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Transition des métiers : l’action de l’équipe syndicale d’Auto 5

La transition juste, c’est une « transition vers une société durable [...] et qui place au cœur de la politique de l’environnement les droits sociaux et les droits de participation » (*). Le dialogue social un composant-clé de la transition juste. Mais sur le terrain, assiste-t-on vraiment à cette transition juste ? Nous avons posé la question à Patrick Hellin, délégué CNE chez Auto 5.

Patrick, quel est l’impact de la transition écologique sur les travailleurs d’Auto 5 ?

Chez Auto 5, la transition écologique a un impact sur les travailleurs à travers l’essor des véhicules électriques et des technologies qui y sont liées. En équipe syndicale, nous avons réfléchi à la situation. Nous avons interpellé la direction belge mais aussi la direction du groupe en comité d’entreprise européen par rapport au fait que de 40% à 50% des travailleurs pourraient perdre leur emploi si l’entreprise ne leur proposait pas des formations. Nous avons demandé à l’entreprise de former les travailleurs aux nouvelles technologies liées aux véhicules électriques. 

Avez-vous eu une écoute directement attentive de la direction, que ce soit au niveau du groupe ou de l’entreprise en Belgique ? 

Oui. Nos premières discussions ont eu lieu en conseil d’entreprise en Belgique. Sauf que les décisions en matière d’investissements se prennent au niveau du groupe. Comme je suis représentant au comité d’entreprise européen (CEE), j’ai mis ce point à l’ordre du jour. Il fallait absolument faire prendre conscience aux dirigeants de la nécessité d’investir massivement dans la formation, parce que s’ils ne le faisaient pas, dans 5 ans, la société risquait de disparaître purement et simplement. J’ai aussi dû convaincre les représentants des travailleurs d’autres pays qui n’avaient pas encore développé d’initiatives en ce sens. 

Comment avez-vous procédé pour former les travailleurs d’Auto 5 ? 

Nous travaillons principalement avec Educam, le centre de formation du secteur automobile et des secteurs connexes comme les garages, la carrosserie, etc. Chez Auto 5, nous avons chiffré à 270 le nombre de travailleurs dans les ateliers, qui devaient suivre ces formations. Un problème auquel nous avons été confrontés est le manque de places dans les formations. Actuellement, on ne sait former qu’une quinzaine de travailleurs des garages par an sur les compétences requises par les véhicules électriques. C’est lié au coût de ces formations, mais aussi à la difficulté de recruter de bons formateurs.

Combien de temps durent ces formations ? 

Ce sont des formations qui durent minimum 10 jours pour un travailleur. Chaque travailleur du secteur a droit individuellement à 7 jours de formation. Or, pour pouvoir former les premiers candidats, nous avons dû signer des plans collectifs de formation. Seule donc une partie des travailleurs en profite aujourd’hui. Nous devons resigner incessamment sous peu le plan pour les années futures. Là nous demandons effectivement un plan de formation individuel afin de ne pas laisser les gens sur le carreau. 

Quels sont les enjeux que tu soulignerais particulièrement ? 

L’enjeu, c’est vraiment de former les gens au niveau des secteurs et d’augmenter les crédits d’heures de formation. Et que le droit à la formation ne soit pas seulement un droit collectif, mais un droit individuel de chaque travailleur. Il faut pour cela créer de nouvelles structures car Educam ne va pas pouvoir absorber la charge de formation qui est aujourd’hui nécessaire dans tout le secteur des Garages. 

Y a-t-il une réflexion pour trouver des pistes alternatives ?

Effectivement, comme cela prend du temps de former une quinzaine de personnes par an, nous avons demandé s’il y avait possibilité de pouvoir former des formateurs au sein même d’Auto 5 et qui seraient agréés comme formateurs. C’est une discussion qui a lieu aujourd’hui, on attend des retours des centres de formation comme Educam. Les travailleurs pourraient donner ces formations, mais, s’ils ne sont pas homologués, cela veut dire que les compétences acquises par les travailleurs ne seraient pas reconnues. Ce serait un problème par rapport à des travailleurs qui, pour une raison x ou y, devraient quitter l’entreprise. Ils n’auraient pas ce diplôme et donc cette reconnaissance de leurs compétences. Pour nous il est donc très important d’avoir des personnes compétentes et des formations diplômantes. 

Et l’enseignement général ?

L’enseignement n’est plus adapté au modèle des entreprises. On a des technologies qui sont sur le marché, on ne sait pas former dans l’enseignement à ces technologies. On doit amplifier le modèle de l’enseignement en alternance pour répondre aux besoins de compétences de la transition écologique. Il faut un partenariat entre entreprises et enseignement.

As-tu l’impression que l’enjeu de la transition écologique est suffisamment pris au sérieux dans le secteur automobile, un secteur qui est déjà fortement impacté ? 

Aujourd’hui, tout le monde est dépassé, y compris dans le secteur lui-même, par la technologie qui est arrivée subitement. Il y a un gros enjeu par rapport aux travailleurs. Dans les années qui arrivent, les employeurs vont essayer de recruter leur main d’œuvre chez les concurrents au lieu de former leurs travailleurs. Parce que cette formation coûte cher. Il est essentiel que le monde politique se saisisse de cet enjeu si l’on veut éviter des licenciements massifs des travailleurs dont les compétences seraient devenues obsolètes.

(*) Rapport du Haut Conseil pour la Transition Juste, Novembre 2023