Vie professionnelle/vie privée : la maîtrise du temps

Et si nous prenions le temps ?

Chaque semaine, je lis le supplément week-end de mon journal pour suivre l’histoire de la vie quotidienne trépidante  des familles. Il est rafraîchissant de découvrir comment certaines personnes parviennent à tourner le temps à leur avantage. Et spontanément, je pense : il faut le dire aux gens, mettre le temps à profit exige de la créativité, de la flexibilité, du sur-mesure, de la résilience et des choix. Et il arrive que ça ne fonctionne pas et qu’il faille persévérer : on tombe et on se relève.

Quand nous réfléchissons au temps dont nous disposons, nous pensons surtout à court terme. Au quotidien, nous cherchons à emboîter toutes les pièces du puzzle. En revanche, nous ne réfléchissons à notre temps de manière plus approfondie ou à long terme pratiquement qu’en situation de crise, par nécessité. Il devient un problème quand nous avons l’impression que l’équilibre entre notre vie professionnelle et notre vie privée ne correspond pas à nos valeurs, quand un manager adepte de la surveillance nous met la pression pour respecter des délais, quand un rythme de travail insoutenable nuit à la qualité de notre travail, quand nous sommes profondément affectés parce que d’agréables moments au travail nous sont supprimés, quand le temps dont nous disposons fond comme neige au soleil dans les embouteillages, et ainsi de suite.

Pourquoi ne nous pencherions-nous pas plus avant sur le phénomène « temps » ? De tout temps, nous nous sommes posé la question du temps et de la façon dont nous le mettons à profit. Cela nous aide à avancer. Nos aïeuls se sont battus pour la journée de huit heures et la semaine de quarante heures, pour l’abolition du travail des enfants, pour le repos dominical, pour les vacances annuelles.... Ils ont veillé à ce que les femmes, puissent suivre un parcours différent de celui de leurs mères. Une relation, un mariage ou des enfants ne sont plus pour elles synonymes de fin de carrière. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à pouvoir gravir les échelons, même si, dans de nombreux cas, le temps consacré à la garde des enfants reste inégalement réparti.

S’intéresser au temps n’est pas un luxe superflu. Rien n’est acquis. De nouveaux défis se présentent également en permanence. Le système de crédit-temps est progressivement supprimé, alors même qu’il est utile pour combiner la garde des enfants avec un emploi. Autres exemples : la suppression progressive de la prépension, le RCC désormais, et l’augmentation de l’âge de la retraite. Certes, les réponses d’alors ne sont pas nécessairement celles d’aujourd’hui ou de demain. Cependant, le cadre temporel actuel est trop souvent considéré comme acquis : le temps de vie doit être du temps de travail, utilisé de la manière la plus productive possible, de préférence le plus longtemps possible. Tout ce qui n’est pas du temps de travail actif ou productif est vite considéré comme de l’oisiveté. Et ce temps consacré à ne rien faire n’est pas apprécié à sa juste valeur. 

Une interprétation contemporaine du temps s’impose. Nous sommes liés dans notre course contre la montre, individuellement et collectivement, homme, femme ou autre : nous luttons contre les moments de stress, aspirons à un temps de travail de qualité, à des instants privilégiés en famille, à un temps qualitatif pour notre (fin de) carrière, à un temps pour notre développement, à un temps pour les vacances... Qu’attendons-nous pour ne pas tomber et ne pas avoir à nous relever seuls ?