L'Alliance des résistances contre l'Arizona : Syndicats et société civile unis contre l'austérité et la régression des droits

Bruxelles, le 4 octobre – La CSC Bruxelles a rassemblé un front uni d'organisations sociales et syndicales lors de sa journée « L’Alliance des résistances contre l'Arizona », visant à dénoncer en bloc les politiques antisociales du gouvernement belge.
Des représentants de la Ligue des droits humains, de la CNE, de la Marche Mondiale des Femmes, du CNCD 11.11.11, du MOC Bruxelles, et de l’ACV Voeding en Diensten ont pris la parole pour démontrer que les mesures d'austérité et de régression touchent l'ensemble de la société, en passant des droits fondamentaux à la solidarité internationale.
Pour Philippe Vansnick, Secrétaire fédéral de la CSC Bruxelles, « La démocratie, ce n’est pas aller voter une fois tous les 4, 5 ou 6 ans. C’est une action dynamique, qui rassemble des acteurs de changement, au travers de l’éducation permanente, qui travaillent collectivement à la construction de droits dont l’objectif doit être l’amélioration du bien-être.
Notre objectif est clair : nous devons opposer, à l’action destructive de nos droits par l’Arizona, une "Alliance des résistances" au projet gouvernemental grâce à la convergence des luttes des corps intermédiaires (ndlr : des organisations et institutions qui se situent entre le citoyen et l’État). Raison pour laquelle nous avons invités plusieurs organisations à participer à notre journée de lancement. »
Le détricotage social et la flexibilisation du travail
La CSC a concentré ses critiques sur l'impact économique des réformes. Steve Rosseel, président de la centrale CSC Alimentation et Services a dénoncé une répartition des efforts budgétaires profondément inégale : seuls 11 % des efforts reposeraient sur "les épaules les plus fortes" (les plus riches), tandis que près de 90 % pèseraient sur les travailleurs par l'austérité. L'organisation pointe du doigt la flexibilisation du marché du travail, notamment la suppression de la prime de nuit, l'extension des heures supplémentaires avantageuses fiscalement, ainsi que le développement des flexi-jobs comprenant des mesures qui réduisent le salaire des travailleurs et les recettes de la sécurité sociale au profit des employeurs.
Felipe Van Keirsbilck, Secrétaire général de la CNE, a qualifié l'actuel gouvernement de "gouvernement des riches et des patrons". Il a mis en lumière les améliorations et les résultats obtenus grâce à la lutte (grèves, manifestations, actions,…) à propos des fins de carrières, mais a aussi souligné l'attaque sévère contre les pensions anticipées, notamment par l'application d'un malus pouvant atteindre 5 % par année d'anticipation.
L'Arizona : un danger systémique pour les femmes
L'intervention de la Marche Mondiale des Femmes (via Marcela de la Peña) a insisté sur le caractère genré des politiques gouvernementales, identifiant plusieurs menaces systémiques qui fragilisent l'autonomie économique et sociale des femmes :
- Réforme des Pensions : la réduction drastique des périodes assimilées frappe de plein fouet les carrières féminines, marquées par des responsabilités familiales non rémunérées et des interruptions.
- Réforme du Chômage : le basculement vers le CPAS fragilise l'autonomie financière, sachant que les femmes représentent 62,7 % des cohabitants exclus du chômage après deux ans.
- Malades de Longue Durée : la suppression des crédits-temps coïncide avec l'augmentation des malades de longue durée de plus de 50 ans, un groupe où les femmes sont nettement surreprésentées.
- Dépendance financière et violences : l’accroissement de la dépendance économique augmente le risque de violences conjugales.
Menaces sur les droits fondamentaux et la solidarité internationale
La Ligue des droits humains (via Matthias Sant’Ana) a articulé les menaces de la politique actuelle autour de trois axes :
- Menace interne à la Belgique : le retour envisagé des visites domiciliaires pour les immigrés clandestins par exemple, qui constitue une violation grave du droit à la vie privée.
- Menace internationale/Européenne : la critique ouverte de la Convention des droits de l’homme par Bart De Wever, ou encore l’absence de réaction ferme face au génocide en Palestine.
- Menace indirecte : le détricotage de l'État social, où le gouvernement discrédite la solidarité pour mieux justifier son abandon.
Arnaud Zacharie, Secrétaire général du CNCD 11.11.11, a élargi la critique au niveau global, décrivant l'Arizona comme le "symptôme d'un monde en crise". Il a dénoncé les coupes prévues dans la Coopération belge (un quart du budget d’ici 2029 !), une politique d’asile restrictive et illégale, ainsi qu’un Plan National Énergie-Climat insuffisant.
Le désespoir n’est pas une option : l’appel d’Éléonore Merza Bronstein
Éléonore Merza Bronstein, Secrétaire fédérale du MOC Bruxelles, a rappelé que « le désespoir n’est pas une option ». Pour elle, l’Arizona représente une offensive globale : antisociale, anti-migrants, anti-écologique et anti-démocratique, qui frappe Bruxelles de plein fouet en affaiblissant ses services publics et en précarisant les familles, en particulier les mères seules et les travailleurs à temps partiel.
Elle a dénoncé les cadeaux fiscaux aux très hauts revenus, qui privent la sécurité sociale de dizaines de millions d’euros, tout en aggravant les inégalités. Elle a également mis en garde contre un glissement autoritaire qui criminalise la solidarité et prépare la répression des mouvements sociaux. Enfin, elle a insisté sur la nécessité de construire une alliance éthique et durable, au-delà d’une matinée, pour transformer la colère en action collective.
Conclusion : l’appel à la résistance et au 14 octobre
C'est Mustapha Azzizi, coordinateur de l'équipe Mouvement de la CSC Bruxelles, qui a conclu la journée, résumant l'enjeu : « Le gouvernement Arizona applique une politique brutale, antisociale et autoritaire. Son objectif est clair : démanteler l’État social pour construire un État sécuritaire. »
Il a dénoncé l’hypocrisie budgétaire qui coupe 18 milliards dans la sécurité sociale tout en augmentant le budget militaire de 20 milliards. Et il a lancé un appel à la résistance articulé autour de cinq exigences :
- Défendre la sécurité sociale, notre patrimoine commun.
- Exiger une fiscalité juste, qui fasse payer les grandes fortunes.
- Lutter pour un travail digne et une transition écologique solidaire.
- Accueillir les migrants dans la dignité.
- Défendre nos libertés et notre droit à la contestation.
Toutes ces voix convergent désormais vers un même horizon : le 14 octobre à Bruxelles. La CSC Bruxelles et ses partenaires syndicaux et associatifs appellent à une participation massive à la manifestation nationale.
Le 14 ne doit pas être une simple marche, mais une démonstration de force, une affirmation de notre solidarité et de notre détermination. Ensemble, syndicats et société civile diront haut et fort : nous refusons l’austérité, nous refusons la régression des droits, nous refusons la criminalisation de la contestation.
Parce que, comme l’histoire nous l’enseigne, quand le peuple s’organise, rien ne peut l’arrêter.