13/12/2021
Des salaires justes pour les travailleurs des ONG !

La COP26 à Glasgow a une fois de plus mis en lumière l’importance des ONG dans la défense des valeurs démocratiques et progressistes, notamment en matière de justice climatique. Les travailleurs de ces ONG déploient sans relâche un plaidoyer relayant les préoccupations sociales du terrain, face aux décideurs économiques et politiques. Pourtant, vous pouvez travailler 15 ans dans la même association sans que votre salaire n’augmente d’un euro.
En tant que siège de nombreuses institutions internationales, Bruxelles concentre bon nombre de ces travailleurs. A côté du secteur des Ambassades et de celui des Écoles européennes, la CNE représente ce personnel dans la commission paritaire du Non Marchand (CP 337), celle qui couvre les associations qui ne sont pas reprises dans une autre CP du Non Marchand.
Dans ce secteur de la « Société civile », vous pouvez travailler 15 ans dans la même association sans que votre salaire n’augmente. L’absence de barème dans le secteur entraîne des situations précaires, arbitraires, et rend difficile pour ces travailleurs la possibilité de se projeter.
FairCSO, un collectif de travailleurs du secteur des ONG qui s’organise depuis quelques années pour faire connaître et respecter leurs droits au travail, a lancé en 2020 une pétition afin d’obtenir une échelle barémique obligatoire pour ce secteur. La CNE et l’ACV Puls, suivie par le front commun syndical, soutiennent cette initiative.
Des réalités précaires
Un sondage réalisé en 2018 par FairCSO auprès de plus d’une centaine de travailleurs du secteur des ONG a révélé que 20% d’entre eux étaient payés en-dessous de 2.000€ bruts pour un diplôme universitaire et entre 3 et 5 ans d’expériences. Plus de 60% des travailleurs sondés considèrent leur salaire comme inadéquat par rapport à la fonction exercée. La plupart des travailleurs de ces ONG et associations humanitaires se retrouvent donc dans des situations instables alors qu’ils ont déjà des conditions de travail difficiles. Plus de 50% déclarent avoir déjà eu des troubles du sommeil ou de l’anxiété à cause de leur travail.
Ces institutions dépendent pour la plupart des commissions paritaires 329.03 et 337 qui ne prévoient pas de barèmes. Ceci laisse la possibilité à chaque employeur de décider arbitrairement le montant et l’évolution éventuelle des salaires, tant qu’ils ne descendent pas en-dessous du salaire minimum belge, qui se situe aux environs de 1.600€ bruts par mois. Ceci a pour conséquence un manque total de transparence sur la façon dont les salaires sont déterminés et entraîne des inégalités au sein même des institutions, particulièrement entre hommes et femmes.
S’ils viennent du monde entier pour travailler à Bruxelles dans les ONG internationales, ils n’en restent pas moins des travailleurs comme les autres, ayant droit à des conditions de travail et des rémunérations dignes, négociées collectivement.
Les travailleurs s’organisent
Est-ce légal ? Pour l'instant. Est-ce juste ? Non. C’est pourquoi le collectif FairCSO, avec l’appui des syndicats, a déposé l’année dernière sa pétition aux présidents des deux commissions paritaires, réclamant des barèmes obligatoires pour tous les travailleurs de la société civile.
Les négociations avec le banc patronal ont démarré en juin dernier, sans résultat significatif à ce stade. D’ores et déjà, des actions symboliques sont annoncées pour la Saint Nicolas, car les travailleurs veulent plus que du chocolat pour cette fin d’année ! Ce qu’ils apportent à la société justifie pleinement qu’ils disposent de conditions salariales comparables au reste du secteur Non Marchand.
Sarah Devigne