Het Draghi-rapport: lessen voor België
Rapport Draghi: leçons pour la Belgique
Auteur: Rennat Hanssens, conseiller au service d'études de la CSC
Avec son volumineux rapport sur l’avenir de la compétitivité européenne, l’ancien président de la BCE, Mario Draghi, a constamment été sous les feux de l’actualité ces dernières semaines. Le rapport lance un appel urgent à passer à l’action si l’on veut que l’industrie européenne se maintienne entre les Etats-Unis et la Chine où l’innovation technologique progresse à pas de géant, et ce, dans un monde qui n’est plus aussi ouvert que dans les années 90, lorsque les entreprises accédaient sans problème à des nouveaux marchés.
Pour notre pays, ce rapport signifie avant tout que les entreprises belges devront s’approprier les orientations stratégiques préconisées par Mario Draghi pour rendre l’industrie européenne à nouveau compétitive.
En ce qui concerne les aides publiques pour la recherche et le développement, M. Draghi plaide pour une réorientation de ces aides vers une « innovation créatrice d’emplois » plutôt de consacrer des moyens limités aux champions de la recherche et du développement. Par ailleurs, les pouvoirs publics doivent lever tous les obstacles qui empêchent les entreprises en croissance de poursuivre leur expansion sur leur propre marché, ce qui passe en premier lieu par l’achèvement du marché unique.
Un défi important pour les régions consiste à combler le « déficit de compétences » : davantage de diplômés disposant de qualifications STEM et une formation continue permettant d’acquérir ces qualifications. Le Belgique attire de nombreux travailleurs d’autres pays de l’UE. Soutenir le système européen de certification des compétences proposé par Mario Draghi aiderait les entreprises européennes à attirer des travailleurs étrangers. M. Draghi plaide également pour un « programme d’acquisition des compétences technologiques » qui, par le biais de bourses d’étude et de permis de travail, offrirait des opportunités à des talents provenant de pays situés en-dehors de l’UE. Les interlocuteurs sociaux ont sans conteste la responsabilité de sensibiliser leur base à cette option.
Pour Draghi, la voie à suivre est celle d’une économie neutre en carbone mais nous devons suivre cette voie de manière pragmatique. Les avantages d’une énergie renouvelable moins coûteuse peuvent être restitués aux consommateurs en découplant les prix de l’électricité des prix au comptant sur le marché du gaz. Pour développer plus rapidement l’énergie renouvelable, les procédures d’autorisation doivent être plus courtes. Pour les ‘technologies propres’ d’importance stratégique, nous avons besoin de notre propre capacité de production. Les entreprises belges peuvent jouer un rôle à ce niveau.
Pour financer tous ces objectifs, il faut des moyens publics (européens) plus importants. La Belgique devrait donc se joindre au forum européen pour plaider en faveur d’une nouvelle capacité d’investissement qui permettrait de soutenir des projets d’intérêt général pour l’Europe. En tant que petit Etat membre, la Belgique devrait également soutenir sans réserve le plaidoyer en faveur d’une meilleure coordination européenne afin de se concentrer sur les priorités stratégiques. Le rapport Draghi est en fait un appel à améliorer la collaboration européenne. Cet appel ne peut être ignoré par un petit Etat qui est l’un des membres fondateurs de l’UE.
Une dernière chose : Mario Draghi ne parle pas d’une compétitivité sur le plan des coûts salariaux. Ce n’est pas un problème pour lui car les vrais défis portent sur des prix de l’énergie qui soient abordables, sur la présence de la technologie nécessaire pour atteindre la neutralité carbone, entre autres par le biais de partenariats stratégiques, et sur les efforts accrus à consentir en matière d’innovation car un maximum d’entreprises devraient pouvoir en tirer un bénéfice. M. Draghi ne parle pas des Etats membres individuels mais pour éviter toute ambiguïté, nous tenons à ajouter que cette compétitivité sur le plan des coûts salariaux n’est pas non plus un problème pour la Belgique. Le graphique suivant de la Banque nationale relatif à l’évolution des coûts salariaux par unité produite (une mesure qui tient compte de la productivité) l’illustre parfaitement: