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Le Lion est mort

J.B

Crédit photos : J.B.

 

Delhaize vend tout et vend bien. Des fruits et légumes, du poisson et du chocolat, des magasins et des humains… Pour complaire aux actionnaires qui se gavent de milliards, le boss du groupe (qui gagne plus de 2.000€ de l’heure) a décidé de vendre ses 128 magasins… avec les 9.000 personnes qui y travaillent. Les vendre à qui ? A qui les voudra. Delhaize restera propriétaire des bâtiments, de la marque, de la centrale d’achat - bref de tout ce qui donne un énorme pouvoir à une enseigne de la grande distribution.

La communication de Delhaize était bien préparée. Pour les clients, ce sera super : ouverture le dimanche, le soir, etc. Et pour le personnel, « ça ne changera rien ».

La direction de Delhaize sait qu’elle ment. Elle sait que le personnel vendu ne sera pas réellement protégé contre le licenciement. Elle refuse d’ailleurs de prendre le moindre engagement pour l’avenir. Elle sait aussi que les conditions de travail risquent fort de se dégrader brutalement : hyper flexibilité, travail tard le soir, le dimanche, etc. Ils savent aussi que la franchise est à peine rentable, puisqu’ils organisent eux-mêmes ce piège : ils fixent le loyer, le prix d’achat, le prix de vente, les promotions… Le franchisé est totalement dépendant, et Delhaize lui laissera à peine de quoi survivre. Il y a pourtant des franchisés qui gagnent beaucoup d’argent ? Oui. Comme celui du centre de Bruxelles fermé récemment suite à une inspection : une bonne partie du personnel y travaillait en noir. Ou comme cet AD Delhaize qui affiche fièrement en devanture « ouvert toute la journée, 7 jours sur 7 » … Ce qui est illégal. Ou comme tel autre où les bouchers sont déclarés 30 heures et en prestent 60, pour moitié en black. En vrai, la recette de la franchise est simple : Delhaize prend tout le bénéfice réalisable dans des conditions légales. Et il ne reste au franchisé, s’il veut s’enrichir, qu’à jouer avec la santé de ses travailleurs. Et les limites de la loi. Ou à les violer franchement, puisque plus personne ne sera là pour le voir ou pour contrôler. Mais Delhaize ne sera plus responsable de rien : techniquement, cela s’appelle : capter la rente. Une activité que les mafias de tout poil affectionnent.

Les patrons du Commerce écrivent « dans ce conflit, les syndicats cherchent surtout à conserver des délégués ». Ils croient nous insulter, ils nous honorent. Oui, nous voulons des délégué-es, partout. Oui, le personnel de Delhaize a confiance en ces collègues élu-es pour les protéger et les organiser. Oui cela change tout, un magasin avec des délégués. Davantage de droits, de salaires, de sécurité, de respect humain. Car ni les lois, ni les promesses des capitalistes, n’ont jamais protégé personne… s’il n’y a pas les moyens de les faire respecter. Le seul moyen de garantir les droits, c’est de permettre à tous les collègues de Delhaize (et d’ailleurs) de se défendre ensemble contre les abus. C’est en cela que la suppression du syndicalisme dans les magasins est bien l’objectif principal de Delhaize.

C’est pourquoi notre position est claire : la franchise, c’est NON. Il ne s’agit de rien d’autre que de l’organisation du dumping social, d’une sorte de « délocalisation sur place ». Tout en appartenant de facto à une multinationale, les Delhaize franchisés seraient mis sur un pied d’égalité avec les petits magasins vraiment indépendants (votre boulanger, votre épicier du coin de la rue…). Ça doit changer : nous devons imposer une concurrence loyale, qui ne se fasse pas sur le dos des travailleurs !

La vente de ces 128 magasins ferait peser une menace sur tout le secteur: le transformer en jungle. Une jungle (terrible jungle…) où les petits patrons honnêtes seront asphyxiés par une concurrence dégoûtante ; où les mafieux seront encouragés, et où la défense de nos droits sera impossible.

Comment la petite épicerie créée à Ransart il y a 155 ans est-elle devenue un géant mondial avec des milliers de millions d’euros de capital ? En accumulant, année après année, des profits. Mais qui a produit ces profits ? Les travailleuses et travailleurs ! Les aïeux et aïeules de celles et ceux qui sont aujourd’hui vendu-es. Cela ne peut plus durer. Les entreprises n’appartiennent pas aux actionnaires. Elles ne peuvent pas être à vendre, ni elles ni leur personnel. Parce que nous ne sommes pas des marchandises !

 

Felipe Van Keirsbilck
Secrétaire général