Faillite et réapparition de Pimkie en Belgique : les tours de passe-passe de la famille Mulliez

Ce vendredi, travailleurs et syndicats se rendront au siège de la société Pimkie pour dénoncer un montage scandaleux qui a laissé sur le carreau 136 travailleurs. En effet, après avoir déclaré en faillite sa filiale belge, la société Belsay n’a pas payé le dernier mois de salaire, ni les indemnités de rupture. Quelques mois plus tard, Pimkie ouvrait un nouveau magasin à La Panne. Cette faillite frauduleuse est inadmissible ; nous agissons pour que les victimes soient dédommagés.
Le 29 mars dernier, la société Belsay – qui distribue la marque de vêtements Pimkie en Belgique – convoquait un conseil d’entreprise extraordinaire. Celui-ci était organisé par simple réunion téléphonique. La directrice de Belsay n’y a pas pris la parole, préférant la céder au représentant de Diramode, la société mère propriétaire de la marque. Pourtant, lors de ce conseil, a été annoncé un aveu de faillite imminent. Le lendemain, le tribunal de Tournai actait la faillite. Les salaires de mars et les indemnités de rupture pour les 136 travailleurs concernés ne seront jamais payés par Belsay. L’ardoise sociale sera laissée à la collectivité.
Fin juin, un nouveau magasin Pimkie ouvrait à La Panne. A la même adresse que l’ancien. Avec l’enseigne, le mobilier, les mannequins et les caisses restés en l’état depuis la faillite…
Les indices d’une faillite frauduleuse « légale » ?
Les chiffres et comptes de la société Belsay présentés précédemment au conseil d’entreprise ne laissaient présager en rien d’une faillite imminente. La raison principale invoquée était la décision de Diramode de suspendre le mécanisme de garantie de marge des filiales pour l’exercice 2020 pour cause de… covid. Autrement dit, la maison mère décidait de se délester aux frais du contribuable de la branche belge dont elle était administratrice.
La société belge derrière la réouverture à la Panne, dénommée Pimk (aux capitaux propres de départ de 5.000 €…) est administrée par un certain Frédéric Mulliez. Ce nom de famille est bien connu dans le monde du commerce. L’AFM (association familiale Mulliez) est propriétaire entre autres de Pimkie, d’Auchan, Kiabi, Decathlon… dont le patrimoine est estimé en 2021 à 24 milliards €.
Le service presse de Pimkie assurait fin août qu’il n’y avait pas d’autres ouvertures programmées par la société Pimk. Pourtant, d’autres magasins semblent, comme à La Panne, n’attendre plus que les vêtements sur les tringles. Les magasins, dont Belsay n’étaient pas propriétaires (Waterloo, Louvain-la-Neuve, Namur, Chatelineau, La Louvière…) sont depuis la faillite restés étrangement libres sur le marché locatif. Nous ne doutons malheureusement pas de la capacité de Diramode à monter des sociétés belges à sa solde pour rependre ces magasins vides.
Autre élément perturbant, des ex-travailleuses de Belsay ont été appelées pour reprendre du service à La Panne. On se demande comment, en dépit de toutes les règles sur la protection des données, Pimk ou Diramode est en possession du listing des travailleuses de Belsay. De la même manière, on s’interroge sur le fait que l’ancienne carte de fidélité du temps de Belsay soit toujours valable chez Pimk. Sans parler de ce que nous avions déjà relevé lors de la faillite : le retour de marchandises à la maison mère et un relevé des caisses quelques jours avant la faillite…
15/10 : action des travailleuses pour rapporter l’ardoise sociale à son expéditeur
Parce que nous pensons que ces pratiques frauduleuses doivent cesser, parce que collectiviser les pertes tout en privatisant les bénéfices est immoral, parce que les entreprises de la famille Mulliez doivent assumer leur rôle social, la CNE et la CGSLB ont décidé de mener une action symbolique le 15 octobre à partir de 13h. Nous partirons en car jusqu’au siège de la société Pimk. Avec d’autres employés d’enseignes de la galaxie Mulliez et des collègues syndicalistes français, les ex-travailleuses de Pimkie rapporteront l’ardoise sociale belge à son responsable français. Cette ardoise, on peut l’estimer à 3.400.000€, c’est-à-dire 136 fois le plafond de 25.000€ brut d’intervention du fond de fermeture des entreprises. Pour la plupart des travailleuses, cette intervention est bien inférieure aux arriérés que leur devait Pimkie : salaire de mars, congés payés, indemnités de rupture,…