Actualité sociale
04/03/2024
Femmes battues / Femmes battantes !

Les coups – parfois jusqu’au féminicide. Le mépris ou l’insulte – parfois jusqu’à la dépression. Les intimidations – parfois jusqu’au viol. Dans la grande majorité des cas, ces violences sont faites aux filles et aux femmes par des (très) proches : mari, collègue, supérieur… Combien de femmes battues baissent la tête, espérant échapper aux coups ?
Même dans notre pays « développé », ces violences brutales restent une réalité , et elles doivent être combattues partout : dans la famille et à l’école (les petits garçons autant que les petites filles ont tout à gagner à apprendre à habiter dans un monde où la violence sur autrui n’est pas acceptée) ; dans l’espace public (et les réseaux sociaux), et évidemment, pour nous comme syndicat, dans l’entreprise. Un peu plus de sécurité et de droits pour les femmes sur leur lieu de travail ; c’est une raison de plus de vouloir qu’il y ait du syndicat partout et, lors des toutes prochaines élections sociales, partout des candidates et candidats.
Mais les violences flagrantes ne doivent pas nous empêcher d’en voir d’autres. Silencieuses et propres : elles ne laissent pas de taches de sang ni d’œil au beurre noir. Les hommes qui les commettent portent de beaux costumes et des cravates du meilleur goût. Ils s’expriment le plus poliment du monde : vous ne les entendrez pas crier « salope » : sans élever la voix, ils diront « austérité », « rigueur budgétaire » ou « compétitivité »… Et, après avoir pris des décisions qui détruiront la santé, la liberté et les droits de centaines de milliers de femmes qu’ils ne rencontreront jamais – hormis peut-être leur femme de ménage – ils rentreront chez leur épouse attentionnée.
Exemple ? Les néolibéraux qui dirigent la Commission européenne et le gouvernement « Vivaldi » veulent imposer près de 5 milliards par an de coupes dans les dépenses publiques et la protection sociale. Pourquoi ? Pour équilibrer les comptes publics sans faire contribuer les grandes fortunes ni les multinationales. Cinq milliards, ça ne vous évoque rien de précis ? Alors illustrons. C’est l’équivalent d’au moins 50.000 emplois dans les crèches, les maisons de repos, l’assistance aux handicapés, les soins à domicile, etc.
Si la Belgique met en œuvre ces coupes budgétaires, qui va empocher la différence ? Les grands actionnaires et les grandes fortunes (presque tous des hommes) qui pourront continuer à accumuler du profit – et même rentabiliser la souffrance en développant des services marchands pour les familles qui pourront encore les payer. Et qui paiera la facture ? Les femmes. Car les vieux, les malades, les bébés ne resteront pas sans soin sous prétexte que madame von der Leyen et monsieur Bouchez ont rêvé d’austérité. Le travail sera fait, le plus souvent par des femmes, après comme avant : la différence étant que ce travail ne sera plus payé, et que la pauvreté explosera, surtout pour les mères qui portent seules leur famille.
Il en va de même chaque fois que le profit des très riches est choisi contre les mécanismes collectifs de solidarité. A la juste colère des agriculteurs (page 3), l’UE donne une réponse catastrophique : encore plus de libre-échange, zéro régulation des prix, moins de protection de la nature. Qui portera le poids des dégâts faits à la santé des enfants par ce système suicidaire ? Monsieur De Croo ? N’ayez crainte, ses enfants auront droit à des aliments de qualité.
A la veille du 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, nous ne perdrons de vue aucune violence : ni les coups, ni les coups bas des agents du capitalisme prédateur. Mais nous voulons célébrer, ensemble avec nos collègues et nos proches, toutes les femmes, de tout âge, qui gardent la tête haute, refusent de se laisser exploiter ou humilier, s’organisent pour se défendre. Elles sont un moteur essentiel pour une société juste ; et elles sont essentielles dans notre syndicat. C’est pour cela que nous appelons, comme chaque année, à la grève féministe internationale ce vendredi 8 mars. Partout en Wallonie et à Bruxelles des rassemblements combattifs ou festifs auront lieu.