Je m'évalue... Tu m'évalues... Il m'évalue

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Selon la définition du Larousse, l’évaluation permet de déterminer la valeur de quelque chose.
C’est la raison pour laquelle l’avis n°3 du Pacte prévoit que:
«la responsabilité collective qui est celle de l’établissement scolaire dans le cadre de la mise en œuvre des plans de pilotage renvoie toujours à une responsabilité individuelle. Cette responsabilisation collective doit déboucher sur une responsabilisation individuelle du chef d’établissement (...) et des enseignants orientée vers la motivation des équipes éducatives, le développement de leurs compétences et la compréhension des difficultés qu’ils rencontrent.»
C’est dans ce cadre que devrait avoir lieu l’évaluation tant des directions que des enseignants.
Le journal «Le Soir» a pu se procurer le texte du travail et, dans son édition du 25 septembre dernier, y a fait écho. L’occasion pour nous de faire le point sur l’état d’avancement de ce dossier et sur des points d’attention qui ont été les nôtres jusqu’à présent.
D’emblée, il faut préciser qu’aucun texte formel n’a été déposé sur la table. A ce jour, seules deux réunions bilatérales (PO et organisations syndicales séparés) ont eu lieu. Elles nous ont permis de prendre connaissance du projet et de faire part de nos premières remarques et objections.
La Ministre Caroline Désir, interrogée par plusieurs parlementaires suite à la fuite dans la presse a tenu à rassurer en précisant qu’aucun texte n’avait encore été soumis au Gouvernement, que la version provisoire de la note présentée était amendée suite aux remarques émises par les partenaires lors des réunions bilatérales et, qu’à ce stade, aucune conclusion ne pouvait être tirée. Elle ajoutait qu’elle n’excluait pas d’autres contacts préalables avant la négociation officielle.
Concrètement, où en est-on?
Tout d’abord, il faut préciser que le système d’évaluation ne se substituera pas aux régimes disciplinaires déjà inscrits dans les différents statuts. Les différentes échelles de sanctions ne disparaîtront pas et seront toujours possibles quand un comportement inapproprié le justifiera. Toutes les voies de recours sont maintenues.
- «mettre en place un dispositif d’évaluation systématique de qualité tant pour les enseignants que pour toutes les autres catégories de personnel»;
- mettre l’accent sur l’accompagnement individualisé, «ce qui signifie que l’évaluation a avant tout pour finalité de permettre au membre du personnel d’évoluer».
Pour nous, une évaluation de qualité doit d’abord et avant tout être formative,
C’est à ce niveau que se situent nos principales craintes.
Nous avons dénoncé le caractère non objectif des items.
Pour nous, ce qui peut être de la mauvaise volonté manifeste pour les uns ne l’est pas nécessairement pour les autres. On a beau nous rappeler qu’il existe une jurisprudence concernant ces notions, nous sommes sceptiques et dubitatifs quant à la définition et à l’usage qui en seront faits.
Le membre du personnel aura l’occasion de contester en introduisant un recours. C’est ici qu’il faut se gratter pour être certain de ne pas rêver … Le texte actuel prévoit que cette première voie de recours ait lieu devant le Pouvoir organisateur. Cherchez l’erreur! En matière de «juge et partie», on ne fait pas mieux!!! Nous avons bien entendu attiré l’attention sur ce point, d’autant plus que tous les statuts qui prévoyaient pareille procédure ont été récemment modifiés en confiant les recours aux chambres existantes au niveau de l’Administration FWB (on pense au recours contre un rapport défavorable dans l’enseignement officiel subventionné ou au recours contre un rapport défavorable sur la manière de servir des puériculteurs).
A la lecture de cet éditorial, vous comprenez l’importance des enjeux déposés sur la table.
Vous comprenez mieux ma réaction dans les colonnes du Soir:
«Nous avons vraiment de grosses craintes par rapport à la qualité des évaluateurs, par rapport à leur cahier des charges, par rapport à l’influence des relations personnelles dans une école et par rapport aux procédures de recours. C’est, à ce stade, absolument imbuvable. Mais nous ne doutons pas que cela va évoluer. Nous allons nous y employer dans les processus de concertation.»
Roland LAHAYE, Secrétaire général
Retrouvez cet éditorial dans la revue CSC-EDUC N°143 - Novembre 2020
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