Les inégalités en Belgique: qu'en est-il aujourd'hui?
Les inégalités en Belgique: qu’en est-il aujourd’hui?
Auteur: Koen Meesters, secrétaire national
Date de parution: 21 janvier 2025
Selon une étude récente de l’OCDE, le niveau total des recettes fiscales en Belgique correspond à 42,6% du PIB, contre 42,4% en 2022. Seuls la France, le Danemark, l’Italie et l’Autriche contribuent davantage à la fiscalité proportionnellement à la taille de l’économie. Le rapport montre aussi que nous sommes plus dépendants de l’imposition sur le travail que des bénéfices des entreprises et que ceux-ci sont donc moins taxés proportionnellement au PIB.
Une étude de la Banque nationale est sortie pratiquement simultanément à celle de l’OCDE. Le patrimoine total net (patrimoine total moins les dettes) des ménages belges s’élevait fin 2022 à 2.800 milliards d’euros, ce qui correspond en moyenne à 555.000 € par ménage. Cela fait de nous l'un des pays les plus riches de la zone euro, selon l'étude. En Belgique, 50 % du patrimoine des ménages est composé de biens immobiliers et 20 % sont des actifs liés à des activités indépendantes, dont plus de la moitié sous forme d'actions. Les autres actifs des ménages belges sont des dépôts (qui représentent 14 % du total des actifs) et une série d'autres instruments, principalement des actions dans des fonds d'investissement.
En ce qui concerne les inégalités, nous obtenons un score moyen par rapport aux autres pays de la zone euro. Certains groupes risquent toutefois de tomber dans la pauvreté. Les données pour la Belgique montrent que les femmes, les jeunes, les personnes faiblement scolarisées, les personnes occupant des emplois peu qualifiés, les familles monoparentales, les mères célibataires, les personnes à faible revenu et les personnes qui ne sont pas propriétaires de leur logement sont, en moyenne, moins prospères que les autres groupes en Belgique. Les personnes qui combinent plusieurs de ces caractéristiques sont les plus vulnérables.
Enfin, le livre « Le paradoxe belge des inégalités » du professeur André Decoster jette un éclairage complètement nouveau sur les inégalités en Belgique, en se basant largement sur les comptes nationaux. Depuis la crise financière, les inégalités de revenus se sont accrues en Belgique, affirment les auteurs. L'augmentation des inégalités trouve son explication au niveau des revenus du patrimoine. Alors que les revenus du travail sont bien visibles dans les analyses standard, le revenu du capital reste largement sous le radar. Les personnes fortunées participent souvent moins aux enquêtes sur les revenus. Cependant, l'utilisation des déclarations fiscales et des comptes nationaux montre que les dix pour cent de Belges les plus riches paient proportionnellement moins d'impôts que les 50 % qui se situent à un niveau inférieur. Et la charge fiscale diminue à mesure que l’on monte dans l’échelle des revenus.
L'ensemble des analyses indique clairement que le montant des impôts est élevé, mais que leur répartition n'est pas égale, avec un poids excessif de l'imposition sur le travail. Une partie des Belges possède beaucoup de richesses et ce sont eux qui sont le plus faiblement imposés à l'heure actuelle. C’est là que l’on peut chercher des recettes supplémentaires, ce qui serait non seulement plus favorable pour le budget, mais aussi pour une allocation plus efficace des ressources. L'étude de Decoster prouve que nous sommes sur la bonne voie lorsque nous nous tournons vers les revenus du patrimoine et les richesses pour financer le tax shift. L'étude de Decoster montre aussi qu’il faut renforcer la transparence en matière de patrimoine. La proposition de la CSC d'instaurer un cadastre de la fortune et un impôt sur la fortune est donc plus que jamais d'actualité.