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Pourquoi les flexi-jobs sont-ils une fausse bonne idée?

©Shutterstock

Cela fait 8 ans que les flexi-jobs ont été installés dans l’Horeca. Nous avons donc pu voir les effets de cette politique sur le secteur. Ils ne sont pas bons !

Dès le départ, le gouvernement n’a pas écouté les partenaires sociaux de l’Horeca. Ce secteur qui emploie une main d’œuvre intensive avait besoin d’un soutien pour se sortir d’un système qui était basé sur de la fraude fiscale et sociale. En effet, pour survivre, les entreprises déclaraient une partie de leur revenus pour pouvoir payer leurs travailleurs en noir. Le plus souvent, les travailleurs étaient déclarés 25h par semaine et en prestaient 50. Nous étions partisans d’un deal pour l’emploi basé par exemple sur une réduction de charge lorsque les travailleurs étaient déclarés à temps plein. 

Mais le gouvernement a préféré proposer une solution qui est applicable dans un cas particulier : un travailleur déclaré à minimum 4/5ème qui arrondissait ses fins de mois en noir dans l’horeca. Cela ne permettait pas de résoudre le principal problème du secteur : comment déclarer à temps plein des travailleurs à temps partiel qui travaillent en noir sans se ruiner ?

Les syndicats ont ouvertement critiqué ce cadeau. Les employeurs n’ont pas osé. Ils avaient trop peur d’être mal vu par le politique. Ils savaient donc que ce cadeau n’est pas ce qu’ils demandaient. Mais ils l’ont tout de même pris.

Quelles en furent les conséquences ?

Depuis des années, nous œuvrons pour professionnaliser le secteur HoReCa afin de le doter d’entreprises durables qui garantissent un emploi durable. Depuis l’introduction des flexi-jobs, nous constatons que le secteur se déstructure et que l’emploi se précarise. Les flexi-jobs ont induit des pratiques qui nuisent à la qualité de l’emploi :

  • Les emplois fixes qui assurent un secteur stable et durable sont menacés. Il n’y a aucune limite par rapport à l’engagement de travailleurs sous statut flexi-job. Les employeurs peuvent en engager autant qu’ils le souhaitent. Etant donné qu’ils coûtent moins chers. Les employeurs seront donc tentés de diminuer le nombre de travailleurs fixes dans leurs entreprises et d’engager des travailleurs en flexi-job en remplacement. On voit que le nombre de travailleurs fixes diminue doucement. Les extras ont été siphonnés par les flexi-jobs qui ont explosés !
  • La sécurité de l’emploi est mise à mal. Les travailleurs classiques ont un contrat de travail qui indique le nombre d’heure à prester par semaine. Le travailleur en flexi-job preste le nombre d’heures de travail dont l’employeur a besoin. Le travailleur n’a donc aucune garantie de prestation. 
  • Quid en cas de litige ? Un contrat de travail à temps partiel doit être écrit. Le flexi-job est possible via un contrat de travail oral. Comment apporter la preuve de l’engagement et du nombre d’heure à prester dans ces conditions? 
  • La qualité de vie est en danger ! Les travailleurs en flexi-job peuvent être prévenu à la dernière minute de leur engagement. Il n’y a donc aucun respect pour la gestion de leur vie privée.
  • Les efforts du secteur sont anéantis. La classification sectorielle mise en place par les partenaires sociaux est ignorée. Les salaires minimums en vigueur dans le secteur également. Le flexi-salaire n’est pas considéré comme de la rémunération et est inférieur au salaire minimum en vigueur dans le secteur.
  • La sécurité sociale est sous-financée. Des cotisations sociales réduites auront une incidence sur les recettes fiscales de l’Etat. Qui devra encore compenser ce cadeau fait aux employeurs ? C’est encore un coup dur pour la sécurité sociale.
  • Le professionnalisme est menacé. Les travailleurs en flexi-jobs viennent des secteurs suivants :
    • 14% sont pensionnés
    • 12% du commerce
    • 9% de l’enseignement
    • 9% des soins de santé
    • 9% de l’Horeca
    • 9% de l’industrie
    • 9% des services publics
    • etc.
    On voit donc bien que le secteur se remplit de travailleurs qui sont certes motivés mais pas forcément qualifiés. Cela nuit à la professionnalisation du secteur !
Le système des flexi-jobs est une forme d’emploi précaire parmi d’autres (interim, saisonnier, job étudiant, etc) qui met une couche de pression supplémentaire sur les emplois de qualité. Ce système a certes pu améliorer la situation de quelques travailleurs qui prestaient quelques heures en noir. Mais pour le secteur, dans sa globalité, cela ne l’a pas aidé à se structurer, à se professionnaliser et à trouver des travailleurs. De plus, après plusieurs années, les employeurs se rendent bien compte que le flexi-job n’est pas si bon marché que cela. La différence avec les autres formes de travail est surtout basé sur la flexibilité. Les employeurs peuvent conclure des contrats à la demande et c’est le seul avantage qu’ils en tirent. 

