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Double victoire syndicale au sein de Brussels Airlines : "Nous n’aurions rien obtenu sans la grève"

Permanent syndical au sein de la Centrale nationale des employés, Didier Lebbe était en première ligne lors des négociations récentes avec Brussels Airlines. Il revient sur la double victoire syndicale obtenue en mars 2024 pour le personnel de cabine et les pilotes de la compagnie aérienne.

Après plusieurs mois de négociations consacrées à l’amélioration des conditions de travail et des salaires de son personnel de cabine et de ses pilotes, un accord est intervenu fin mars entre la direction de Brussels Airlines et les syndicats. Didier Lebbe, permanent au sein de la CNE revient sur cette double victoire syndicale. Interview.

Didier Lebbe, pourquoi la CNE s’est-elle battue chez Brussels Airlines ?

Les problèmes rencontrés au sein de Brussels Airlines symbolisent assez bien l’évolution dans le milieu. Depuis quelques années, l’effet couplé de la privatisation des sociétés et de l’ultralibéralisme a poussé les grands acteurs du marché à accroître la pression sur leurs employés. Pendant la crise du Covid, cette pression s’est accentuée un peu plus encore, à tel point que plusieurs compagnies aériennes, dont Ryanair et Brussels Airlines, en ont profité pour imposer à leur personnel des conditions de travail au rabais. 

C’est-à-dire ?

 

À l’époque, les travailleurs de Brussels Airlines ont fait le choix de se montrer plus flexibles (horaires, salaires…) pour aider financièrement Lufthansa, leur société mère, qui a été très impactée par la crise du Covid et qui se disait menacée de faillite. Grâce à leurs efforts, les pilotes et les membres du personnel de cabine de la compagnie aérienne ont permis à Lufthansa de relever la tête. Mais au lieu de remercier ses salariés dès la fin de la crise sanitaire, la société allemande a tenté de poursuivre sur sa lancée et de conserver des conditions de travail inacceptables.

Ce que les salariés n’ont pas accepté…

Exactement ! Comme il fallait s’y attendre, le personnel de cabine de Brussels Airlines, à l’initiative de la CNE, a alors réagi assez vite en faisant trois jours de grève dès la reprise normale des activités. Ce qui a poussé la direction à proposer des réunions informelles qui se sont avérées inutiles puisqu’aucune solution liée aux horaires, au rythme de travail – qui constituaient les deux principaux problèmes soulevés par le personnel – et/ou aux salaires n’a été trouvée. 

Qu’est-ce qui a donc marqué un tournant dans la lutte ?

En novembre dernier, la direction a encore tenté de gagner du temps malgré un préavis de grève déposé en front commun. Elle a fait des propositions que les syndicats ont accepté d’analyser. Contrairement au Setca et à la CGSLB, la CNE a pris le temps d’en discuter avec le personnel, ce qui nous a permis de nous rendre compte que ce qui était sur la table ne leur convenait pas. Nous étions dans l’impasse mais, comme nous sentions que les travailleurs étaient prêts à se mobiliser, nous - la CNE et Puls - avons décidé de durcir le ton en faisant réellement grève pendant trois jours. C’est à ce moment-là que le rapport de force a changé… À l’issue de cette grève, de réelles négociations ont eu lieu car la direction a compris que nous étions capables de lui faire mal financièrement. La direction a bien tenté de nous faire passer pour des méchants aux yeux du grand public mais nous étions déterminés. Sans interruption du travail, rien d’acceptable n’aurait donc été proposé. Et très vite, des solutions ont été trouvées pour augmenter les salaires du personnel de cabine et des pilotes mais aussi pour améliorer leurs conditions de travail.

De quoi êtes-vous particulièrement fier à l’issue de ces négociations ?

La CNE était quasiment seule dans le bras de fer avec la direction. À part ACV-Puls, toutes les autres organisations syndicales ont attendu que Brussels Airlines daigne faire quelque chose pour ses employés. Nous, nous avons osé mettre la pression sur la compagnie. Et je suis intimement persuadé que c’est la grève du mois de février qui a permis de débloquer la situation. Ce n’est donc pas tant l’annonce de la grève qui a fait peur à la direction mais bien la grève en elle-même.

Comment le personnel de Brussels Airlines perçoit-il cette double victoire syndicale ?

Il est évidemment très heureux de voir qu’il a été entendu. Mais plus que ça encore, il est de nouveau conscient du pouvoir qu’il a entre les mains : les employés ont la preuve qu’ils peuvent faire bouger les choses s’ils se mobilisent. Et à titre personnel, c’est aussi une grande satisfaction. Pour la première fois depuis 2018, je peux envisager un été calme dans le secteur aérien.

Est-ce que vous retenez quelque chose en particulier de ce conflit ?

Outre le fait que la grève reste un bon moyen pour établir un rapport de force, je pense que les derniers mois ont aussi confirmé que les actions des travailleurs et des syndicats devaient toucher le portefeuille des sociétés pour être réellement efficaces. En période de négociations, une entreprise ne bouge qu’à partir du moment où on lui confisque une partie de ses revenus : tout le reste, elle s’en moque !


