En marge de la COP29 : la politique climatique belge donne le mauvais exemple.

Auteurs: Ann Vermorgen en Marie-Hélène Ska
05/12/2024
Lors de l’ouverture de la Conférence de Bakou sur le climat, notre pays avait appelé à davantage de coopération internationale et à un renforcement du financement pour le climat. Pourtant, la Belgique ne s’est pas distinguée lors des négociations, que du contraire. Les gouvernements flamand et wallon n’ont rien fait pour que notre pays adopte une position européenne ambitieuse en matière de financement climatique.
La Belgique et les autres pays riches européens partageaient le malaise général quant à l’engagement relatif aux énormes efforts de financement nécessaires. L’Union européenne devait jouer les premiers rôles à Bakou. En effet, Donald Trump a déjà annoncé que les Etats-Unis se retireraient une fois de plus de l’accord pour le climat.
Seize des 27 pays membres de l’Union européenne, dont la Belgique, n’avaient pas encore présenté un nouveau plan climatique ambitieux. La Belgique continue d’octroyer chaque année des milliards de subsides aux carburants fossiles. Mais notre pays rate systématiquement l’occasion de jouer son rôle en Europe et d’user de son influence pour garantir un avenir durable. Les négociateurs fédéraux envisagent même de réduire notre quote-part du financement international pour le climat.
Les objectifs climatiques provisoires repris dans l’actuel plan climatique belge 2025-2030 sont, une fois de plus, un salmigondis incohérent de plans régionaux. Les ambitions ne respectent ni les objectifs UE 2030, ni le jugement dans l’affaire Climat. Les objectifs en matière d’énergie renouvelable et d’utilisation rationnelle de l’énergie restent, eux aussi, clairement inférieurs aux attentes. En outre, la Belgique doit s’attendre à un déficit de 13 Mégatonnes, accumulé jusqu’en 2030. Ce déficit repose encore toujours sur la supposition que la politique actuelle donnera les résultats escomptés. Les nouveaux accords gouvernementaux régionaux ont encore plus fragilisé cette base.
Entre-temps, le temps passe, inexorablement. Désormais, une seule législature nous sépare de l’échéance de 2030, le « moment suprême » pour le réchauffement climatique. Sans compter que l’inaction au plan national conduira à une explosion des prix du carbone : le système d’échange des droits d’émission pour les bâtiments et le transport (ETS2) entre en vigueur en 2027. Si la demande de carburants fossiles ne diminue pas, les prix de ces carburants continueront aussi d’augmenter dans la vie quotidienne. Il en ira de même pour les prix des droits d’émission nationaux, des droits qui permettent aux pays de racheter un éventuel déficit. Voilà une sombre perspective pour le budget belge, qui est déjà confronté à toutes sortes d’économies colossales.
Nous nous faisons donc une fois de plus le porte-voix des appels diffusés parla délégation de la Coalition Climat lors de la Conférence pour le Climat : “Les nouveaux gouvernements de Flandre et de Wallonie doivent prendre des engagements beaucoup plus forts, sous peine de mener, durant les prochaines années, une politique climatique totalement irresponsable. La Belgique dispose encore de trois mois pour présenter un plan énergétique et climatique amélioré. La Commission européenne avait rejeté la version précédente, qu’elle jugeait totalement insuffisante. Nous appelons les différents gouvernements – y compris le futur gouvernement fédéral – à être conscients de l’urgence et à prendre davantage de responsabilités. Qu’ils cessent de distribuer des cadeaux fiscaux aux entreprises belges les plus polluantes et qu’ils présentent une politique climatique qui assure un avenir viable à chaque Belge. Des solutions climatiques concrètes requièrent des moyens publics bien plus importants.”
Pour la CSC, la façon de concrétiser pour la première fois le Fonds social belge pour le Climat, au début de l’an prochain, sera cruciale. Dans le même temps, ce Fonds n’est qu’une ébauche des investissements massifs dans un avenir neutre du point de vue du climat pour l’ensemble de la population, avec une amélioration de la qualité de la vie et des emplois verts et de qualité. Si nous continuons ainsi de traîner en queue du peloton des pays prospères, et si dans le même temps, nous ne prenons pas d’engagements plus contraignants en faveur des pays en voie de développement, les conséquences climatiques deviendront ingérables. Dans ce cas, pour la Belgique aussi, ce sera comme une emplâtre sur une jambe de bois, du point de vue financier comme de celui de la société.
Mesdames et messieurs les ministres belges pour le Climat nouvellement désignés, obtiendrons-nous de meilleurs résultats à Belém en 2025, lors de la prochaine COP?