Elargir le champs des flexi-jobs à de nouveaux secteurs n’est pas la solution à la pénurie de main d’œuvre et va même à l’encontre des besoins des secteurs et des travailleurs. Le gouvernement est en décalage avec la réalité. Il y a quelques mois, les syndicats et les employeurs des secteurs verts ne voulaient pas des flexi-jobs. Le gouvernement veut à nouveau les réimposer. Permettre aux éplucheurs de pommes de terre de l’industrie alimentaire de prester en flexi-job. Il n’y en a plus car ce sont des machines qui font cela! Les travailleurs qui gèrent ces machines sont qualifiés pour le faire. Les secteurs savent qu’ils ne vont pas pouvoir attirer des travailleurs avec des flexi-jobs. Ce qu’il faut c’est améliorer les salaires et les conditions de travail. Travailler 38h par semaine dans des conditions de travail convenables avec un salaire correct qui permet de vivre dignement est la demande simple et claire des travailleurs. Se tuer à la tâche 50-60h par semaine pour avoir un salaire correct est un retour en arrière qui n’est demandé par personne !

Le gouvernement s’obstine à croire que les flexi-jobs sont la solution à tous les maux. Or, nous savons que les flexi-jobs ne vont pas renflouer les caisses de l’Etat. Par contre ils vont encore déstructurer un peu plus les secteurs et le marché de l’emploi. 

La motivation du gouvernement n’est donc pas financière mais clairement idéologique : qui veut gagner plus doit travailler plus. L’emploi de qualité, durable, qui permet aux travailleurs d’avoir une vie professionnelle en équilibre avec leur vie privée n’est pas une priorité pour le gouvernement. On peut même dire qu’il s’en fout ! Des contrats précaires, flexibles et bons marchés au service du patronat : voilà l’objectif du gouvernement.

La seule éclaircie dans cette politique est la mise à niveau du flexi-salaire au niveau des salaires minimums de chaque secteur concerné, un contrôle plus strict des abus, la possibilité pour les secteurs de refuser ce système ainsi que l’augmentation des cotisations patronales. Mais il nous faut encore voir sous quelles modalités avant de s’en réjouir trop vite.

Toutefois, un gros nuage vient obscurcir cette éclaircie : l’augmentation du flexi-salaire est d’application pour tous les secteurs sauf l’Horeca ! Ceci n’a pas de sens car la moyenne du flexi-salaire dans l’Horeca est de 13,75 EUR pour un ouvrier et de 17,5 EUR pour un employé. Ce lot de consolation n’est donc pas un véritable cadeau pour les employeurs. En effet, les employeurs de l’Horeca ont essayé de convaincre le gouvernement (juste avant le conclave budgétaire) de prendre des mesures de soutien à leur encontre :

  • Abaissement de la TVA de 21% à 12% sur les boissons non-alcoolisées
  • Indexation de la réduction de charges patronales pour les 5 premiers engagements
  • Augmentation du plafond des heures supplémentaires nettes (360h à 450h)
  • Généralisation de la caisse enregistreuse à tout le secteur

Malheureusement, le gouvernement n’y a pas donné suite. Par contre, pour leur faire avaler la pilule, le gouvernement veut probablement les consoler avec un maintien des flexi-jobs en l’état. Ce qui en soi ne leur rendra pas forcément service car les emplois en flexi-jobs dans les autres secteurs seront sans doute mieux payés et donc à choisir, les travailleurs iront plutôt exercer leur flexi-job dans une boulangerie qu’un café.