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Au cours des deux prochaines années, les salaires augmenteront de… 0,00 %

Et la nouvelle norme salariale est... de 0.00%

Auteur: Renaat Hanssens, conseiller au service d'études.

Date de parution: 23 février 2025

Sur la base de la loi sur la norme salariale, le secrétariat du Conseil central de l'économie (CCE) fixe une marge salariale de 0% pour 2025-2026. Après quatre ans de blocage, la loi sur la norme salariale prive aussi les travailleurs de toute perspective de bénéficier des fruits de la croissance économique pour les deux prochaines années.

En raison d’un retard considérable dans la publication officielle des chiffres permettant au Conseil Central de l’Economie (CCE) de calculer la marge maximale disponible pour les augmentations salariales dans l’Accord interprofessionnel (AIP) pour 2025-2026, le CCE avait déjà divulgué cette marge le 3 février, sans le calcul qui permet de l’étayer. Celui-ci est à présent disponible et consultable dans le "Rapport technique".

Les travailleurs ne devaient pas nourrir beaucoup d’espoir. En effet, les pays voisins s’efforcent encore de rattraper leur retard pour ramener les salaires réels au niveau d’avant le pic d’inflation de 2022-2023. Dans notre pays, l’indexation automatique des salaires a permis de le faire beaucoup plus rapidement, et l’ajustement des salaires à l’inflation a donc été plus rapide que chez nos voisins.

Une norme salariale de 0%, est-ce alors logique? Pas si l’on considère l’ensemble du tableau. Comme dans les pays voisins, la part des salaires dans notre pays diminue depuis de nombreuses années : elle est passée de 65 % de la valeur ajoutée en 2013 à à peine 60 % en 2024.

Si les salaires dans les pays voisins évoluent lentement, n’est-il alors pas logique qu’une norme salariale visant à avoir des salaires compétitifs modère également les salaires belges? On pourrait le penser si la comparaison entre la Belgique et ses pays voisins était faite correctement. Ce n’est pas le cas avec la loi sur la norme salariale. Celle-ci stipule que les importantes subventions salariales, qui ne représentent pas moins de 5,1 % de la masse salariale dans notre pays (contre 0,4 % dans nos pays voisins), ne peuvent pas être prises en compte. La loi ne tient pas non plus compte du large éventail d’allègements des cotisations patronales, qui représentent 1,6% de la masse salariale.

Le CCE calcule également comment les salaires belges ont évolué si tous les facteurs ci-dessus sont pris en compte. Si ces subventions salariales (bien réelles) étaient effectivement prises en compte, permettant une comparaison correcte entre pays, le rapport du CCE montre qu’en 2023, nous disposions d’un écart en faveur de la Belgique de 2,4%. En 2024, cet écart devrait être d’au moins 4%. Conclusion: au lieu de ne pas avoir de marge, il existe en réalité une très large marge de négociation sans que nos salaires n’évoluent plus vite que dans nos pays voisins.

Une marge de 0% est également en contradiction avec la réalité du marché du travail, qui connaît un taux de vacance d’emploi sans précédent. Sans le carcan de la loi sur la norme salariale, les secteurs et entreprises les plus rentables pourraient attirer plus facilement des travailleurs avec des salaires plus attractifs, ce qui serait bénéfique pour la productivité dans l’ensemble de l’économie. Avant 2017, une norme salariale indicative permettait à certains secteurs d’avoir des augmentations supérieures à la norme, tandis que d’autres secteurs restaient en dessous. Résultat: les salaires n’augmentaient finalement pas plus rapidement que la norme indicative mais la formation salariale était beaucoup plus souple. De ce fait, les salaires reflétaient mieux la réalité économique des différents secteurs.

En 2023, le Comité des libertés syndicales de l’Organisation internationale du travail (OIT) a déclaré que la loi belge sur la norme salariale constituait une atteinte illicite à la liberté de négociation protégée par la Convention fondamentale n° 98 de l’OIT. Nous attendons toujours une réponse du gouvernement à cette condamnation.