La représentation des Cadres au cœur d’un long conflit chez Alstom

On est donc en droit de penser que tout va bien dans le meilleur des mondes pour les 1.100 travailleurs de l’entreprise. Si la délégation syndicale a signé récemment de nouvelles avancées au niveau du télétravail ou encore de la Car Policy, elle a connu ces dernières années, une bataille interne liée à la reconnaissance d’une délégation Cadres en son sein. Jean-Marc Dullier, délégué CNE nous explique la problématique.
Comment a commencé cette histoire ?
A l’origine, il existait un groupement des ingénieurs « maison », une sorte de syndicat interne, afin de représenter les cadres, mais il avait été créé par la direction. Parmi les 1.100 travailleurs, il y a quand même 800 cadres chez Alstom. Nous estimions donc que cette catégorie de travailleurs devait avoir sa propre représentation syndicale officielle. Nous avions entendu parler d’une CCT chez Caterpillar qui permettait l’instauration d’une délégation Cadres dans l’entreprise. Cela nous a convaincu de mener notre propre combat pour l’obtenir également.
Cela n’était pas possible chez Alstom ?
La délégation CNE a obtenu un mandat Cadre en CE et un mandat Cadre suppléant en CPPT lors des élections de 2016. Mais nous essuyions une fin de non-recevoir pour ce qui concerne notre demande de mandat en délégation syndicale. Nous avons donc choisi de ne pas en rester là.
Quelle voie avez-vous empruntée ?
Nous n’avons pas vraiment eu le choix. Nous avons utilisé la voie de la justice. Dès 2017, la requête a été lancée. Le groupement des Cadres « maison » souhaitait alors se faire reconnaître comme syndicat. Nous avons été déboutés lors du 1er jugement. Nous sommes restés convaincus que nous avions raison et que nous étions pourtant dans notre droit. Nous avons donc interjeté appel de cette décision. Après 2 ans, nous avons enfin gagné celui-ci. Le verdict a été rendu en janvier 2020 exactement, ce mouvement n’a pas été reconnu comme un syndicat. Le jugement indique clairement qu’il existe 3 syndicats CSC, FGTB et CGSLB et que ce groupement « maison » n’en fait pas partie. Nous avons donc créé dans la foulée la délégation syndicale Cadres chez Alstom. En réalité, cela n’a pas été aussi simple, mais je vous épargne les étapes durant lesquels nous avons dû faire venir des huissiers pour faire appliquer le jugement. Vous avez également vécu d’autres batailles, notamment concernant le secrétariat du CE.
En effet, lorsque la secrétaire du CE a démissionné dans le 1er semestre de 2022, nous devions élire un nouveau secrétaire pour ce poste essentiel. Or, le Règlement d’Ordre Intérieur (qui n’avait pas été adapté depuis l’instauration de la délégation Cadres) prévoyait que ce poste devait revenir à un représentant du groupement jeunes-ouvriers-employés. Il a là aussi fallu batailler pour trouver un accord pour qu’un cadre puisse exercer cette fonction. Chacun avait une proposition différente, mais après quelques mois, mes pairs m’ont élu. Encore une reconnaissance donc pour la représentation des Cadres au sein d’Alstom.
Propos recueillis par Florence Boisart