Les préoccupations des intérimaires au cœur de notre travail syndical

Arracher des droits pour les travailleurs et les faire respecter commence au niveau de l’entreprise avec les travailleurs. Mais en Belgique, une série de droits sont aussi négociés au niveau du secteur pour l’ensemble des travailleurs intérimaires. Les institutions de la concertation sociales organisent aussi des discussions entre les organisations de travailleurs et la fédération des agences intérim – FEDERGON.
Nous vous avons interrogés via une enquête au début de l’année 2023. Une série de revendications que nous défendons notamment au niveau du secteur répondent (en partie) aux préoccupations qui ressortent de notre enquête. En voici quelques exemples :
- Alors que les missions intérim sont parfois longues dans la même entreprise, les contrats des intérimaires sont le plus souvent des contrats à la semaine voir moins. Nous demandons - depuis longtemps - que la durée des contrats intérims se rapproche le plus possible de la durée réelle de la mission chez l’entreprise utilisatrice. Pourquoi donner des contrats à la semaine quand on sait que le travail durera des mois ?
- La majorité des intérimaires veulent des contrats plus stables, de préférence directement chez l’entreprise utilisatrice. Nous nous battons pour que l’on mette fin ou qu’on limite le système des « clauses de non débauchage » qui obligent les entreprises qui voudraient donner un contrat à un intérimaire à payer un dédommagement important (plusieurs mois de salaire) à l’agence intérim. Un système qui emprisonne littéralement le travailleur dans l’intérim. Suite à nos plaintes et à l’attitude scandaleuse des patrons de l’intérim, le ministre de l’emploi prépare une loi pour essayer de limiter drastiquement cette pratique. Une petite avancée même si la route pour qu’elle soit adoptée reste longue.
- Les répondants à l’enquête mettent en avant combien il est difficile de faire respecter ses droits comme intérimaire. Par exemple, de nombreux intérimaires perdent leur accès à certains droits parce qu’ils perdent leur ancienneté lorsqu’ils prennent leurs vacances ou tombent malade. Cela signifie soit perdre les droits liés à l’ancienneté, soit ne pas partir en vacances et/ou travailler même lorsqu’on est malade. Nous exigeons donc de pouvoir prendre ses vacances annuelles sous contrat et encore l’allongement de la période d’inactivité sans perdre son ancienneté à 16 jours (au lieu de 7). Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.
- Les intérimaires attendent des délégués en entreprise d’être informés et défendus. Pourtant, dans de nombreuses entreprises, les délégués syndicaux ont du mal à faire reconnaître les problèmes des travailleurs intérimaires par les employeurs. Pour renforcer leur légitimité et l’obligation pour les employeur d’appliquer les droits des travailleurs intérimaires, Nous demandons que ce droit soit explicitement repris dans la CCT 5 (celle qui fixe les compétence de la délégation d’entreprise) afin de mettre fin au sabotage des employeurs.
On va pas s’en cacher, c’est une discussion difficile dans laquelle FEDERGON fait le plus souvent la sourde oreille. Selon les employeurs, l’intérim est un système merveilleux qui offre aux travailleurs tout ce qu’ils peuvent espérer. Les employeurs parient sur le fait qu’en gardant les intérimaires dans la précarité et en les séparant le plus possible des travailleurs fixes, il sera difficile d’organiser un rapport de force.
En d’autres mots, si on veut obtenir ces avancées et d’autres dans le futur, il faudra une lutte qui risque d’être longue. Elle commence avec chacun d’entre nous. Utilisez le matériel que nous mettons à votre disposition pour vous informer, informer vos collègues sur vos droits et les réclamer. Prenez contact avec les délégués syndicaux dans votre entreprise. Rejoignez-nous pour faire face à vos problèmes mais aussi pour rejoindre la lutte collective pour tous les travailleurs.
- Les délégués dans les entreprises ou vous travaillez