Les mesures sur les pensions frappent surtout les femmes

Pas moins de 49% des femmes risquent d’être sanctionnées en cas de départ anticipé à la pension. Le rapport annuel de la Commission d’étude sur le vieillissement jette une lumière nouvelle sur les mesures prévues dans l’accord de gouvernement. Les économies drastiques ont un coût social: le taux de remplacement des pensions baisse de plus de 9%, tandis que l’écart de pension entre hommes et femmes dans le régime des travailleurs s’aggrave. Et cela sans même que le Bureau du Plan ait évalué l’impact sur la pauvreté future. La répartition des charges entre les différents régimes n’est pas équitable non plus: les salariés et les fonctionnaires sont les plus touchés, les indépendants échappent largement aux mesures.
Comme chaque année, la Commission d’étude sur le vieillissement évalue les conséquences budgétaires et sociales du vieillissement. Cette fois, une attention particulière a été portée aux mesures figurant dans l’accord de gouvernement fédéral. En termes d’impact budgétaire, l’ampleur des mesures de restriction budgétaire est frappante : à l’horizon 2070, une économie équivalente à 1,8 point de PIB est attendue, soit plus de 10 milliards d’euros en valeur actuelle. L’addition est presque entièrement payée par les salariés et les fonctionnaires: 50 % des économies proviennent du régime des salariés, 45% du régime des fonctionnaires, et à peine 5% du régime des indépendants. Il n’est donc aucunement question d’une répartition juste.
Mais c’est surtout l’impact social qui interpelle. Le taux de remplacement pour les travailleurs baisse de 7,6% d’ici 2040 et même de 9,1% d’ici 2070. Actuellement, la pension légale en Belgique ne représente en moyenne que 48% du dernier salaire perçu. Dans l’Union européenne, ce taux atteint 61 %, ce qui place la Belgique parmi les derniers en matière d’adéquation des pensions. De plus, les travailleurs belges dépendent plus que dans d’autres pays de leur pension légale pour subvenir à leurs besoins.
Autre constante: les mesures ciblent les femmes. L’écart de pension entre hommes et femmes continue de se creuser. Pas moins de 49% des travailleuses risquent, dès l’année prochaine, une pénalité en cas de départ anticipé, car elles ne remplissent pas les nouvelles conditions de carrière strictes que le gouvernement veut imposer. Pour éviter la pénalité, les travailleurs devraient prouver en moyenne 45 années d’occupation à mi-temps. Une telle exigence pénalise les travailleurs et travailleuses qui ont connu des coups durs ou qui ont dû s’occuper de leurs proches au cours de leur carrière.