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Les plateformes actives en Belgique ne sont pas à la hauteur

L’étude universitaire internationale Fairwork (réalisée par la KU Leuven en collaboration avec l'Université d'Oxford) a présenté son rapport belge sur le travail de plateforme en Belgique le 6 avril.

De (très) mauvaises conditions de travail pour la plupart des plateformes

Dans ce rapport, les différentes plateformes actives en Belgique sont notées sur 5 critères objectifs: Rémunération équitable (fair pay), conditions équitables (fair conditions), contrats équitables (fair contracts), management équitable (fair management) et représentation équitable (fair representation).

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Ce rapport révèle des (très) mauvaises conditions de travail pour la plupart des plateformes. Seul Takeaway obtient un peu plus de la moitié des points. Bien que ce résultat ne soit pas une surprise, il confirme la nécessité d’agir.

En premier lieu, par le gouvernement belge qui tolère des systèmes où des personnes exercent la même activité, mais ne bénéficient pas de la même protection.

Une minorité des travailleurs de plateforme travaille dans le cadre de la législation du travail en tant que travailleur indépendant ou salarié, tandis que la majorité travaille sans statut social dans le cadre du régime de l'économie collaborative. Autoriser ce système pour les travailleurs contribue principalement à augmenter la marge bénéficiaire des plateformes, mais pour les autres, il crée surtout des problèmes, ce qui se reflète également dans les faibles scores du rapport.

Un nouveau groupe de travailleurs précaires

Le régime de l'économie collaborative crée une concurrence déloyale, fait travailler des personnes sans aucun rattachement à un quelconque système de sécurité sociale, et crée des conditions pénibles pour les travailleurs. Les plateformes comme Deliveroo expliquent aux travailleurs que c'est le seul moyen de faire preuve de flexibilité (pas d'autonomie) et qu’il s’agit d’une situation gagnant-gagnant.

Trop souvent, les coursiers viennent nous voir après avoir été confrontés à un problème et constatent que personne ne veut les aider en dehors du syndicat. L'assurance promise s'avère soudainement non applicable à leur situation, une demande de conditions de travail équitables conduit à un blocage unilatéral de leur compte, au recrutement d'un nouveau groupe de travailleurs précaires, ce qui se traduit par des revenus encore plus faibles. Tant que le soleil brille, tout semble aller pour le mieux, mais face au moindre contretemps, les travailleurs des plateformes ne peuvent que constater à quel point ils sont démunis et privés de toute protection face au régime de l'économie collaborative. 

La situation en Belgique est problématique

Ce rapport montre à quel point la situation est problématique en Belgique, ainsi que la nécessité d'un changement rapide. Le travail de plateforme n'est plus une niche, mais a de plus en plus d'impact sur d'autres segments du marché du travail. Des pratiques similaires sont employées dans le secteur des colis, où les abus sont enfin combattus. Mais les secteurs du commerce de détail, de l'horeca et des soins de santé ressentent également l'impact de ce nivellement par le bas. 

Qu'attend le gouvernement pour intervenir de façon radicale /en profondeur? Dans le cadre de l'accord sur l'emploi, la question de la classification (indépendant ou salarié) est partiellement abordée, même si elle semble avoir manqué son objectif pour l'instant. En revanche, le silence est encore plus assourdissant en ce qui concerne la situation problématique de la majorité des travailleurs des plateformes, à savoir le régime de l'économie collaborative.

Un score relativement bas par rapport aux autres pays

Que cela serve de signal d'alarme. Nous demandons aux autorités de ne pas laisser les gens de notre pays prospère travailler dans ces conditions injustes. Lors de la présentation du rapport le 6 avril, Anna Banczyk (Chef d'unité adjoint - Avenir du travail, Emploi des jeunes, DG EMPL) a déclaré être surprise du score moyen relativement bas des plateformes en Belgique, par rapport aux autres pays. Au Royaume-Uni, par exemple, Deliveroo parvient à obtenir un score de 5. Pourquoi la Belgique n'y parvient-elle pas ? Est-il inhérent à ces plateformes de chercher les conditions de travail les plus faibles possibles afin de maximiser les profits pour les actionnaires? 

Fairwork espère que ces rapports stimuleront les plateformes à apporter des changements positifs, et nous ne pouvons qu'encourager ce mouvement. Durant la phase finale de l'étude, quelques plateformes ont pris la parole, mais seule RingTwice a montré un véritable intérêt à apporter un changement durable dès la rédaction du rapport. D'autres plateformes, tel que Deliveroo, se sont surtout mobilisées une fois la phase de relations publiques enclenchée. Rien d'étonnant à cela, puisque les plateformes internationales investissent souvent plus d'argent dans des campagnes de marketing et dans l'influence de l'opinion publique et de la législation que dans des conditions de travail convenables et surtout durables (notamment les plus de 200 millions d'euros investis par Uber en Californie dans le marketing pour s’opposer à de meilleures conditions de travail).

En raison de la simplification des scores, certaines différences demeurent sous-exposées ou problématiques. À titre d'exemple, Takeaway et de Ring Twice ne sauraient être comparés du point de vue de la rémunération équitable. En effet, chez Takeaway, ce salaire minimum s'inscrit dans le cadre de la législation du travail, avec toute la protection qui en découle, tandis que Ring Twice s'engage en faveur d'un changement positif de la rémunération minimum, mais cette plateforme est encore loin du salaire minimum en Belgique. De même, certains aspects du travail de plateforme, comme la gestion algorithmique (les travailleurs sont dirigés par des machines, sans transparence sur les critères utilisés) ne sont pas pris en compte. 

Par conséquent, une note simplificatrice sera toujours loin de rendre parfaitement compte de toutes les nuances et de tous les défis, mais nous encourageons néanmoins la poursuite de cette étude, car elle nous permet de dresser un premier bilan de ce secteur inconnu. Ce rapport démontre clairement la nécessité que le gouvernement belge examine réellement cette question.