Forum BRISE : quand les syndicats prennent le bruit à bras le corps !

Le 12 mai 2025, les Fédérations syndicales bruxelloises de la CSC, FGTB et CGSLB unissaient leurs forces pour organiser le "Forum BRISE". Un événement conçu comme une véritable boîte à outils destinée aux délégués syndicaux, visant à les armer face à un ennemi insidieux mais omniprésent dans de nombreux milieux de travail : le bruit.
On le perçoit souvent comme une simple gêne, une fatalité du monde industriel ou tertiaire. Pourtant, le bruit au travail est bien plus qu'un simple désagrément. Comme l'a souligné les différents intervenants du Forum BRISE, il s'agit d'un véritable risque pour la santé des travailleurs, aux conséquences souvent sous-estimées.
Le Bruit : un ennemi silencieux, aux conséquences bien réelles
Le bruit est une oscillation de l'air que nos oreilles et notre cerveau interprètent. Il peut être continu, variable, ou encore par impulsions. Mais au-delà d'un certain seuil, cette "interprétation" devient une agression. L'exposition prolongée, même à des niveaux apparemment tolérables, peut causer des dégâts irréversibles à notre audition, détruisant progressivement les cellules sensorielles.
Mais ce n’est pas tout, le bruit ne se contente pas d'attaquer nos oreilles. Le Forum BRISE a rappelé ses multiples effets non-auditifs : baisse de la concentration, stress chronique, augmentation de la pression sanguine... Autant de facteurs qui sapent le bien-être et la productivité, et peuvent même contribuer à des problèmes de santé plus graves. Certaines substances dites "ototoxiques", comme certains solvants ou le monoxyde de carbone, peuvent même aggraver ces risques, attaquant l'ouïe de l'intérieur. Sans oublier les femmes enceintes, particulièrement vulnérables aux basses fréquences qui peuvent impacter la santé auditive du bébé et provoquer stress et fatigue chez la future maman.
L'employeur en première ligne, les délégués en sentinelles
La loi est claire : dès que le niveau de bruit atteint ou dépasse 80 décibels (dB(A)) en moyenne sur une journée, l'employeur a l'obligation d'agir. C'est à lui de mesurer ce bruit, de fournir des protections auditives au-delà de 85 dB(A) et d'organiser des audiométries annuelles pour les travailleurs exposés à 87 dB(A) ou plus.
C'est là qu'intervient le rôle fondamental des délégués syndicaux, véritables sentinelles du bien-être au travail. Le Forum BRISE a détaillé leur marge de manœuvre, notamment au sein du Comité pour la Prévention et la Protection au Travail (CPPT) et du Conseil d'Entreprise (CE).
Le CPPT : au cœur de la prévention
Les délégués du CPPT sont en première ligne. Ils ne sont pas là pour faire de la figuration, mais pour agir concrètement. Ils peuvent agir au niveau de l’analyse des risques, où ils participent activement à l'identification des sources de bruit et à l'évaluation de leur dangerosité. Leur avis est non seulement précieux, mais obligatoire lors de l'élaboration des plans de prévention annuels et globaux de l'entreprise.
Leur rôle est aussi de suggérer des mesures efficaces et de proposer des solutions. La priorité ? Éliminer le bruit à la source. Si ce n'est pas possible, le réduire. Cela peut passer par des aménagements techniques (isolation, matériaux absorbants), une meilleure organisation du travail (rotation des tâches, pauses supplémentaires) ou le choix d'équipements de protection individuelle (bouchons, casques). Ils peuvent même initier une nouvelle analyse de risque s'ils constatent des problèmes ou des plaintes.
Les délégués doivent également veiller à ce que les mesures décidées soient bien mises en place et respectées, dans une optique de contrôle et de suivi. Ils suivent les plaintes, s'assurent que les incidents liés au bruit sont pris au sérieux et que des actions correctives sont mises en œuvre. Chaque plainte, chaque risque identifié, doit être consigné pour, si nécessaire, appuyer une demande de reconnaissance de maladie professionnelle.
Les délégués sont par ailleurs des relais d'information. Ils sensibilisent leurs collègues aux dangers du bruit, à l'importance de porter les protections et aux bonnes pratiques.
Enfin, ils devront chercher à travailler main dans la main avec les services externes de prévention et le médecin du travail pour s'assurer que l'entreprise respecte la réglementation et que la santé des travailleurs est bien surveillée, notamment par des audiométries régulières.
Le CE : un levier stratégique
Le Conseil d'Entreprise, quant à lui, complète cette action sur des aspects plus stratégiques.
Les délégués du CE, au niveau des investissements, peuvent interpeller la direction sur les budgets alloués à la prévention du bruit. Sont-ils suffisants pour les investissements techniques et l'achat d'équipements de qualité ?
Les délégués ont aussi leur mot à dire sur la manière dont le travail est organisé, et peuvent pousser pour des ajustements qui limitent l'exposition au bruit.
Ils doivent veiller à ce que les travailleurs reçoivent les formations nécessaires sur les risques liés au bruit, en s'assurant que ces formations ne "grignotent" pas les jours de formation généraux.
Et finalement, ils peuvent même proposer d'intégrer au règlement de travail une procédure claire pour la reconnaissance des maladies professionnelles dues au bruit, afin d'accompagner au mieux les travailleurs concernés.
Le Forum BRISE a ainsi rappelé avec force que la lutte contre le bruit au travail n'est pas qu'une affaire de chiffres et de décibels. C'est une question de santé, de bien-être, et de respect des travailleurs. Et dans cette bataille, les délégués syndicaux sont, plus que jamais, des acteurs incontournables.