2019-2024, du pacte vert à l’Europe brune pour le premier mandat d'Ursula von der Leyen?
Proposée le 28 juin 2024 pour un second mandat au sein de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a visiblement convaincu ses collègues de la qualité de son travail. Retour sur les cinq premières années de l'Allemande à la tête de l'exécutif européen.
Lorsqu’Ursula von der Leyen devient en 2019 présidente de la Commission européenne, le projet européen est en piteux état. Les présidences précédentes laissent de profondes cicatrices. Les politiques d’austérité très dures imposées par l’Europe ont eu des effets catastrophiques.
Et, pour la première fois, avec le Brexit, un État membre décide de quitter l’UE. Von der Leyen, par ailleurs la première femme à présider la Commission, amène de nouvelles priorités.
Qu’en est-il cinq ans après ?
L’environnement
La principale nouveauté de von der Leyen est l’attention portée à l’écologie. La nouvelle Commission lance un vaste "pacte vert " ("Green deal") et fait adopter une loi climat qui engage l’UE à stopper ses émissions nettes de CO2 d’ici à 2050. L’UE entend donc se détourner des énergies fossiles, généraliser les énergies renouvelables, développer une économie du recyclage ("économie circulaire"), protéger les écosystèmes, réduire ses pollutions. En fin de législature, l’élan de départ est cependant freiné par diverses oppositions, celles de la droite et de l’extrême-droite, des lobbies industriels, d’une partie des agriculteurs... La Commission dilue certaines de ses législations et lève les interdictions sur certaines substances, comme le glyphosate. Ces reculs font craindre que le pacte vert soit vidé de sa substance durant la prochaine législature. Pourtant, la détérioration de l’environnement s’accélère, des catastrophes climatiques aux taux alarmants de PFAS dans les eaux et les sols.
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Le social
Ce rejet par certains de la politique d’environnement s’explique en partie par la faiblesse du volet social du pacte vert. Supposons que les PFAS soient interdits. Que deviendront les travailleurs qui les produisent? Le pacte vert n’apporte pas vraiment de réponse. La Commission von der Leyen a amené quelques avancées sociales, comme un salaire minimum européen, ou un meilleur statut pour les travailleurs des plateformes. Mais c’est très insuffisant. Et lors de la crise énergétique, l’Europe a trop peu protégé les citoyens des hausses de prix, et quasiment pas taxé les surprofits des entreprises de l’énergie et d’autres secteurs. L’Europe protège les multinationales mais pas les citoyens et la Commission von der Leyen n’y a rien changé.
Le pacte migratoire
Dès le départ, on pouvait craindre le pire pour la politique d’asile et les migrants. Le commissaire en charge de ce dossier était officiellement dénommé commissaire "à la protection du mode de vie européen". Le pacte migratoire adopté en 2024 confirme ces craintes. Il met en œuvre une approche encore plus punitive de la politique d’asile, en renforçant les contrôles et en accélérant les procédures de filtrage et d’expulsion des migrants. Cette approche porte atteinte aux droits fondamentaux, y compris de jeunes enfants et de mineurs non accompagnés et mène au développement de filières d’immigration dangereuses et à des milliers de noyés en Méditerranée et ailleurs.
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L’austérité
La présidence von der Leyen a débuté avec le pacte vert. Elle se clôt avec le renforcement des règles budgétaires et de l’austérité. Les deux sont contradictoires, car les règles budgétaires empêcheront les États de financer leur transition écologique. Sans remise en question de ces règles, l’UE n’atteindra pas la neutralité carbone et elle se verra distancer par ses concurrents industriels, les États-Unis et la Chine.
En conclusion
Ursula von der Leyen souhaite redevenir présidente en 2024-2029. Si elle a su faire preuve de leadership face aux crises récentes, du Covid à l’invasion de l’Ukraine, son bilan reste fort discutable. Et son rapprochement récent avec des figures d’extrême-droite, comme la Première ministre italienne Giorgia Meloni, est une rupture. On pensait la Commission européenne immunisée contre l’extrême-droite. Ce n’est plus le cas, et c’est véritablement effrayant.
