Arizona FAQ staken
Pourquoi une grève de trois jours est une réponse plus que justifiée !
Nous ne faisons pas grève sans raison, mais dans l'intérêt général. Pour une plus grande justice sociale, une protection sociale renforcée et pour l'avenir de notre État-providence.
Le gouvernement Arizona poursuit sa destruction et multiplie les mesures antisociales. Parallèlement, le dialogue social est fortement fragilisé dans divers secteurs. La volonté d'agir se renforce, les actions se multiplient, et bien sûr, la protestation sociale se heurte à une forte opposition. Généralement, ces critiques sont injustifiées ou tout simplement erronées.
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"La grève affecte les mauvaises personnes"
"Ce sont toujours les simples citoyens qui sont les victimes d’une grève". Il y a fort à parier que les faiseurs d’opinion brandiront cet argument le 31 mars. Il s’agit pourtant d’une vision à très court terme.
Les mesures du gouvernement Arizona auront des répercussions profondes sur notre société dans les prochaines décennies. A l’avenir, les jeunes devront travailler plus dur, de manière plus flexible, tout en subissant un gel salarial et une diminution de leur pension. Ces conséquences sont bien plus lourdes que les désagréments potentiels d’une journée de grève. En réalité, ceux qui dénoncent ces perturbations aujourd’hui refusent de voir les conséquences désastreuses à plus long terme des politiques du gouvernement.
"Les entreprises n’ont rien à voir avec cette grève, mais elles en seront affectées". Autre classique du genre. La réalité, c’est que les organisations patronales ont exercé un lobbying intense lors de la formation du gouvernement, et elles ont obtenu gain de cause. Plus de flexibilité, allongement de la carrière, gel des salaires, suppression progressive du RCC et des emplois de fin de carrière, promesse d’une "réforme" de l’index, allègement des cotisations patronales à hauteur d’1,5 milliard d’euros,... Difficile dès lors de prétendre qu’elles n’ont joué aucun rôle dans ces décisions. -
"Faire grève n'a pas de sens"
Les grèves ont permis d’améliorer considérablement notre société au cours des 150 dernières années.
Suffrage universel, journée de huit heures, congés payés, sécurité sociale comme instrument de protection collective,... tous ces acquis ont été rendus possibles grâce à des grèves de grande envergure qui ont suscité autant de critiques et de mépris à l’époque qu’aujourd’hui. En tant que syndicat, notre rôle est d’œuvrer à une société plus juste et solidaire pour tous, en renforçant le cadre collectif. La CSC est très proche des citoyens et connaît bien mieux que les responsables politiques ou les faiseurs d’opinion les difficultés quotidiennes des travailleurs. Nous continuerons à dénoncer ces problèmes. Il ne faut pas s’attendre à des applaudissements nourris dans la sphère politique et chez ceux qui façonnent l’opinion publique, souvent issus de la droite.
Nous ne le faisons pas dans cette optique, nous le faisons pour défendre les citoyens ordinaires.
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"Les syndicats aiment faire grève. C’est la première chose à laquelle ils pensent"
"La concertation sociale quand c’est possible, l’action syndicale quand c’est nécessaire", telle est la devise de la CSC.
Le gouvernement Arizona évoque souvent la concertation sociale dans son accord. Toutefois, elle doit se faire entre partenaires de discussion égaux. Et c’est là que le bât blesse. Les organisations patronales sont très favorables à l’égard du gouvernement Arizona et nous savons tous pourquoi: elles bénéficient largement de la politique de ce gouvernement. Alors, pourquoi devraient-elles organiser des concertations sociales sérieuses avec les syndicats? Elles obtiendront ce qu’elles veulent avec le gouvernement. D’ailleurs, ce gouvernement déclare que si les interlocuteurs sociaux ne parviennent pas à un accord, il tranchera lui-même.
