Formation : Fake news et désinformation

La CNE a récemment organisé une journée d’étude consacrée au phénomène des « fake news ». Une journée très riche, dont nous partageons ici les principales réflexions.
Cette journée s’est d’abord attachée à comprendre ce que sont les « fake news ». Celles-ci ne sont pas une information simplement fausse mais une information fabriquée de toutes pièces dans l’intention d’influencer nos choix. Lorsque les Etats-Unis font croire en 2003 que l’Irak détient des armes de destruction massive, c’est une information fabriquée en vue de justifier l’invasion de ce pays. Les fake news ne sont donc pas seulement une rumeur, une mauvaise information, mais une désinformation, potentiellement très dangereuse pour la démocratie. Comme lorsqu’elles conduisent les partisans de Trump, convaincus par celui-ci que le résultat des élections est truqué, à envahir le Capitole. Ou certains groupes sociaux à nier les faits scientifiques par rapport au réchauffement climatique ou à l’efficacité de la vaccination.
La journée d’étude s’est ensuite penchée sur la question suivante : comment expliquer que notre époque, plus que d’autres, soit si vulnérable aux fake news ? Brieuc Guffens et Patrick Verniers, spécialistes en éducation des médias, avancent plusieurs explications. Il y a d’abord le capitalisme numérique. La puissance des réseaux sociaux démultiplie la diffusion de fausses informations. Plus généralement, le capitalisme numérique crée un intérêt pécuniaire à le faire. Les fake news, avec leur aspect sensationnaliste, attirent les clics. Or, plus il y a de clics, plus les gestionnaires de sites gagnent de l’argent. La globalisation, les inégalités sociales jouent aussi un rôle, en produisant une société de moins en moins pacifiée. Une société où se livre à grande ou à une petite échelle, une guerre de l’information. À grande échelle lorsqu’un gouvernement ennemi utilise les réseaux sociaux pour influencer le résultat des élections d’autres pays ; ou à petite échelle quand chaque individu peut déverser sa haine ou s’exprimer sans retenue sur des sujets qu’il ne maîtrise pas.
Etienne Lebeau
1 Cette analyse est approfondie dans son livre à paraître fin mars 2023, Le Second âge de l’individu. Pour une nouvelle émancipation, PUF