Nous croyons en l'index, et vous?
En janvier, de nombreux travailleurs et travailleuses auront vu leur salaire adapté à l’indice santé. Il s’agit de l’indexation automatique des salaires.
Ce dispositif quasiment unique en Europe a fêté ses 100 ans en 2020. Il est donc bien ancré dans le système de formation des salaires, et permet de protéger le revenu des salariés en période de forte augmentation des prix, comme c’est le cas pour le moment. Mais pour beaucoup de travailleurs, cet alignement salarial ne s’effectue qu’une fois par an, et ne compense donc pas les mois écoulés.
L'index est-il trop coûteux?
Cependant, il n’en faut pas plus à certains employeurs pour demander une réforme du système d’indexation, jugé trop coûteux pour les entreprises. «Pourquoi continuer à indexer les hauts salaires? Pourquoi ne pas indexer les salaires les plus bas en argent plutôt qu’en pourcents?» clament-ils en chœur. Il s’agit-là d’un inventaire de fausses bonnes idées qui, au final, videraient le dispositif de sa substance.
Nous n’accepterons jamais la mise à mal d’un système qui démontre toute son utilité parce qu’il est temporairement mis sous pression.
Pour défendre l'index, il faut le comprendre
Pour mieux la défendre l'indexation automatique, il faut mieux la comprendre. C’est le sens de la campagne que nous allons mener au cours des prochaines semaines. Dans les entreprises, dans les assemblées, dans les quartiers, la CSC va «parler» indexation des salaires. Nous souhaitons que chacune et chacun soit fier de ce modèle.
Une discussion sur l'index donne souvent lieu à des arguments à l'emporte-pièce. En voici quelques exemples.
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Mieux vaut un index calculé sur le montant plutôt qu'en pourcent. VRAI OU FAUX?
FAUX!
Un index en montant, cela voudrait dire que chaque travailleur ou allocataire social recevrait un montant fixe pour pallier à l’augmentation du coût de la vie, indépendamment de son revenu.
Pourquoi cette idée n’a rien de social?
L’augmentation du coût de la vie est calculée en pourcentage. C’est également en pourcentage que l’adaptation des salaires à ce coût de la vie doit être calculée pour être juste. Ce montant ne représentera pas la même augmentation du pouvoir d’achat pour tout le monde. Certaines personnes finiraient donc par s’appauvrir petit à petit.
Redistribution des richesses?
En fait, l’indexation n’enrichit personne. Elle ne fait que corriger – avec un certain retard selon votre commission paritaire – la perte de pouvoir d’achat due à la hausse des prix. Elle protège partiellement les revenus contre l’augmentation du cout de la vie.
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L'index nous enrichit. VRAI OU FAUX?
FAUX!
L’indexation n’enrichit personne. Elle nous protège seulement de l’appauvrissement en corrigeant – avec un certain retard selon votre commission paritaire – la perte de pouvoir d’achat due à la hausse des prix. En outre, cette protection n’est pas totale car non seulement il existe des effets de retard, dans certains secteurs plus que dans d’autres, mais en plus certains coûts comme le carburant ne sont pas pris en compte dans le calcul de l’indice. -
Il faut fixer l'index sur la base du salaire médian. VRAI OU FAUX?
FAUX!
Une autre idée serait de déterminer un montant d’indexation qui serait calculé en fonction d’un pourcentage sur le salaire médian belge. Par exemple, 2% du salaire médian belge reviendrait à accorder à tout le monde un montant fixe de 75€.
Pourquoi est-ce une mauvaise idée?
L’avantage de cette idée, c’est qu’elle permet une redistribution des hauts salaires vers les bas salaires. Dit simplement, cela représente un relèvement plus important pour les petits salaires que pour les gros. Néanmoins, les gros salaires cotisent plus pour la sécurité sociale que les petits salaires et sont plus imposés. Une indexation moindre des gros salaires serait donc un désavantage à long terme pour la collectivité.
