Quand le secteur du Non Marchand se mobilise pour déboucher les oreilles des ministres à Namur

CNE - Alan Marchal
Le jeudi 23 janvier 2025, près de 1.000 militants et militantes (personnel de l’Aide à domicile, des Maisons de repos, du Socio-culturel et de l’Aide sociale de la Région wallonne) se sont rassemblé·e·s devant l'Élysette pour interpeller les différents ministres, sourds aux revendications du secteur.
Le 7 novembre 2024, 35.000 travailleurs et travailleuses avaient manifesté à Bruxelles pour exiger des mesures urgentes afin d’enrayer la pénurie des métiers de l’Aide et du Soin, et de garantir des services de qualité, financés selon les besoins de la population, sans marchandisation. En ce début d’année, c’est dans les rues de Namur qu’ils ont fait entendre leur mécontentement.
Les quatre revendications principales étaient:
- Refinancement structurel des fonctions collectives ;
- Renforcement de l’attractivité des métiers et de la tenabilité des carrières, via des Accords Non Marchands ;
- Investissement dans les politiques fonctionnelles, en excluant la marchandisation et en garantissant des services de qualité ;
- Intensification et consolidation de la concertation sociale à tous les niveaux, dans les secteurs public et privé: les travailleuses sont les expertes de terrain!
Nous vous le racontions dans le précédent numéro du "Droit de l’Employé". A la suite de cette mobilisation, les organisations syndicales en front commun avaient adressé un courrier aux différents ministres. Aucun retour, si ce n’est... un post Facebook de la part du Ministre Coppieters!
Manifestation à Namur
En réaction, ce jeudi 23 janvier 2025, près de 1.000 militant·e·s (personnel de l’Aide à domicile, des Maisons de repos, du Socio-culturel et de l’Aide sociale de la Région wallonne) se sont rassemblées devant l'Élysette pour déboucher les oreilles des différents ministres. Finalement, les représentantes des organisations syndicales ont été reçues par le Ministre-Président Dolimont et les ministres Coppieters, Jeholet et Desquennes.
Les échanges furent nourris. Voici ce qu’il en est ressorti après deux heures d’intenses discussions:
- Budget global en augmentation… selon le gouvernement! Cette supposée "augmentation" du budget n’est en fait que l’indexation déjà prévue et ne comporte pas de véritable politique nouvelle. Ce n’est donc en rien une avancée et c’est totalement insuffisant!
- Économies à réaliser: le gouvernement conteste l'accusation de mener une politique d'austérité, mais se dit "responsable". Il réfute toute intention de financer la réduction de dépenses publiques en piochant dans le budget du secteur. C’est pourtant déjà le cas avec la suppression des financements facultatifs, notamment dans les secteurs des Adultes en difficultés ou de l'Insertion socio-professionnelle, mais aussi à travers la non-indexation des APE dans le secteur public.
- Pénurie dans les métiers du Non Marchand: si le gouvernement rejoint nos constats et estime nécessaire d’y travailler sérieusement, rien de concret sur la table.
- Accord Non Marchand: le Ministre a manifesté son intention d'évaluer l'efficacité des mesures de l'accord 2021-2024, avant d’entamer les négociations en 2027 comme l’accord de gouvernement le prévoit. Pas sans les syndicats! Nous rappelons que l’horizon 2027 est bien trop lointain au regard des difficultés rencontrées par le personnel aujourd’hui. Aucune garantie budgétaire ne nous a par ailleurs été donnée.
Lors de cette rencontre, la CNE a réitéré avec force l’urgence d’investir de nouveaux budgets, particulièrement pour un accord social qui concerne tous les secteurs relevant de la Région wallonne, ainsi que pour tous les métiers (de l’éducatrice à l’ouvrière polyvalente, en passant par la secrétaire administrative, l’aide-soignante ou encore l’aide familiale, etc.).
Le Gouvernement wallon semble ne pas avoir pris la réelle mesure de l’ampleur du chantier qu’il faudrait engager.
Restons mobilisées : le combat syndical s'annonce long et difficile, mais nous ne lâcherons rien!