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Les bénéfices du commerce alimentaire 2022 au même niveau qu’en 2019

©Shutterstock


Le commerce est souvent présenté comme traversant une crise sans précédent. La CSC Alimentation et Services a tenté d’objectiver cela dans une étude qui se base sur les données de la Banque Nationale. Elle montre que les bénéfices du commerce alimentaire 2022 sont en recul par rapport à 2020 et 2021, mais sont plus élevés qu’en 2018. En fait, ils reviennent à leur niveau 2019. Le boost que le Covid a donné au secteur en 2020-2021 est donc terminé. Mais ce n’est, en moyenne, pas la catastrophe, bien que des cas individuels soient problématiques. 716 millions € sont même versés aux actionnaires et les administrateurs et gérants reçoivent une rémunération additionnelle de 67 millions €. « Dans ce contexte, les travailleurs espèrent que les employeurs verseront une prime pouvoir d’achat honnête » déclare Steve Rosseel, porte-parole commerce de la CSC A&S.


Dans une étude qui sort ce 6 novembre 2023, le service d’études de la CSC Alimentations et Services a objectivé les bénéfices du secteur du commerce alimentaire en 2022. Cette étude se base sur les dernières données comptables déposées par 12 581 entreprises du commerce alimentaire (détail et gros) à la Banque Nationale de Belgique.

Premier constat, le chiffre d’affaires du commerce alimentaire a augmenté de 48,5 en 2021 à 52,6 milliards € en 2022 (+8,5%). Cette hausse est due aux hausses des prix facturés aux consommateurs. Mais les coûts ont aussi augmenté sur la même période.

Deuxième constat, au total, le bénéfice d’exploitation des entreprises du secteur est passé de 1,6 milliards € en 2021 à 1,4 milliards € en 2022 (-10,5%). C’est une diminution. Mais une diminution à relativiser avec les années précédentes. Les bénéfices 2022 sont similaires à leur niveau 2019 (1,4 milliards €), eux-mêmes supérieurs à leur niveau de 2018 (1,3 milliards €). Si la chute semble importante, c’est surtout parce que le commerce alimentaire avait fait de très bonnes performances en 2020 et 2021, notamment pendant les confinements.

Troisième constat, la moyenne cache certaines disparités : les commerces de plus de 50 travailleurs ont vu leurs bénéfices d’exploitation se réduire davantage (-22% entre 2021 et 2022). Par contre, les plus petits commerçants (moins de 50 travailleurs) ont presque été épargnés, avec une diminution du bénéfice de seulement 5%. Rappelons que ces diminutions se réalisent par rapport à des niveaux de profitabilité historiquement élevés, en particulier pour les grandes entreprises. Dans certains cas, les bénéfices, même réduits, restent à des niveaux honorables. C’est le cas, par exemple, du groupe Colruyt qui clôture l’année avec un bénéfice après impôts de 201 millions €.

Qu’a-t-il été fait de ces bénéfices ? Sur les 1,4 milliards € de bénéfices d’exploitation, 372 millions € ont été payés en impôts. Sur les 1,1 milliards restants, 716 millions € ont été versés aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachats d’actions. Enfin, 67 millions € ont été versés en rémunération des administrateurs et gérants (en plus de leur salaire). Le reste a été mis en réserve ou a servi aux opérations financières des entreprises. Le secteur est donc loin d’être exsangue.  

A l’heure actuelle, syndicats et patronat sont en négociations concernant les conditions de travail du secteur. Un des points d’achoppement est le payement d’une prime pouvoir d’achat dans les entreprises ayant réalisé de bonnes performances. Pour Steve Rosseel, responsable national de la CSC Alimentation et Services, une telle prime doit être versée dans toutes les entreprises qui le peuvent : « Le gouvernement a bloqué les hausses de salaires. Cette prime est presque la seule manière autorisée par laquelle les travailleurs peuvent augmenter leur pouvoir d’achat les deux prochaines années. Beaucoup d’entreprises sont assez riches pour la payer, mais les fédérations patronales – Comeos en tête – bloquent. Au même moment où ils versent 716 millions € à leurs actionnaires, ils ne veulent payer que 3 millions de prime maximum à l’ensemble de leurs ouvriers. Avec le front commun syndical, nous demandons un minimum de 250 € par personne dans les entreprises en bénéfice. Ce n’est pas demander la lune : si on versait ne serait-ce que la moitié des bénéfices après impôts à tous les travailleurs du secteur, il y aurait de la marge pour une prime de 3800 € pour chacun d’eux ».

Le préavis de grève déposé par le front commun syndical a expiré et des actions sont prévues dans le courant de la semaine.

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