Par exemple, sur une réforme de l’index. Nous savons tous ce que cela implique avec la N-VA et le MR. C’est pourquoi nous devons faire comprendre que les travailleurs méritent également le respect. Si le gouvernement et les organisations patronales réalisent qu’ils ne peuvent pas simplement écraser les travailleurs, nous serons beaucoup plus forts dans les négociations pour adapter les projets du gouvernement. C’est la raison pour laquelle nous devons montrer, le 31 mars, que le gouvernement et les employeurs doivent tenir compte des travailleurs, car ce sont eux qui font tourner ce pays au quotidien. -
"Les pensions sont devenues impayables : il faut agir!"
La capacité à financer les pensions est une question de choix (politiques). Supposons que l’on refuse de prévoir un financement adéquat et que l’on opte pour une solution consistant à allonger la carrière. Il faut alors d’abord s’assurer qu’il est possible de travailler plus longtemps. Le gouvernement Arizona ne prend aucun engagement sur ce point.
Le syndicat a formulé de nombreuses propositions susceptibles de rendre les carrières plus soutenables (réduction générale progressive de la durée du travail, larges possibilités de crédit-temps avec remplacement sur le lieu de travail, utilisation des avancées technologiques pour alléger la charge de travail plutôt qu’augmenter les profits). Si ces questions ne sont pas abordées en priorité, les coûts sont simplement transférés à l’assurance maladie car un plus grand nombre de travailleurs tomberont malades. Dans ce cas, nos droits à la pension sont progressivement démantelés, mais le problème du financement de la sécurité sociale est plus important que jamais.
Quant au prétendu problème de financement... il s’agit en réalité d’un choix de priorités budgétaires. Le gouvernement Michel a accordé des réductions de charges supplémentaires aux entreprises pour un montant de 7 milliards d’euros. Dans l’accord de gouvernement actuel, il a également été décidé à la dernière minute d’accorder 1,5 milliard d’euros de réductions de charges supplémentaires. Ces dépenses vont creuser un tel déficit dans notre système de sécurité sociale qu’elles vont gravement éroder la protection sociale et les pensions. Elles exercent également une pression supplémentaire sur les moyens dédiés aux soins et au bien-être. Le groupe de réflexion Minerva a calculé que les entreprises contribuaient autrefois à hauteur de 34% à la sécurité sociale, alors qu’aujourd'hui, cette contribution n’est plus que de 22% en moyenne. -
"Le syndicat s’oppose aux réformes, alors qu’elles sont nécessaires"
Des réformes sont en effet plus que jamais nécessaires, et en tant que syndicat, nous y sommes pleinement favorables. Cependant, elles doivent garantir aux jeunes travailleurs qui commencent leur carrière une sécurité sociale financée durablement. La meilleure façon d’y arriver est d’assurer un emploi de qualité et soutenable, compatible avec les soins aux proches, le développement personnel et les loisirs, tout en garantissant un salaire brut stable et une cotisation patronale adéquate pour la sécurité sociale.
En tant que syndicat, nous avons toujours soutenu et facilité le changement en négociant des solutions collectives et en les stabilisant au travers des conventions collectives de travail (CCT). Or, la plupart des prétendues réformes du gouvernement Arizona ne constituent pas des progrès et détruisent ce qui est dans l’intérêt collectif. La principale réforme dont ce pays a besoin est une réforme fiscale qui permette aux plus aisés de contribuer équitablement à la société. C’est ce que la CSC revendique depuis des années. Mais ce type de réformes n’intéresse visiblement pas nos dirigeants politiques, bien au contraire. Manifestement, une réforme n’est pas l’autre...
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"Les employeurs n'y sont pour rien, c'est pourquoi il vaut mieux que nous ne fassions pas grève"
Bon nombre des mesures prises par le gouvernement Arizona répondent directement aux attentes des employeurs.
Ces interventions ne résolvent en rien le déficit budgétaire! Prenons à titre d’exemple la baisse systématique des cotisations sociales, les interventions unilatérales dans les compromis négociés en matière de droit du travail, ou encore l’annulation de législations protectrices régissant notre temps de travail.
