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Marie Peltier - Celle qui ne veut pas être une victime

Marie Peltier est historienne, essayiste, spécialiste de la propagande en Syrie et du complotisme. Elle intervient fréquemment dans les médias et a été à plusieurs reprises victime de harcèlement. 


Le harcèlement est un moyen de rassoir un rapport de domination et, forcément ça touche les femmes de manière toute particulière, nous dit-elle. Les femmes, mais aussi les autres minorités, sachant que, politiquement, je considère les femmes comme étant une minorité. Le harcèlement concerne souvent celles qui ont une certaine visibilité, celles qui prennent leur place dans l’espace public. Cela peut être de la visibilité à petite échelle, dans le monde associatif, par exemple. C'est évidemment largement inconscient mais beaucoup d'hommes ne supportent pas encore ça ; c’est encore une chasse gardée. Et le harcèlement est un moyen de punir et de faire taire les femmes.  

A la suite d’un épisode de harcèlement de rue que j’ai subi, le propos majoritaire des mecs qui me harcelaient sur les réseaux sociaux était de me dire que, de toute façon, j'étais trop moche pour me faire harceler. C'est l'argument totalement machiste ; c’est une stratégie d'humiliation par le physique. C'est vraiment arrimé à la vieille haine machiste et à la question de la possession de nos corps par les hommes qui considèrent que ce sont eux les juges ; et même plus, que ce sont eux qui possèdent nos corps. 


Not all men ? Si ! 

Beaucoup de femmes – et c'est normal, on a été élevées comme ça, on a intégré l’importance d’être nuancées – disent non non, tous les hommes ne sont pas comme ça. Moi je pense qu'il faut dire : si, tous les hommes sont comme ça. Pas dans le sens où tous les hommes sont des connards, ce n'est pas ça l'idée, mais dans le sens où il faut remettre une lecture politique, et se rendre compte que c'est une logique de domination machiste, sexiste, et qu’elle existe absolument dans tous les milieux. Toutes les femmes le savent.  

J'ai vu beaucoup d’hommes, et c’est un truc classique, faire semblant de prendre ma défense et en profiter pour se la jouer grand chevalier blanc qui défend les femmes. Et du coup, ne surtout pas questionner leur propre posture et leur propre participation à des logiques machistes. C'est tellement facile pour eux de se la jouer le père parfait, le père qui va chercher ses enfants à l'école. En quoi devraient-ils avoir de la validation pour ça alors que les femmes le font tous les jours sans jamais en recevoir ? Je crois que tous les hommes sont touchés par ces logiques, à des degrés divers. C'est un problème global et massif. Il y a vraiment, dans le discours féministe, un point d’attention à avoir – et d'ailleurs la plupart des groupes féministes sont conscients de ça – c'est qu’on nous a éduquées à être polies, policées, et c’est encore, pour moi, une leçon du patriarcat. C'est tellement révélateur cette position, soit du bourreau, soit du sauveur, mais dans les deux cas, nous, les femmes, sommes la victime à protéger. En tant que féministe, je ne veux pas être une victime, je veux m'émanciper moi-même. 


Ne rien laisser passer 

Quand les femmes vivent des micro-humiliations à répétition, quand elles ne supportent plus d'être sauvées par des pseudos héros masculins, il faut le dire. Il faut occuper l'espace au niveau de la parole. Évidemment, dans le machisme ambiant, on va toujours passer pour des chieuses ou des hystériques. Ce n'est pas de la pédagogie, c'est de l’exposition, de la verbalisation de ces comportements. Vous savez, on ne change jamais notre comportement s’il n’y a pas un rapport de force qui nous oblige à le faire, ça j'en suis persuadée. D'ailleurs les syndicats le savent bien. 

Propos recueillis par Linda Léonard