Un budget pour la Fédération Wallonie Bruxelles: entre idéologie et fausse prise de responsabilité
Un budget pour la Fédération Wallonie Bruxelles : entre idéologie et fausse prise de responsabilité
Auteur: Daniel Cornesse, secrétaire national aux affaires wallonnes
Novembre 2025
En octobre 2025, le gouvernement de la Fédération Wallonie Bruxelles dévoilait les résultats de son conclave budgétaire. Annonçant vouloir maitriser la trajectoire de la dette pour arriver d’ici 2029 à un déficit d’1.2 milliard, le gouvernement table sur 700 millions d’économies (avec 200 millions de politiques nouvelles) pour l’ensemble de la législature. Pour 2026, ce sont 255 millions d’économies qui seront réalisées pour 70 millions de politiques nouvelles.
Le sous-financement structurel de la FWB est une problématique connue depuis de nombreuses années. Dès la communautarisation de l’enseignement en 1989, la communauté française s’est retrouvée en difficultés budgétaires (tout comme la communauté flamande qui elle, a fusionné avec la région, ce qui lui permet de gérer de manière autonome des masses budgétaires plus importantes). Bien que la FWB ait obtenu un refinancement en 2001 (accords du Lambermont), la baisse de la natalité et l’augmentation de la cotisation de responsabilisation pension sont (entre-autre) des éléments qui expliquent la dégradation des finances de la FWB. Dernièrement, le gouvernement de la FWB a mandaté un panel d’experts afin de dégager des pistes de solutions pour redresser les finances, et ce "dans le cadre strict de la loi spéciale de financement" c’est-à-dire, sans pouvoir imaginer un refinancement de la Fédération Wallonie Bruxelles pourtant plus que nécessaire afin d’assurer une meilleure qualité de service et une meilleure accessibilité des services d’intérêt général.
Malgré des pistes d’économies suggérées par les experts, le gouvernement FWB a annoncé ne majoritairement pas vouloir les suivre afin de garder uniquement « les plus justes et les plus équitables ». Or, en 2024, le gouvernement ciblait déjà les plus fragilisés à travers 119 millions d’économies: diminution du NTTP dans l’enseignement qualifiant, réduction budgétaire de l’aide à la jeunesse, limitation de l’accès à l’enseignement pour les élèves majeurs, réduction de la dotation ONE, augmentation des frais d’équivalence de diplôme et des frais d’inscription pour les étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur, …
Pour l’exercice 2026, le gouvernement fait à nouveau le choix de mesures qui soulèvent la colère de tous les secteurs, essentiels et déjà à sang: augmentation du minerval dans l’enseignement supérieur, augmentation de la charge horaire de 10% des enseignants du secondaire supérieur sans augmentation de salaire (dans un contexte de pénurie), diminution du budget gratuité et révision de l’enveloppe enseignement différencié, augmentation des frais d’inscriptions dans les académies, moratoire des nouvelles demandes des organisations de jeunesse, 13 millions d’économies pour le secteur de la culture (rien qu’en 2026, cela représente 4% de son budget), diminution du budget de la petite enfance de plus de 4%, …
Si le gouvernement se retranche derrière une nécessaire responsabilité de maitrise de la dette, il fait preuve d’incompétence et d’idéologie en prônant des mesures telles que la limitation du tronc commun (qui aurait pu générer 40 millions d’euros d’économies par an), en s’entêtant dans la création d’un CDIE (qui coûtera 500 millions d’euros par an à la FWB), en révisant le décret inscription (qui perpétuera les inégalités de notre système d’enseignement), en réhaussant les seuil de réussites aux épreuves externes dans l’enseignement obligatoire (alors que le redoublement coûte déjà 400 millions d’€ par an à la FWB, cette mesure engendrera un coût supplémentaire de 100 millions d’€) ou encore en s’entêtant à favoriser l’entrée d’experts sans formation pédagogique dans l’enseignement (alors que les recherches montrent que ce sont majoritairement les enseignants sans titre pédagogique qui quittent la profession dans les cinq ans).
Comme rappelé récemment dans une carte blanche rédigée par des chercheurs en éducation, les mesures adoptées en FWB privilégient des choix politiques à des solutions concertées et éclairées.
Ce gouvernement met aussi en danger notre démocratie en précarisant le secteur de la culture qui est déjà à bout de souffle et en renforçant les inégalités d’accès aux activités culturelles et sportives en FWB.
Le gouvernement pose aujourd’hui des choix qui coûteront cher, au budget de la FWB mais également aux générations futures.
