Mestdagh : 2000 travailleurs sur la sellette, leur avenir ?

Ce 18 octobre, une délégation des travailleurs Mestdagh ira déposer une gerbe de fleurs devant le dépôt d’Intermarché de Villers-le-bouillet. 

Ironie du sort, le dépôt d’Intermarché est situé  « rue de l’avenir »….justement leur avenir les travailleurs de Mestdagh aimeraient bien le connaitre. C’est leur droit !

Il y a plus de 10 mois, l’entreprise Mestdagh a annoncé rompre son contrat de Master franchise avec Carrefour. Quelques semaines plus tard, Mestdagh annonçait revendre la totalité des activités magasins et dépôt à Intermarché et conclure une nouvelle Master franchise avec Intermarché. En pratique, les sociétés continuent d’exister, seul l’actionnariat change. C’est la chanson douce et rassurante sans cesse débitée par l’encadrement Mestdagh

Pour les magasins franchisés « Carrefour By Mestdagh », pas grand-chose ne devrait changer, à part l’enseigne. Pour les travailleurs Mestdagh, magasins intégrés, on parle de 2000 travailleurs, l’air risque d’être différent.

Un petit retour sur l’histoire s’impose : 2018, restructuration d’ampleur chez Mestdagh. Peu de temps avant celle-ci les frères Mestdagh, Eric et John avaient soigneusement abandonné le navire déjà à la dérive. 

L’actionnariat restait familial mais l’opérationnel était confié à un « nettoyeur » sensé ramener l’entreprise à meilleure fortune. Pour rappel, ces deux individus ont été élus manager de l’année en 2010 après la reprise de la master franchise Carrefour et la reprise de 16 magasins sur la Wallonie et Bruxelles. En vérité, 10 ans après, nous pouvons apprécier à leur juste valeur leurs dons de manager ! Le bateau coule et l’orchestre continue de jouer. Tel le Titanic.

4 ans plus tard, les frères Mestdagh, pour mieux revendre l’entreprise dans un second temps, ont d’abord racheté toutes les parts de la société et essaient d’évincer le groupe Carrefour qui possédait encore 25% des parts. 

9 mois après l’annonce de l’opération Intermarché, les Mousquetaires sont toujours aux abonnés absents ! 

La bonne affaire pour Intermarché, avec cette opération de rachat et de Master franchise, le groupe double ses surfaces de vente sur le territoire Wallonie-Bruxelles (et 2 magasins en Flandre).

« Circulez, nous n’avons rien à vous dire », c’est en substance ce que nous serine le nouveau CEO d’Intermarché Belgique, Guillaume Beuscart, qui n’est pas un inconnu puisqu’il s’agit de l’ex « Nettoyeur » Mestdagh pendant la restructuration. 

Coté Mestdagh et coté Intermarché : un discours commun, nous ne dirons rien avant que les autorités de la concurrence (ABC) n’aient statué. Belle excuse. Selon toute vraisemblance, cet avis de l’ABC devrait intervenir autour du 10/11/22. Attendre toujours attendre, entre-temps réussir les fêtes. Tel l’orchestre du Titanic jouer jusqu’à la fin.

Entre-temps pour les travailleurs, aucun avenir certain. Intermarché est connu pour être un franchiseur, aucun magasin intégré dans leur parc et aucune volonté de se lancer dans l’aventure de magasins intégrés. Intermarché, ce sont des magasins avec quelques travailleurs fixes et des étudiants à outrance. Ils n’ont pas besoin de 2.000 travailleurs.

Les questions des travailleurs sont légitimes, des dossiers comme celui de Makro augmentent le stress et les questions : qu’allons-nous devenir au 01/01/23 ?  Serons-nous repris, avec quelles conditions de travail, dans quelle commission paritaire ? Une faillite est-elle possible ? Une PRJ ? 

Quelle ingénierie va permettre à Intermarché de se séparer du personnel Mestdagh excédentaire à bon marché ? A toutes ces questions, la seule réponse :  le mutisme de Mestdagh et d’Intermarché.

2.000 familles, une des plus grandes entreprises wallonnes laisse ses travailleurs sans nouvelle. Il y a 10 ans, les frères Mestdagh étaient titrés comme les managers de l’année, la fierté de la Wallonie. Entre-temps, ils ont désertés leur poste, revendu leurs actions et les travailleurs sont dans la m….et le désarroi depuis des mois. 

Ce 18 octobre, symboliquement, nous irons d’Intermarché au siège de Mestdagh afin d’espérer recueillir des engagements  pour l’avenir.