19/09/2023
Picsou
Il a tenté de se défiler. Mais des journalistes courageux l’ont coincé : oui, le nouveau patron de Bpost a bien exigé un salaire de quasi 100.000€ par mois. Bonus y compris, mais sans compter les avantages divers, ni une prime de « bienvenue » de 250.000€ ! Trois questions :
Pourquoi ? Ce Monsieur a évidemment déjà accumulé largement plus d’argent qu’il n’en faut pour vivre très confortablement, dut-il mourir centenaire. Quelle maladie étrange le pousse à refuser le salaire « normal » d’environ 50.000€ par mois, prévu par la loi dans une entreprise publique autonome ? En quoi sa vie sera-t-elle meilleure ? Qu’y aura-t-il en plus pour ses enfants, en doublant ce salaire déjà insensé ? Il veut prouver quoi ? A qui ?
Pourquoi (2) ? Pourquoi le gouvernement valide-t-il (même en se bouchant le nez…) la violation de ses propres règles ? Imaginerait-on que la limite de vitesse à 120 km/h ne vaille que pour les « petites gens », et que la police accepte 250 km/h pour les Importants Pressés ? N’y a-t-il que nous qui sommes supposés respecter les lois ? Comment accepter que le gouvernement « Vivaldi » soit intraitable contre nous, et si accommodant pour eux ? Qu’il maintienne l’ignoble Loi de Blocage des Salaires (max 0,0% en 2023 et 2024) contre la classe travailleuse, mais concède tout aux ultra-riches ?...
Singes ? Les « experts » justifient ces excès par un adage : « Si vous payez des cacahuètes, vous ne recruterez que des singes ! ». Très drôle, vraiment… Sont-ils des singes, tous ces « essentiel-les » qui au prix d’une charge mentale et physique énorme, prennent soin de ce qui nous est le plus précieux dans des hôpitaux, des crèches ou des écoles où le personnel manque cruellement. On aurait combien d’infirmières en plus, pour 100.000 € par mois ? Et ceux qui font de longues journées, travaillent la nuit ou le dimanche, prennent la responsabilité de vies humaines… et se détruisent le dos, pour 40 fois moins que ce qu’exige ce monsieur ? Celles qui nettoient, qui font la salle et la terrasse, qui font tourner nos magasins ? Celles et ceux qui protègent, qui enseignent ou qui animent nos théatres pour un salaire de gueux : des singes méprisables ? Au fond, qui mérite notre respect ? Qui notre mépris ?
CA SUFFIT !
Depuis toujours nous nous battons pour relever les revenus minimums, et nous continuerons. Une grande partie des allocations et des salaires sont trop bas pour vivre dignement aujourd’hui. Mais n’est-il pas temps, si on croit à la démocratie, de fixer un maximum admissible de revenus ? Qui peut prétendre avoir besoin, pour vivre décemment, de 10.000 ou 20.000€ par mois ? Ce n’est pas une question de jalousie ou de morale. C’est d’abord une question de justice : dans notre pays riche, un enfant sur 10 n’a pas assez à manger chaque jour. Avec plus de 40.000 boîtes à tartines vides chaque matin, la priorité est-elle vraiment de satisfaire la cupidité de ces malades ? C’est aussi une question de survie collective. Les ultra-riches détruisent tout : la vie des autres, la nature (lire par exemple « Comment les riches détruisent la planète » de H. Kempf), et l’idée même de démocratie et d'égalité.
Si on croit vraiment que « tous les humains naissent libres et égaux en droits », alors il est temps de dire à notre Picsou de Bpost et à tous ceux qui entretiennent le mortel fantasme de l’enrichissement individuel illimité : « ça suffit ! ». Comme il est peu probable que le dire suffise, pour retrouver un monde décent, il faut continuer à augmenter notre rapport de forces. Rien n’est possible seul ; ensemble rien n’est impossible… si nous sommes organisés. C’est le thème du Congrès que votre syndicat tient début novembre : nous y reviendrons.
Felipe Van Keirsbilck
Secrétaire général

