Edito du Droit de l'Employée de mars 2025 - Par Myriam Djegham, Responsable Action Femmes CNE
Le 5 octobre 1789, des ouvrières, lavandières, blanchisseuses, des « Dames de la Halle » vendeuses des marchés parisiens se rassemblent à Paris pour protester contre la vie chère. De là, spontanément, des milliers de femmes en colère se mettent en marche vers Versailles. Leurs revendications sont économiques mais aussi politiques. Elles veulent notamment que la déclaration universelle des droits de l’Homme soit ratifiée. Le lendemain, après une nuit de siège, le château de Versailles est occupé forçant le Roi à signer la déclaration et à fuir. C’est un tournant dans la Révolution française.
Le 8 mars 1917, un mois après une grève spontanée de travailleuses du Textile, des femmes descendent dans les rues de Petrograd contre la guerre et la vie chère. Le lendemain, toute la ville se mobilise à travers des manifestations et des grèves. Les troupes que le Tsar a voulu utiliser pour réprimer les manifestantes se retournent contre lui et rejoignent les insurgées. Le Tsar est contraint d’abdiquer le 15 mars. La date de cette « journée des ouvrières », le 8 mars, début de la révolution russe, est depuis le symbole des luttes pour les droits des femmes.
Plus d’un siècle s’est écoulé depuis. De nombreuses travailleuses ont été au cœur des grandes luttes pour la justice sociale, le partage des richesses, les droits des femmes, la paix et la démocratie. Leurs conquêtes - inachevées - sont aujourd’hui plus que jamais menacées.
Les mesures prévues par le nouveau gouvernement l’illustrent bien : toutes les travailleuses sont attaquées, qu’elles aient ou pas un emploi, qu’elles soient ou pas en bonne santé, qu’elles soient migrantes ou belges, flamandes, bruxelloises ou wallonnes, femmes ou hommes, jeunes ou pensionnées. Comme souvent les femmes sont particulièrement visées. L’Arizona cherche à nous diviser. Ce gouvernement stigmatise les malades qui ne le seraient pas vraiment, les travailleuses des services publics sont présentées comme des privilégiées, les travailleuses sans emploi seraient, elles, des profiteuses, les travailleuses sans papier des criminelles… En parallèle, il appelle à la clémence pour les personnes qui fraudent le fisc et s’apitoient sur le sort malheureux des patrons. La presse annonce pourtant que les grandes entreprises belges verseront 6,4 milliards de dividendes à leurs actionnaires (selon une étude d'Allianz Global Investors) cette année, 3% de plus qu’en 2024.
L’accord a été dicté par et pour les grands patrons. Il prévoit des mesures pour imposer le contrôle et réprimer la contestation qu’ils craignent, à juste titre. Ce qu’ils envisagent rejoint les politiques de casse sociale (destruction des droits des travailleuses, des services publics et non marchands), division (entre travailleuses avec ou sans emploi par exemple), haine (envers les migrantes), guerre (le budget de la défense est augmenté alors que celui de la santé est diminué)… Ces politiques rejoignent celles qui se développent à travers le monde, de la Hongrie aux Etats-Unis en passant par Israël. La NVA est d’ailleurs membre du groupe des Conservateurs et Réformistes Européens, aux côtés des partis d’extrême droite Fratelli d’Italia, Vox en Espagne.
Dans un monde de plus en plus régenté par des capitalistes machistes et racistes, une révolution est nécessaire tant au niveau national qu’international. Mettons-nous en route pour une révolution menée par et pour les travailleuses, au travers de mobilisations de masse, avec l’ambition de changer radicalement l’organisation de la société. Construisons le chemin vers une société juste, solidaire, pacifique, démocratique, écologique qui améliore le quotidien et le futur de toutes les travailleuses.