : la Vertefeuille (185 travailleurs) à Tournai, l’Esplanade (156 travailleurs) à Ath et la Moisson (50 travailleurs) à Colfontaine. Que s’est-il passé récemment dans votre institution ?
ND : En février de l’année passée, un préavis de grève a été déposé sur le site de Vertefeuille. Le personnel n’en pouvait plus des conditions de travail qui lui était imposé. Pour enterrer les revendications des représentants syndicaux du site de Tournai, la direction a profité de la tenue prochaine des élections sociales pour regrouper ses trois maisons de repos en une seule unité technique d’exploitation (UTE). En réunissant des travailleurs qui vivaient des réalités un peu différentes, les patrons espéraient sans doute nous freiner et nous forcer à accepter des conventions collectives de travail (CCT) au rabais. Mais c’est le contraire qui s’est passé puisqu’on a profité de cette occasion pour faire bloc et demander une harmonisation vers le haut de tous les avantages octroyés aux travailleurs et aux travailleuses.
Comment se sont déroulées les négociations avec la direction ?
MP : C’était assez tendu par moment. D’une part, le timing des négociations – avec les élections sociales qui approchaient – a un peu fragilisé le front commun syndical sur deux sites. Et d’autre part, la direction a tenté de diviser le personnel en faisant notamment une première proposition beaucoup plus favorable aux jeunes.
Qu’est-ce qui a fait pencher la balance, selon vous ?
ND : Le préavis de grève a donné le ton mais c’est surtout le soutien du personnel qui a permis de mettre la pression sur la direction. À l’Esplanade, à Ath, les collègues ont aussi fait comprendre qu’ils étaient prêts à se croiser les bras si on n’obtenait rien. Sans eux et sans l’expérience des permanents qui ont permis d’arriver à un accord, les négociations auraient pu durer encore un petit moment.
Qu’avez-vous finalement obtenu ?
AS : On a obtenu une prime de rappel. Désormais, quand la direction rappelle des employés pour venir travailler dans les 24 heures, les travailleurs bénéficient d’une hausse de leur salaire de l’ordre de 15%.
ND : On a également obtenu des jours de congés d’ancienneté, ce qui n’existait pas jusqu’à présent. Après 10 et 15 ans de service, tous les collègues bénéficient désormais d’un jour de congé supplémentaire. Et après 20 ans, les employés de l’Esplanade et de la Moisson pourront également profiter d’un troisième jour de congé supplémentaire, comme c’était déjà le cas pour les travailleurs de Vertefeuille.
MP : Enfin, on a également réussi à convaincre la direction de verser un écochèque de 45€ à tout le monde, et plus seulement aux employés du site de Tournai.
Que retenez-vous des derniers mois de lutte syndicale ?
ND : Je pense que c’est clair pour tout le monde : quand on reste unis, tout est possible ! En restant soudés, on a déjoué le piège que la direction nous a tendu.
MP : Je pense aussi que la signature des trois CCT a renforcé les liens au sein même de notre délégation syndicale.
Est-ce que cette triple victoire syndicale nourrit d’autres ambitions ?
AS : Oui… mais on va laisser un peu de temps avant d’en faire part aux patrons.