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Débat sur la réforme du chômage : les CPAS bruxellois sous pression face à une réforme controversée

Ce lundi 30 juin 2025, la CSC Bruxelles et son comité régional ont organisé un débat crucial au cœur de la capitale, réunissant trois président(e)s de Centres Publics d’Action Sociale (CPAS) parmi les plus impactés par la réforme du chômage portée par le gouvernement fédéral « Arizona ». Myriem Amrani (CPAS de Saint-Gilles), Séverine de Laveleye (CPAS de Forest) et David Weytsman (CPAS de Bruxelles) ont partagé leurs analyses et préoccupations face à une réforme qui, dès janvier 2026, limitera les allocations de chômage à un an pour certain(e)s et deux ans maximum pour d’autres, avec un impact particulièrement marqué à Bruxelles. 

Une réforme aux lourdes conséquences pour Bruxelles 

Selon les calculs de la CSC sur base des chiffres 2024 de l’ONEM, dans certaines communes jusqu’à 6,5 % de la population active bruxelloise sera sans allocation de chômage dès 2026, notamment dans des communes comme Saint-Gilles ou Molenbeek. Soit environ 40 775 personnes dans la région selon Brulocalis: la capitale est la plus lourdement ciblée du royaume. Cette exclusion massive poussera une grande partie des demandeurs demploi vers les CPAS, augmentant la pression sur ces institutions déjà sous tension. Georgy Manalis, directeur de Brulocalis, a souligné que « 35 % des exclus pourraient bénéficier du Revenu d’Intégration Sociale (RIS) après enquête sociale, mais un tiers risque de disparaître des radars, notamment les cohabitants ou personnes isolées, accentuant les risques de précarité, d’endettement, voire de sans-abrisme ». 

Des CPAS sur tous les fronts, mais toujours sous-financés 

Les président(e)s des CPAS ont unanimement pointé les défis financiers et structurels de cette réforme, mais avec des approches politiques très marquées entre gauche et droite.  

Séverine de Laveleye (Ecolo) a dénoncé une « réforme injuste, inefficace et ingérable », qui aggravera la précarité et surchargera les communes les plus fragiles, contraintes de financer 25 % des coûts du RIS.  

Myriem Amrani (PS) a critiqué une mesure « idéologique et électoraliste », qui stigmatise les chercheurs d’emploi sans tenir compte des barrières structurelles du marché du travail bruxellois, comme les exigences linguistiques ou les discriminations. Elle a également alerté sur la difficulté à recruter du personnel pour faire face à l’afflux attendu, un défi amplifié depuis la crise sanitaire et la crise ukrainienne. 

David Weytsman, tout en soutenant l’objectif d’activation défendu par son parti (MR), a reconnu la nécessité d’un accompagnement renforcé pour concrétiser sa foi en l'insertion par l’emploi : « La réforme est une opportunité pour mieux accompagner les bénéficiaires vers l’emploi, mais les CPAS doivent être armés financièrement et logistiquement. » Il a insisté sur la réduction de la charge administrative pour les assistants sociaux et sur un accompagnement individualisé plus fréquent, orienté vers les formations et les métiers en pénurie. 

Un marché du travail inadapté aux exclus 

Le débat a mis en lumière une réalité criante : 65 % des offres d’emploi à Bruxelles exigent un diplôme supérieur, alors que 47 % des exclus du chômage sont peu scolarisés. « Les métiers disponibles ne correspondent pas aux profils des personnes exclues », a souligné Séverine de Laveleye. Myriem Amrani a appelé à impliquer davantage les employeurs dans la recherche de solutions, dénonçant une approche qui « oppose les travailleurs précaires aux chômeurs, présentés comme profiteurs ». 

Pour Benoît Dassy, secrétaire régional bruxellois de la CSC, «la réforme annoncée nécessite une attention particulière aux futurs exclus afin d’éviter que le manque de revenus ne se transforme en agressivité dirigée vers les travailleurs sociaux ou envers la société en général». Il appelle de ses vœux à une plus grande collaboration entre CPAS et, au niveau régional, avec les partenaires sociaux afin de faire face aux impacts de cette réforme sur Bruxelles.  

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Séverine de Laveleye(Ecolo): « En plus d’être une réforme de l’Etat à peine déguisée, l’exclusion du chômage est à la fois injuste puisqu’elle aggravera la précarité des publics, coûtera aux communes déjà les plus fragiles, inefficace puisque la remise à l’emploi de personnes infra-qualifiée ne se décrète pas à coup d’exclusion, et ingérable pour les CPAS qui n’ont tout simplement pas les ressources pour faire face à l’afflux de milliers de personnes supplémentaires. »

Conscient du défi quelques mois après avoir pris les rênes du second CPAS du pays, David Weytsman (MR) approuve l’activation stricte défendue par son parti. «Lenjeu aujourdhui est de transformer cette réforme en une opportunitéconcrète pour renforcer laccompagnement des bénéficiaires vers lemploi. Mon approche est pragmatique, méthodique et orientée vers les résultats. La question essentielle est : comment pouvons-nous améliorer, au sein des CPAS, laccompagnement des bénéficiaires afin de maximiser leurs chances daccéder durablement àun emploi ?» 

Patronne du CPAS de Saint-Gilles, Myriem Amrani (PS) ne se résout pas à accepter cette politique du social décidée par des non-bruxellois  «Cette mesure est avant tout idéologique et vise àdistinguer le travailleur «méritant»du chercheur demploi «profiteur», une mécanique simpliste qui pointe la responsabilitéindividuelle sans interroger les dynamiques de sélection àl’œuvre sur le marchéde lemploi et gommant ainsi les déterminismes socio-éducatifs et les discriminations structurelles.»