Sans militaires, pas de Défense !

Ces dernières années, notre pays a traversé plusieurs crises. Lors de ces crises, la Défense était toujours prête à intervenir. Qu’il s’agisse du soutien aux maisons de repos et de soins lors de la pandémie de covid-19, du maintien de la sécurité lors de menaces terroristes dans nos rues ou de l’assistance lors de catastrophes naturelles, la Défense s’est tenue prête et a assumé ses responsabilités. Jusqu’à présent, tout s’est toujours bien passé. Toutefois, nous nous demandons quelle est la prochaine étape. Qui viendra à la rescousse des citoyens s’il n’y a insuffisamment de militaires ou si la Défense elle-même a besoin d’aide ?
Les récents développements mondiaux montrent que les investissements dans la Défense ne peuvent plus être reportés. En outre, il faut noter que la Belgique fait toujours partie des mauvais élèves au sein de l’OTAN. Cela montre non seulement le besoin d’investissements dans la Défense, mais aussi l’urgence du renforcement de nos capacités de défense.
Sous la direction de la ministre actuelle, des investissements ont été réalisés : non seulement dans les ressources et le matériel pour la Défense, mais aussi dans nos militaires eux-mêmes. Après trente ans de stagnation, la mise en conformité des rémunérations aux conditions du marché était une étape indispensable pour faire de la Défense un employeur attrayant. De plus, on s’est penché sur des initiatives d’engagement internes et externes. Il s’agit sans doute d’un grand pas en avant. Cependant, de nombreux ajustements et investissements sont encore nécessaires afin de rester attrayant et de surmonter les inconvénients d’un marché du travail compétitif. Il s’agit d’inconvénients souvent méconnus ou qui restent dans l’ombre des quelques avantages qui subsistent.
Abordons quelques inconvénients dont jouissent les militaires :
- Pas de protection du temps de travail
Les militaires peuvent être déployés indéfiniment et peuvent rarement dormir dans leur propre lit. Ils sont donc régulièrement absents de leur domicile pour des missions. Parfois, en fonction de la mission, les militaires ne reçoivent qu’une indemnité forfaitaire. Il ressort d’une étude de la CSC Défense de 2015 qu’une semaine de travail d’un militaire compte, en moyenne, plus de 60 heures. Annuellement, plus de 800 de ces heures ne seraient pas compensées, que ce soit en temps ou en argent.
- Pas de protection en termes de lieu de travail et de tâches
Un militaire n’a pas de lieu de travail permanent et peut être transféré dans une autre caserne à tout moment. Ses tâches professionnelles peuvent également changer soudainement.
- Des obligations exceptionnelles impliquant de possibles conséquences pénales
- La désertion : Les militaires n’ont pas la liberté de démissionner à tout moment. Leur démission doit être demandée et approuvée. Et même si elle a été demandée, la démission peut encore être refusée. Le militaire reste obligé de poursuivre son travail jusqu’à ce que sa démission soit officiellement approuvée.
- L'insubordination : Un ordre légal ne peut être refusé. Cela peut parfois mettre les militaires dans une situation délicate.
- Au péril de sa vie
Un militaire est formé pour pénétrer en territoire ennemi, même au péril de sa vie.
- Privation de liberté
Un militaire peut être déployé à tout moment et il est obligé de rester dans l'unité, de reprendre ou d’exécuter une mission lorsqu’il en reçoit l’ordre.
- Infrastructure
Pendant des décennies, il y a eu très peu d’investissements dans l’infrastructure militaire à cause de coupes budgétaires. Le manque d’investissements a conduit à des conditions déplorables. - ...
Dans notre mémorandum, la CSC Défense a déjà demandé qu’une attention particulière soit accordée aux questions suivantes :
- Moyens pour la Défense
- La recherche d’un statut attrayant et conforme aux conditions du marché :
- Un équilibre acceptable entre la vie professionnelle et la vie privée
- Une sécurité d’emploi
- Le contenu de la fonction
- Un régime de travail flexible
- L’atmosphère de travail et l’environnement social de travail (psychologiquement sûr)
- Travailler dans une situation domicile-travail vivable
- Des rémunérations conformes aux conditions du marché et un traitement correct des heures travaillées
- Des conditions de vie conformes aux normes
- Une concertation sociale solide
Les militaires acceptent-ils les inconvénients du statut, et les nécessités et problèmes mentionnés ci-dessus grâce à un sens profond d’engagement et de loyauté ? Bien qu’au cours des dernières décennies, de nombreux avantages aient diminué et que l’on ne puisse exclure de nouvelles détériorations à l’avenir, il existe actuellement un certain degré d’acceptation. Cela est en grande partie lié aux avantages de fin de carrière qui subsistent (lire : corrections), notamment des avantages relatifs au régime de la retraite bien méritée en termes de timing et de calcul.
Les politiciens conviennent qu’il est nécessaire d'investir dans la Défense. Ils visent à atteindre le plus rapidement possible la norme de 2 % fixée par l’OTAN. Mais sont-ils également prêts à investir dans les militaires eux-mêmes ?
Malheureusement, l’inverse semble être la réalité et nous lisons/entendons d’autres idées de leur part. Les avantages limités accordés aux militaires continueront d’être progressivement supprimés. Cela affecte non seulement les militaires qui ont consacré toute leur carrière à la Défense, mais également ceux et celles qui n’étaient en service que pendant une partie de leur carrière. Auront-ils encore droit à une pension militaire à l’avenir ? Est-ce qu’eux et leurs familles, après avoir servi loyalement pendant des années, seront simplement remerciés et ensuite abandonnés à leur sort ?
La CSC Défense estime qu’à l’heure actuelle, il faut mettre l’accent sur la capacité d’effectuer des missions essentielles et la préparation aux menaces potentielles. Ce n’est pas le moment de toucher aux avantages déjà limités, car cela pourrait compromettre la sécurité de notre pays, de nos compatriotes et de notre démocratie.
La CSC Défense est prête à se mettre autour de la table pour trouver des solutions grâces auxquelles les militaires « voudraient » et « pourraient » travailler plus longtemps sur base volontaire. Au passé, la CSC Défense a déjà proposé le concept de la prolongation volontaire de la carrière militaire. Nous restons convaincus que ce concept peut être une vraie valeur ajoutée pour la Défense. Le concept incitera les politiciens et les états-majors de la Défense à s’engager à remédier aux inconvénients de notre statut pour que plus de militaires puissent rester en service volontairement.