Vos droits
bab449ae-2477-46b3-8fca-27c4c5741bd6
https://www.lacsc.be/vos-droits
true
Actualité
59ea6a04-d5cb-49bb-86bf-262457cb04b8
https://www.lacsc.be/actualite
true
Services
c7cddb17-187f-45c2-a0e2-74c299b8792b
https://www.lacsc.be/services
true
S'affilier
abbb02d8-43dd-44b5-ae75-3cd90f78f043
https://www.lacsc.be/affiliation
true
La CSC
c62ac78b-1aa2-4cb9-a33b-59e6fc085fb4
https://www.lacsc.be/la-csc
true
Contact
7f7bdd4f-c079-401e-a1bf-da73e54f00c2
https://www.lacsc.be/contactez-nous/pagecontact
true
Je m'affilie

Les travailleurs malades ne sont pas un pis-aller budgétaire

Les travailleurs malades ne sont pas un pis-aller budgétaire

Twee kinderen wandelen door het park.

Auteure: Anne Léonard

Décembre 2025

À la fin de ce mois, le gouvernement fédéral votera une batterie de mesures en lien avec les maladies de longue durée. L’encre de ces textes de loi n’était pas encore sèche que le gouvernement annonçait, dans le cadre de l’accord budgétaire, qu’il allait durcir les mesures. 

Le fil rouge de toutes ces mesures est que le gouvernement n’ose pas s’attaquer aux causes structurelles de l’augmentation du nombre de malades de longue durée: allongement de la carrière alors que l’ emploi ou la santé ne le permet pas, augmentation des problèmes de santé résultant d’un travail qui rend malade, absence de reconnaissance de la pénibilité et croissance historique de l’emploi féminin dans des fonctions qui ne sont pas tenables jusqu’à la pension.

Pis-aller budgétaire cyclique

Au lieu de s’attaquer aux causes, et notamment aux raisons pour lesquelles le travail peut rendre malade, le gouvernement se sert des malades de longue durée comme d’un pis-aller budgétaire cyclique. Le gouvernement entend réaliser pas moins de deux milliards des dix milliards d’économie prévus en réduisant le nombre de personnes malades de longue durée. Plutôt que de développer une politique qui garantirait que moins de personnes tombent malades pour une longue durée, il envisage presque exclusivement d’intensifier les contrôles, les sanctions financières et les suppressions d’allocations.

Les textes de loi déjà disponibles prévoient d’augmenter les sanctions financières instaurées par le gouvernement précédent et d’en instaurer de nouvelles, plus lourdes. Le fait de manquer un rendez-vous chez le médecin du travail, par exemple, entraîne la retenue complète de l’indemnité de maladie. Une telle mesure est extrêmement nuisible pour un groupe déjà précaire et impose un rôle de contrôle aux médecins du travail, ce qui remet en cause le soutien qu’ils peuvent apporter aux travailleurs malades.

L’accord budgétaire prévoit notamment un programme supplémentaire de contrôle pour des centaines de milliers de malades et avance froidement des pourcentages quant au nombre d’allocations que le gouvernement entend radier pour atteindre deux milliards. Le gouvernement part aussi du principe qu’un tiers des malades radiés se verront offrir un emploi, sans se soucier réellement de la faisabilité de ces emplois ni du sort des deux tiers restants.

Nous disposons pourtant de décennies d’expérience en termes de recherche et de politique étrangère, qui montrent que cette stratégie ne fonctionne absolument pas. Des sanctions au niveau des allocations n’améliorent pas les chances d’emploi, au contraire. Elles augmentent la distance avec le marché du travail, le risque de pauvreté, les problèmes de santé, la consommation de médicaments et la méfiance envers ceux qui sont sensés apporter un soutien. De tels programmes de contrôle à large échelle, avec la menace de perdre des allocations, ont déjà été testés et ont fait l’objet d’évaluations négatives.

L’échec des recettes étrangères

Ainsi, entre 2010 et 2013, la Grande-Bretagne a recontrôlé un million de personnes malades, dont elle a supprimé les allocations de maladie si elles présentaient un ‘potentiel de travail’. Suite à cette mesure, on a enregistré 290.000 nouveaux malades souffrant de troubles psychiques, une augmentation considérable de la prise d’antidépresseurs et environ 600 suicides. Les malades se sont retrouvé dans un carrousel de systèmes d’allocations, sans augmentation de leurs chances d’emploi. La problématique de l’incapacité de travail est aujourd’hui plus importante en Grande-Bretagne qu’en Belgique.

Les maladies de longue durée constituent un défi sociétal trop important, et le groupe concerné est trop précaire pour permettre à ce gouvernement d’importer de l’étranger des recettes manifestement ratées pour tenter d’atteindre ses objectifs budgétaires.

Grâce à la forte mobilisation syndicale, quelques aspects vicieux de la politique gouvernementale autour des malades de longue durée ont pu être retouchés, comme le fait de ne pas assimiler les périodes de maladie pour la pension. Un changement de cap fondamental s’impose toutefois : c’est au travail qui rend malade qu’il faut s’attaquer, pas aux travailleurs malades.