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Double victoire syndicale au sein de Brussels Airlines : "Nous n’aurions rien obtenu sans la grève"

Permanent syndical au sein de la Centrale nationale des employés, Didier Lebbe était en première ligne lors des négociations récentes avec Brussels Airlines. Il revient sur la double victoire syndicale obtenue en mars 2024 pour le personnel de cabine et les pilotes de la compagnie aérienne.

Après plusieurs mois de négociations consacrées à l’amélioration des conditions de travail et des salaires de son personnel de cabine et de ses pilotes, un accord est intervenu fin mars entre la direction de Brussels Airlines et les syndicats. Didier Lebbe, permanent au sein de la CNE revient sur cette double victoire syndicale. Interview.

Didier Lebbe, pourquoi la CNE s’est-elle battue chez Brussels Airlines ?

Les problèmes rencontrés au sein de Brussels Airlines symbolisent assez bien l’évolution dans le milieu. Depuis quelques années, l’effet couplé de la privatisation des sociétés et de l’ultralibéralisme a poussé les grands acteurs du marché à accroître la pression sur leurs employés. Pendant la crise du Covid, cette pression s’est accentuée un peu plus encore, à tel point que plusieurs compagnies aériennes, dont Ryanair et Brussels Airlines, en ont profité pour imposer à leur personnel des conditions de travail au rabais. 

C’est-à-dire ?

 

À l’époque, les travailleurs de Brussels Airlines ont fait le choix de se montrer plus flexibles (horaires, salaires…) pour aider financièrement Lufthansa, leur société mère, qui a été très impactée par la crise du Covid et qui se disait menacée de faillite. Grâce à leurs efforts, les pilotes et les membres du personnel de cabine de la compagnie aérienne ont permis à Lufthansa de relever la tête. Mais au lieu de remercier ses salariés dès la fin de la crise sanitaire, la société allemande a tenté de poursuivre sur sa lancée et de conserver des conditions de travail inacceptables.

Ce que les salariés n’ont pas accepté…

Exactement ! Comme il fallait s’y attendre, le personnel de cabine de Brussels Airlines, à l’initiative de la CNE, a alors réagi assez vite en faisant trois jours de grève dès la reprise normale des activités. Ce qui a poussé la direction à proposer des réunions informelles qui se sont avérées inutiles puisqu’aucune solution liée aux horaires, au rythme de travail – qui constituaient les deux principaux problèmes soulevés par le personnel – et/ou aux salaires n’a été trouvée. 

Qu’est-ce qui a donc marqué un tournant dans la lutte ?

En novembre dernier, la direction a encore tenté de gagner du temps malgré un préavis de grève déposé en front commun. Elle a fait des propositions que les syndicats ont accepté d’analyser. Contrairement au Setca et à la CGSLB, la CNE a pris le temps d’en discuter avec le personnel, ce qui nous a permis de nous rendre compte que ce qui était sur la table ne leur convenait pas. Nous étions dans l’impasse mais, comme nous sentions que les travailleurs étaient prêts à se mobiliser, nous - la CNE et Puls - avons décidé de durcir le ton en faisant réellement grève pendant trois jours. C’est à ce moment-là que le rapport de force a changé… À l’issue de cette grève, de réelles négociations ont eu lieu car la direction a compris que nous étions capables de lui faire mal financièrement. La direction a bien tenté de nous faire passer pour des méchants aux yeux du grand public mais nous étions déterminés. Sans interruption du travail, rien d’acceptable n’aurait donc été proposé. Et très vite, des solutions ont été trouvées pour augmenter les salaires du personnel de cabine et des pilotes mais aussi pour améliorer leurs conditions de travail.

De quoi êtes-vous particulièrement fier à l’issue de ces négociations ?

La CNE était quasiment seule dans le bras de fer avec la direction. À part ACV-Puls, toutes les autres organisations syndicales ont attendu que Brussels Airlines daigne faire quelque chose pour ses employés. Nous, nous avons osé mettre la pression sur la compagnie. Et je suis intimement persuadé que c’est la grève du mois de février qui a permis de débloquer la situation. Ce n’est donc pas tant l’annonce de la grève qui a fait peur à la direction mais bien la grève en elle-même.

Comment le personnel de Brussels Airlines perçoit-il cette double victoire syndicale ?

Il est évidemment très heureux de voir qu’il a été entendu. Mais plus que ça encore, il est de nouveau conscient du pouvoir qu’il a entre les mains : les employés ont la preuve qu’ils peuvent faire bouger les choses s’ils se mobilisent. Et à titre personnel, c’est aussi une grande satisfaction. Pour la première fois depuis 2018, je peux envisager un été calme dans le secteur aérien.

Est-ce que vous retenez quelque chose en particulier de ce conflit ?

Outre le fait que la grève reste un bon moyen pour établir un rapport de force, je pense que les derniers mois ont aussi confirmé que les actions des travailleurs et des syndicats devaient toucher le portefeuille des sociétés pour être réellement efficaces. En période de négociations, une entreprise ne bouge qu’à partir du moment où on lui confisque une partie de ses revenus : tout le reste, elle s’en moque !