Au travers d’une grève générale, nous pouvons également exercer des pressions sur les employeurs, dont les positions influencent les choix du gouvernement Arizona. Si les employeurs et leurs organisations plaident en faveur d’un financement stable de la sécurité sociale, soutiennent une législation protectrice du temps de travail et veulent que les accords négociés collectivement soient respectés, le gouvernement sera contraint de revoir la politique qui est proposée aujourd’hui.
La grève est un instrument dont disposent les travailleurs pour garantir une répartition plus équitable des richesses créées par notre économie.
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"Les syndicats font de la politique et ce n’est pas leur rôle"
La CSC n’est pas impliquée dans la politique des partis, mais il est évident qu’elle est en contact avec le monde politique. C’est inévitable, car la politique a un impact considérable sur la vie des travailleurs. Il suffit de penser à la formation des salaires, aux diverses formes de flexibilité, aux pensions,...
Il est d’ailleurs frappant de constater qu’une fois élus et au pouvoir, les responsables politiques prennent des décisions qu’ils n’avaient pas évoquées avant les élections. Or, la démocratie ne se résume pas être autorisé à noircir une case une fois tous les cinq ans, après quoi les responsables politiques ont les coudées franches. La démocratie doit laisser place à une participation permanente, y compris de la part des citoyens ordinaires. La promotion et la défense des intérêts des travailleurs, au travers de discussions et de concertations avec les responsables politiques, constituent une partie importante et constante de notre travail. En exerçant des pressions sur les partis et les responsables politiques, les syndicats cherchent à obtenir des avancées positives en matière de droits du travail, de salaires, de conditions de travail et d’enjeux sociétaux.
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"Le syndicat ne défend que les droits acquis des générations antérieures, et déplace ainsi les problèmes vers les jeunes travailleurs"
Bien au contraire: la CSC cherche des solutions qui garantissent aussi des emplois de qualité pour l’avenir et permettent aux générations futures de se constituer des droits solides en matière de sécurité sociale.
Nous refusons d’être le syndicat du statu quo et des droits acquis. C’est pourquoi nous ne nous contentons pas de mesures transitoires mais nous privilégions une approche résolument tournée vers les générations futures. Nous sommes ouverts à des réformes, mais pas dans un scénario de démantèlement social.
Nous privilégions un scénario qui offre aux travailleurs la perspective d’un bon revenu brut, d’un travail soutenable dans lequel ils ont voix au chapitre sur leur temps de travail, et dans lequel la durabilité et la cohésion sont primordiales. Un modèle de marché du travail et de société où la richesse matérielle que nous créons ensemble est partagée collectivement entre tous les travailleurs, avec un système fiscal équitable dans lequel les épaules les plus larges contribuent en fonction de leurs capacités.
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"Les grèves nuisent à l'économie du pays"
Les grèves ont effectivement un impact économique et constituent par conséquent un outil efficace. Toutefois, leur impact est souvent calculé de manière très simpliste. On divise le produit intérieur brut par le nombre de jours de travail et un jour de grève représente cette fraction du PIB durant laquelle il n’y a pas de production. Ce n’est évidemment pas aussi simple. Selon une analyse de la Banque nationale de Belgique, seule une partie des pertes n’est pas récupérable. Les biens qui ne sont pas produits le jour de la grève sont souvent produits plus tard. Un achat reporté n’est pas toujours un achat annulé.
D’autre part, les grèves produisent des résultats à long terme, exactement comme l’impact négatif des mesures gouvernementales. Si les syndicats obtiennent une augmentation salariale, celle-ci augmente le pouvoir d’achat et stimule l’économie locale. Si les syndicats obtiennent des jours de congés payés supplémentaires, des milliers d’emplois sont créés dans le tourisme. Une meilleure protection sociale réduit les coûts de l’insécurité d’emploi pour la société. A l’inverse, permettre le démantèlement des salaires, des allocations et de la protection peut représenter à terme un coût beaucoup plus élevé pour la société. Les coûts ponctuels d’une grève doivent donc être mis en balance avec les progrès structurels qui résultent d’une grève.