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Pas de loi sur la norme salariale, donc plus d'indexation automatique? VRAI OU FAUX?
FAUX!
Nous luttons depuis un certain temps déjà contre la loi de 1996 sur la norme salariale, qui empêche la libre négociation des salaires. L’augmentation des salaires, ce n’est pas la même chose que l’indexation, qui permet simplement à nos salaires de s’adapter à la hausse du coût de la vie. L’Organisation internationale du travail (OIT) a condamné la Belgique en déclarant que cette loi viole le droit fondamental des travailleurs à la libre négociation des salaires.
Parce qu’ils n’ont guère d’arguments pour réfuter la thèse de l’OIT, les employeurs changent donc d’approche en scandant: «Pas de loi sur la norme salariale, alors plus d’indexation automatique».
Les employeurs se trompent
Les employeurs estiment que la loi sur la norme salariale garantit l’indexation des salaires et constitue une intervention légale dans la liberté de négociation. Ils se trompent complètement! L’indexation dans le secteur privé n’est absolument pas garantie par une loi mais résulte de CCT (conventions collectives de travail) conclues dans les secteurs et les entreprises. C’est exactement pour cela que certains travailleurs de notre pays n’ont pas droit à une indexation automatique de leurs salaires: parce qu’il n’existe pas de CCT dans leur secteur ou entreprise ou parce qu’ils en ont été exclus, ou encore parce que la CCT prévoit de n’indexer que les minima sectoriels. Toutes ces CCT sont le fruit de négociations libres, sans aucune intervention légale.
Les travailleurs qui ne bénéficient pas d’une indexation automatique – ou seulement d’une indexation partielle – ne peuvent absolument pas invoquer la loi sur la norme salariale pour obliger leur employeur à procéder à une indexation complète.
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L'indexation en net est tout aussi bonne pour le salarié. VRAI OU FAUX?
FAUX!
Les organisations patronales aspirent à une indexation en net. Elles laissent entendre que le travailleur bénéficie du même montant au final. Ce raisonnement ne tient pas, car les augmentations en net ne permettent pas de se constituer de droits sociaux. Ce relèvement en net ne serait par exemple pas compté pour le calcul de la pension.
On oublie surtout que cette option entraînerait une hémorragie pour la sécurité sociale et les services collectifs. Les travailleurs en seraient victimes quoi qu’il arrive. La CSC a calculé qu’une indexation en net, appliquée en 2022 et en 2023, aurait coûté pas moins de 9,92 milliards d’euros (!) de pertes de recettes à la sécurité sociale et aux différents pouvoirs publics.
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La hausse de l'inflation est due à nos salaires élevés? VRAI OU FAUX?
FAUX!
La spirale salaires-prix est un autre de ces arguments souvent invoqués pour critiquer l’index. En résumé, l’augmentation des coûts salariaux serait répercutée sur les prix. Les prix augmentant, une nouvelle augmentation des coûts salariaux serait nécessaire. Et ainsi de suite. Or, cela n’a pas été le cas au cours des dernières décennies.
Causes de l'inflation
Statbel, l’office belge de statistique, a calculé que l’inflation est surtout due à la hausse des coûts de l’énergie ainsi qu’à l’augmentation des prix des denrées alimentaires. Elle ne résulte donc pas d’une spirale salaires-prix. En outre, 40% des salariés n’ont été indexés qu’en janvier, de sorte que l’inflation que nous connaissons aujourd’hui ne peut résulter d’un événement qui ne s’est pas encore produit. Les augmentations de prix destinées à maintenir les marges bénéficiaires (élevées) pèsent davantage sur la hausse générale des prix que les coûts salariaux.
Cela revient en fait à conclure que les entreprises ont une liberté totale en matière tarifaire. Or c’est faux, il existe une rigidité nominale sur les prix (contrats, concurrence, etc.).
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