Mestdagh-Intermarché: la CNE tire un bilan alarmant un an après la dernière franchisation

Un an après le passage en franchise du dernier magasin Mestdagh-Intermarché, le constat est alarmant, et malheureusement conforme à ce que les syndicats prédisaient!
Entre juillet 2023 et décembre 2023, l’ensemble des magasins anciennement intégrés Mestdagh et devenus Intermarché sont passés en franchise. A l’époque, nous dénoncions déjà les dérives potentielles que nous imaginions aisément en l’absence de concertation en entreprise et en cas de changement vers une commission paritaire moins favorable, et avons été taxés de "diaboliseurs" des franchisés!
Aujourd’hui, nous faisons le constat que cette projection annoncée se révèle être malheureusement l’exacte vérité et tirons la sonnette d’alarme! Là où certains estimaient qu’un franchisé est plus proche de ses travailleurs et plus apte à être à l’écoute afin d’éviter les problèmes, la réalité démontre clairement qu’il n’en est rien: amateurisme, gestion à la petite semaine, discrimination, pression, licenciements, paiement aléatoire et parfois douteux, non-respect des lois, sont plus que d’usage chez Intermarché!
La CNE a créé un service spécialisé qui aide, soutient et accompagne individuellement les travailleuses et travailleurs des magasins passés sous franchise et organise, là où c’est possible, une logique collective. Les chiffres sont sans appel: les demandes de renseignements pleuvent et plus de 150 dossiers ont dû être traités dans nos services en moins d’un an! Les problèmes majeurs: licenciements non avérés, non-respect de la CCT 32 bis garantissant le maintien des droits acquis avant le transfert, harcèlement, non-respect de la règlementation des heures d’ouverture, suppression de certains sursalaires,… Certains travailleurs sont d’ailleurs prêts à en témoigner!
Lors des discussions avant la franchisation, nous avions mis en garde quant aux magasins en doublon dans la même ville, voire la même rue, afin de chercher une solution collective quant au maintien de l’emploi. La Direction à ce moment nous soutenait la main sur le cœur que tous les magasins seraient pérennes. Sur ce dernier trimestre de l’année, deux magasins anciennement intégrés Mestdagh Intermarché ont/vont fermer leurs portes: Frameries et Farciennes. Et l’ensemble du personnel va être licencié, sans garantie aucune de reprise éventuelle par un autre franchisé du groupe! Nous avons accompagné l’ensemble des travailleurs et vérifié leurs droits en matière de fin de contrat, mais en bout de course des emplois sont détruits!
"Même ce qui est écrit officiellement n’a que peu de valeur aux yeux de certains adhérents"
Nous avons rencontré l’ensemble des adhérents avant les reprises de magasin, et chacun s’était engagé à respecter ce que nous appelons communément "le sac à dos" des travailleurs, à savoir ses droits acquis jusqu’à la reprise. Depuis des mois, nous constatons que même ce qui est écrit officiellement n’a que peu de valeur aux yeux de certains adhérents. Et parfois, même les règles de base les plus élémentaires au niveau du droit du travail sont bafouées!
Dernièrement, l’adhérent de Jette a dénoncé les conventions existantes, afin de tenter de raboter les droits des travailleurs, en les sollicitant dans le même temps à signer un avenant contrat. Tous les moyens sont donc bons pour ces employeurs pour mettre la pression sur les travailleurs issus des magasins ex-Mestdagh!
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Intermarché a créé un modèle "toile d’araignée", où les constructions juridiques n’existent que pour échapper à des règles plus favorables pour les travailleurs et à la concertation sociale en entreprise. La CNE a déposé au tribunal un dossier prouvant que certains magasins sont bien à regrouper car les mêmes employeurs sont aux manettes. Le Tribunal nous a donné raison sur toute la ligne! Que faudra-t-il encore prouver dans le secteur pour que ce type d’entreprise n’échappe plus aux règles minimums communes d’entreprises du même type, comme Aldi, Lidl, Colruyt? Que faudra-t-il encore prouver pour que les fédérations actives dans le secteur (COMEOS, UCM et Unizo) cessent de permettre à ces enseignes de tirer l’ensemble du secteur vers le bas? La CNE revendique l’harmonisation vers le haut, des droits identiques pour les travailleurs, exerçant le même métier et appartenant à un même grand groupe, plutôt que de tirer l’ensemble d’un secteur vers le bas!
Dernière réalité criante: Intermarché bafoue les règlementations en matière de travail du dimanche et jours fériés et paie les infractions lorsqu’elles sont constatées! Et tout cela au vu et au su de tous! Le prix de la fraude semble donc intéressant pour ces employeurs, qui continuent, sans vergogne, à pratiquer l’interdit et l’illégal!
Ces cowboys de la distribution risquent donc de bien se plaire en "Arizona", dans un secteur où il risque de ne rester qu’un désert aride pour les travailleurs!