Communiqué de presse
23/09/2025
Rapport du Comité de monitoring: le déficit budgétaire exige d’agir sur le blocage des salaires

Le nouveau rapport du comité de monitoring indique que la Belgique est confrontée à une trajectoire budgétaire difficile. Le déficit de l’Etat fédérale est égal à 26,5 milliards d’euros. D’ici à 2029, la dernière année de la législature, le déficit s’élèverait à 39 milliards d’euros.
Relever ce défi nécessite une approche qui ose s’attaquer à certains handicaps structurels que le pays s’est lui-même imposés. Le gel des salaires au travers de la loi sur la norme salariale et la limitation de l’indexation automatique privent l’Etat – et par la même la sécurité sociale – de recettes indispensables, concluent la Banque nationale de Belgique et la CSC.
Dans le même temps, les autorités promettent d’accroître le pouvoir d’achat en augmentant les salaires nets par des interventions fiscales pour lesquelles il n’y a pas de marge de manœuvre budgétaire. Une politique qui relève du « tour de passe-passe », intenable sur le plan budgétaire. La solution est pourtant évidente.
Outre l’instauration de négociations salariales libres, il faut d’urgence procéder à un examen critique des dépenses. Les cadeaux fiscaux accordés aux employeurs ne cessent de croître. La Commission européenne, l’OCDE et la Cour des comptes soulignent depuis des années la prolifération des subventions et des avantages fiscaux. Leur suppression progressive permettrait d’économiser des milliards sans affecter le pouvoir d’achat des travailleurs.
Parallèlement, les fuites dans la sécurité sociale continuent de s’accroître avec le développement persistant de la sociétisation, des flexi-jobs, du travail étudiant, du travail des plateformes et, désormais, des heures supplémentaires exonérées de cotisations. Le gouvernement réforme une série de mesures favorables aux entreprises, telles que le revenu définitivement taxé (RDT), mais ce sont des politiques de façade plutôt que de véritables corrections. La réduction de cotisations accordée aux entreprises sur la première embauche coûte 700 millions d’euros sans créer d’emplois supplémentaires.
Il est peut-être bon que les indépendants bénéficient de droits à la pension équivalents à ceux des salariés, mais leurs cotisations sociales restent bloquées à environ 60% de celles des salariés. Le gouvernement affirme aisément que personne ne remet cet écart en question.
Il y a suffisamment de grands chantiers qui pourraient recevoir beaucoup d’attention et qui auraient un impact beaucoup plus important, mais le gouvernement les délaisse. Pour les responsables qui se félicitent de s’être prétendument attaqués aux « vaches sacrées », il existe un autre panthéon fiscal qu’ils ignorent délibérément. Les travailleurs méritent le respect, pas des économies sur leur dos. La donne peut et doit changer : avec des cotisations équitables, une politique de subvention juste et une rémunération correcte.