Les super héroïnes des Instituts Médico-Pédagogiques

En service public, Super Maria prend aussi votre santé à cœur 💚 Et plus particulièrement, quand on tend à équilibrer la vie professionnelle et la vie privée.
À l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, nous nous sommes intéressés à une équipe de dames incroyablement combatives et touchantes par leur investissement sans limite dans leur boulot.
Vanessa, Malika, Amélie-Laetitia et Aurélie sont éducatrices dans les instituts médico-pédagogiques de la Province.
Elles accompagnent au quotidien des adultes qui présentent une déficience mentale modérée à sévère et ne peuvent s’intégrer seuls dans la vie sociale soit des jeunes dans un SRJ qui accueille, accompagne et encadre des jeunes bénéficiaires dont la situation handicape leur adaptation sociale, familiale, scolaire et professionnelle. Ils sont âgés de 6 à 21 ans et connaissent des difficultés liées à une déficience mentale légère et/ou des troubles du comportement et/ou instrumentaux.
Les horaires, le nerf de la guerre
Ces services d’hébergement accueillent les résidents 365 jours/an, 24h/24 et donc proposent des activités de jour, en soirée et week-end, pendant les vacances, qui nécessitent 2 personnes en journée et une personne par nuit par pavillon.
Avec l’obligation, en fonction de l’institution, de prester 5 weekends sur 8.
« Plus de vie de famille, on ne sait plus quel jour on est. »
Il est nécessaire d’avoir le soutien d’un compagnon ou de proches pour assurer la gestion quotidienne et l’organisation de la sphère privée. C’est une chance qui n’est pas donnée à tout le monde et nous en sommes bien conscientes.
« Quand on est maman solo de 3 enfants, il n’y a pas de place pour l’imprévu dans mon horaire, nous devons être hyper organisées. On doit aussi prévoir l’imprévu. Et si on me demande au pied levé d’assurer un remplacement, il m’est extrêmement difficile d’accepter. Alors, on me fait remarquer que ça fait déjà plusieurs fois que je refuse … ».
Pour la hiérarchie, il faut que le service tourne. Le service d’abord, les vies privées après…
Heureusement, tous les responsables ne sont pas pareils, c’est aussi du donnant-donnant.
Installations et fonctionnement
Les aménagements ne sont pas toujours bien pensés ni fonctionnels. Par exemple, les hublots ont été installés trop hauts et donc il n’y a aucune visibilité pour les personnes de moins d’1m70 ou encore les baignoires bien-être qui fuient.
Heureusement, les douches ne sont plus communes et les dortoirs ont été remplacés par des chambres de 2 ou 3 résidents. Mais il reste toujours des dysfonctionnements.
Ce que nous regrettons, c’est le manque d’écoute des personnes de terrain. Des aménagements sont certes apportés mais qui ne tiennent pas compte des remarques pourtant en adéquation avec les attentes des résidents et la facilité d’intervention du personnel encadrant.
En général, des décisions de changement de fonctionnement sont guidées par des intentions d’économie, ou pour se mettre en conformité avec de nouvelles exigences, prises par des décideurs extérieurs qui ne sont pas habitués au terrain.
« Les procédures tuent les procédures »
La part de la charge administrative a plus que doublé en quelques années. Récemment, les horaires ont été modifiés, nous avons moins de temps sans les résidents. Nous devons donc effectuer une part administrative en leur présence ce qui nous laisse moins de temps avec eux et augmente considérablement notre stress quotidien.
Santé mentale
Il n’est pas rare qu’un résident ne parvienne plus à contrôler sa colère et passe à tabac le personnel d’encadrement. Le comble : il arrive que l’autorité fasse planer les torts et responsabilités sur le membre du personnel sous prétexte d’avoir mal anticipé la crise du résident ou mal géré la situation.
Des groupes de travail pluridisciplinaires ont planché sur des procédures de crise à mettre en place lors de faits de violence. Dans la réalité, elles ne sont pas respectées. Pourtant, chaque jeune est lié à l’institution par un contrat de bonne conduite qu’il est obligé de signer et d’honorer. S’il ne le respecte pas, une sanction voire un renvoi lui pend au nez. Mais dans les faits, encore une fois, la sentence ne reste qu’une légère menace et de ce fait, le résident se considère intouchable.
Le droit à la déconnexion est également peu applicable à notre fonction vu le caractère émotionnel et impératif de la situation de nos résidents. Concrètement, il est bien difficile de juste fermer la porte de l’institution et de passer légèrement à autre chose.
Solidarité
La direction tend à considérer chaque fonction de manière distincte lors que nous, nous souhaitons décloisonnons les métiers de façon créer des liens humains entre les membres des équipes et ainsi, pouvoir s’entraider au quotidien. En effet, nous devons faire face à des situations parfois très compliquées, autant pouvoir compter sur nos collègues pour les affronter. Les IMP restent une grande famille, à la longue, tout le monde se connait.
Nous avons à cœur de créer des moments conviviaux entre nous pour souder les équipes, par des projets institutionnels innovants, des évènements organisés pour récolter des fonds qui nous permettent de les développer.
Quand on fait le compte de la semaine, on passe plus de temps sur notre lieu de travail qu’avec nos proches. Et quand les résidents sont des enfants, nous sommes parfois considérés comme une famille de substitution. Car on ne fait pas que travailler avec eux, on vit avec eux, on part en vacances avec eux, on mange avec eux, on partage leurs peines, leurs tragédies, leurs angoisses, leurs ressentis jours et nuits.
« Mon fils a mal vécu que j’appelle « mes gamins » les petits résidents dont j’ai la charge »
Nos vies sont malgré tout entremêlées, les petits résidents ont entendu parler de nos proches et inversement. Ils nous demandent souvent de leur expliquer notre quotidien pour comprendre ce qu’est une famille « normale » ?
Pour tenter de conserver un équilibre et protéger notre sphère privée, une attention de tous les instants est nécessaire. Plus encore pour les mamans que pour les collègues masculins qui n’ont pas forcément la même relation avec ces enfants en manque et recherche d’un contact maternant.
Un Investissement sans limite
Ce boulot ne peut être envisagé sans un penchant impérieux. Il doit être choisi par vocation, purement et simplement, car il est excessivement exigeant.
Certaines idées d’activités se transforment parfois en projet institutionnel à grande échelle. La mise en place du projet Harry Potter a demandé un travail colossal, beaucoup de créativité (à défaut de budget) et une implication de toutes et tous de jour comme de nuit. Le résultat a finalement été très apprécié et reconnu à sa juste valeur. La presse a d’ailleurs relayé l’événement.
« On a travaillé d’arrache-pied, jusqu’à pas d’heures, pendant des mois, en dehors de nos prestations à l’IMP pour que ce projet soit mené à bien. »
Malheureusement, nous souffrons régulièrement d’un cruel manque de considération des efforts fournis quotidiennement. Les bénéficiaires, nous le rendent bien. Les voir profiter, sourire, s’ouvrir est source de motivation et de détermination.
« Que l’enfant finisse par s’en sortir dans la vie est notre plus grande réussite et une réelle reconnaissance de la qualité de notre investissement »