On le croyait mort depuis 9 ans, mais Jean-Luc Dehaene donne son avis sur les prochaines élections. On l’a vu à la télé – donc c’est vrai.
Vous n’y croyez pas ? Vous avez raison : c’était une blague (pas si drôle) voulue par son parti et fabriquée par l’Intelligence Artificielle (IA). L’intérêt de cette histoire ? Nous entrons dans une terre inconnue. Au début de ce siècle est arrivée une révolution, et la suivante fait trembler le sol sous nos pieds.
Si c’est gratuit…
Rappelez-vous il y a 20 ans : le déferlement de l’information gratuite. Le journal Metro (qui vient de mourir) apparaissait dans les gares. Les débuts d’Internet multipliaient les sites d’info gratuite. Avant ça, l’information était un bien rare et cher. Pour savoir ce qui se passait dans le monde, on empruntait le journal du voisin, quand il l’avait fini.
Avec le temps du (presque) gratuit, tout s’est inversé. En réalité rien n’est gratuit : ni le Metro que vous preniez en passant, ni le quotidien qui vous coûte 2€ (mais dont le prix de revient et de distribution dépasse 4€ !), ni l’article que Google vous jette à la figure. La vérité : si c’est gratuit, c’est vous le produit. Le PDG de TF1, en 2004, définissait ainsi
sa mission : « nous vendons à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible ! ». Fini le temps où il fallait payer pour s’informer : désormais, on nous achetait pour que nous restions collés à l’écran. Et tant pis pour l’info : si une télé a le choix entre une info importante pour comprendre notre monde, et des images d’un chaton sauvé de la noyade ou d’une star surprise au sortir de la douche, il faudra beaucoup de courage pour donner du temps d‘antenne à l’info importante.
Avec les géants d’Internet (Facebook & C°) et les techniques du faux (depuis Photoshop jusqu’à l’IA qui ressuscite les Beatles), voici une nouvelle période. Pire. Jusqu’ici on nous balançait des images pas toujours intéressantes, mais souvent vraies. Le but était de gagner de l’argent : Coca-Cola se foutait bien que le chaton se noie ou pas, du moment qu’il pouvait imprimer sa publicité dans nos cervelles.
Maintenant il ne s’agit plus (seulement) de gagner de l’argent. Ils veulent modeler en profondeur ce que nous croyons et comprenons, pour qui nous votons… Pour cela, l’IA peut, quasi automatiquement, créer des personnages et des témoignages plus vrais que nature. Nous ne serons plus seulement les dindons d’une farce qui gave Coca-Cola ; nous serons aussi les moutons de multinationales qui, pour leurs profits, veulent décider ce que nous savons (et ce que nous ignorons).
Pourtant, au boulot, dans sa commune, aux élections, nous avons besoin de savoir. De pouvoir faire confiance et vérifier. La menace de l’IA va redonner une importance cruciale à la relation de confiance entre humains réels. Il restera possible de savoir, mais cela demandera de savoir qui parle (ou écrit), dans quel but, et vérifier s’il parle de ce qu’il connaît vraiment ou ne fait que « partager » une rumeur…
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Grâce à ses membres, la CNE investit dans une info utile, vérifiable, au service des travailleuses et travailleurs. Ces infos précieuses ne viennent pas seulement de nos bureaux : elles viennent avant tout de vos délégué·es CNE-CSC, qui connaissent vos conditions de travail, vérifient eux-mêmes vos droits, vos barèmes… Pouvoir dire autour de soi la vérité – la vérité utile – sera la grande aventure du 21ème siècle. C’est aussi pour cela que des milliers de personnes veulent devenir délégué·e CNE aux Elections Sociales en mai prochain. Pourquoi pas vous* ?
Felipe Van Keirsbilck,
secrétaire général
