LGBT+: les discriminations existent encore au travail

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L’homophobie et la transphobie constituent une atteinte au droit et à la dignité des travailleurs et des travailleuses. Malgré une législation protectrice, des discriminations sont encore le lot des LGBT+ sur leur lieu de travail. Focus sur la situation des personnes transgenres.
En démocratie, chacun devrait être libre de vivre sereinement son orientation sexuelle. Pourtant, de nombreuses personnes LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, queers, intersexes et asexuelles) doivent encore cacher leur préférence sexuelle ou leur identité de genre par peur des réactions négatives de leur famille et amis, ou des éventuelles conséquences préjudiciables sur leur lieu de travail.
«Il y a des discriminations très importantes à l’embauche, explique Max Nisol, membre fondateur de l’association Genres Pluriels. Nombre de situations proviennent du fait que beaucoup d’employeurs ne sont pas bien informés. Ils rechignent de ce fait à engager des personnes transgenres, surtout des personnes qui se féminisent. Cela aboutit à une double discrimination: être trans* et être considéré en tant que femme, avec les discriminations sexistes que cela peut supposer. Ces employeurs refusent l’engagement ou prétendent avoir trouvé quelqu’un d’autre.»
L’impact du mégenrage
Mais les discriminations à l’encontre des LGBT+ ne s’arrêtent pas aux portes des bureaux et des usines. «L'homophobie au travail n'est pas assez prise au sérieux» constatait Patrick Charlier, directeur d’Unia, au vu du nombre record de dossiers ouverts dans son institution en 2019. Insultes ou «blagues» douteuses, refus d’avancement, déni de droits, exclusion des cercles de sociabilité et/ou des structures d’autorité et de pouvoir, refus d’aménagements raisonnables, pour les douches et les vestiaires, licenciements…
Le mégenrage, c’est-à-dire le non-respect du genre de la personne en utilisant le «il» alors qu’elle souhaite être «elle», ou inversement, constitue une des formes de discrimination qui touche les personnes trans*. Le refus, par exemple, de modifier le prénom sans changer le genre sur la fiche de paie constitue une autre forme de discrimination à laquelle sont parfois confrontées les personnes trans*.
Exprimer ses limites
«Le harcèlement commence dès que la personne se sent mal par rapport à des propos, des remarques, explique Malika Borbouse, coordinatrice nationale du service Diversité de la CSC. Si, malgré les demandes, les personnes ne s’arrêtent pas et ne respectent pas les limites, on entre clairement dans du harcèlement. Mais tout le monde n’ose pas exprimer ses limites… Les personnes qui subissent ce genre d’humiliation hésitent à témoigner sur ce qu’elles ont vécu.»
Heureusement, le droit du travail belge, un des plus protecteurs pour les personnes LGBT+, permet, selon le membre fondateur de Genres Pluriels, «de s’appuyer sur [lui] concernant les discriminations transphobes. Il y a un encadrement et une structure extrêmement précis.»
Outiller les délégations syndicales
La première chose à faire pour une personne qui subit une discrimination ou un harcèlement sur base de son orientation sexuelle ou de genre, c’est de la signaler, au niveau de l’entreprise, à la personne de confiance ou au conseiller en prévention psycho-sociale. Les délégués syndicaux ont également un rôle d’écoute et de soutien à jouer. «Ils doivent être outillés pour lutter contre les stéréotypes et les discriminations, pour combattre l’homophobie, la transphobie, l’hostilité, le rejet…» explique Malika. «La CSC défend tous les travailleurs et travailleuses».