Le gouvernement Arizona forme-t-il un rempart efficace à la droitisation ?

Depuis plusieurs années déjà, la CSC Alimentation et Services demande, avec d’autres syndicats et mouvements sociaux, que le 8 mai redevienne un jour férié. Il faut en effet perpétuer le souvenir de la libération de l’Europe et de la victoire sur le nazisme. La montée du racisme et des idées d’extrême droite, en Europe et ailleurs, nous inquiète. Les gens sont de plus en plus dressés les uns contre les autres et les droits des travailleurs sont restreints, ce que les attaques contre les syndicats ne font à leur tour qu’aggraver.
En Belgique, nous n’avons heureusement pas un gouvernement d’extrême droite. Le gouvernement Arizona entend toutefois prendre des mesures qui vont à l’encontre des valeurs d’égalité et de progrès social dont le 8 mai se fait le symbole.
La liberté de négociation salariale, par exemple, ne figure pas dans l’accord de gouvernement. Malgré la condamnation de l’OIT, la norme salariale contraignante reste en vigueur. Les malades et les chômeurs de longue durée sont attaqués. Et les pensions de travailleurs tels que les agents de nettoyage ou ramasseurs de déchets, qui ne peuvent pas travailler jusqu’à 67 ans en raison de la pénibilité de leur métier, sont plafonnées par le malus pension.
La concertation avec les interlocuteurs sociaux figure toujours dans l’accord de gouvernement. Mais comme nous avons récemment pu le constater, les délais sont si courts que tout est déjà décidé avant même qu’un avis soit demandé.
Le droit de grève est lui aussi pris pour cible. Le gouvernement veut poursuivre les syndicats en justice dans le cas d’actions spontanées. Une vague de protestations massive avait entraîné le retrait du projet de loi Van Quickenborne. Aujourd’hui, cette proposition refait surface. Nous savons pourtant combien ce type de lois peut rapidement devenir un instrument de répression contre toute forme de contestation sociale. Ainsi, l’intervention d’huissiers de justice lors des grèves ne repose pas sur des lois visant formellement les syndicats.
Pour toutes ces raisons, nous nous permettons de douter que le gouvernement Arizona puisse constituer un rempart efficace contre la droitisation. Les attaques contre la sécurité sociale feront mal. Le désespoir et l’incertitude des travailleurs et travailleuses qui ne parviennent plus à suivre font le jeu de l’extrême droite. En outre, la marge de manœuvre laissée à une société civile active et critique se réduit de plus en plus. Ce n’est pas sans raison que les syndicats, mais aussi la société civile dans son ensemble, mènent des actions depuis des mois. Et nous n’allons pas nous arrêter là !