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Mobilité et transition juste: Comment réduire les inégalités de genre

©Shutterstock

Qui parmi les décideurs.euses est conscient que les hommes et les femmes se déplacent différemment? Ce n’est pourtant pas anodin lorsqu’on décide d'infrastructures, de tarification, d’aménagements, d'horaires, d’emplacement de parkings, d’équipements liés à l'usage du vélo, …

Plus personne ne conteste la place importante qu'occupe la mobilité dans une transition vers une économie sobre en carbone. Il s’agit en effet du seul grand secteur économique en Europe dont les émissions de gaz à effet de serre continuent à augmenter.

L’impact du transport sur l’environnement n'est pas uniquement une question d' émissions de CO2, ce sont aussi les particules fines, le bruit, notre dépendance au pétrole,..

Quelle transition?

La faible amélioration due à la technologie (voitures électriques, moteurs moins polluants) est largement compensée par l’augmentation du nombre de déplacements,  de véhicules et des distances effectuées. Cette évolution ne permet pas aujourd'hui d'envisager de mettre un terme à notre dépendance aux combustibles fossiles ni à l'impact sur l'environnement.

La mobilité, c'est aussi un énorme coût en terme de budget des ménages. Troisième poste budgétaire pour la plupart d'entre nous, il peut atteindre la deuxième place dans nos dépenses mensuelles quand on habite en milieu rural, par exemple. Accidents, embouteillages et infrastructures routières représentent également un énorme coût collectif.

Miser sur une meilleure offre de transport public est nécessaire pour assurer une décarbonisation de nos modes de transport. Des investissements importants doivent être consentis pour augmenter la fréquence, le confort et la desserte mais il faut aussi anticiper de nouvelles réalités. Comment par exemple adapter le transport public aux besoins d'une population vieillissante? Ou dans un autre domaine, comment adapter nos infrastructures ferroviaires pour qu’elles soient prêtes à supporter tempêtes ou  inondations ?

Toutes ces questions de transition touchent au cœur de l'action syndicale, c'est pourquoi la CSC place la mobilité au rang de ses préoccupations importantes. Mais il est aussi une autre raison pour laquelle la CSC s'invite dans les débats sur ce thème: la mobilité est une source importante d'inégalités!

La mobilité, source d'inégalités

Les médias s'intéressent au salon de l'auto, aux voitures électriques ou encore aux voitures sans chauffeur, aux  embouteillages et aux accidents, à l'impact de la mobilité sur le climat, aux prix des carburants, ..

Il y a pourtant tant à dire en terme d'inégalités liées à la mobilité. Entre ceux qui habitent/travaillent en milieu rural et ceux qui habitent/travaillent en ville, entre ceux qui disposent d'un permis ou d'une voiture et ceux qui n'ont ni l'un ni l'autre, entre ceux qui se déplacent avec aisance et ceux que l'on appelle communément les personnes « à mobilité réduite", entre les jeunes et les moins jeunes… Et puis il y aussi les différences entre "ceux" et "celles",...

Les femmes et les hommes ne se déplacent pas de la même manière

  • Des déplacements plus complexes

    Certes, les papas s'occupent de plus en plus souvent des courses et des enfants, mais les chiffres (notamment ceux de l’enquête Molitor 2017 sur les déplacements des Belges) le montrent: la chaîne de déplacements des femmes est bien plus complexe que celle des hommes. L'enchainement des trajets pour accompagner ou reprendre les enfants à l'école ou à la crèche, pour se rendre au travail et  pour faire les courses reste encore majoritairement une affaire de femmes.

  • Des modes de transport différents

    Toujours selon l’enquête Molitor, la voiture représente bien le mode de déplacement principal, aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Mais il y a des différences sensibles: les femmes sont nettement plus souvent passagères de la voiture que les hommes (21 % pour les femmes ; contre 11 % seulement pour les hommes). De même, les hommes empruntent le métro/tram/bus aussi bien que le train. Chez les femmes, le métro/tram/bus est davantage prisé que le train. Sans doute parce que les distances domicile-travail parcourues par les femmes sont moins importantes en moyenne que celles des hommes...

  • Une part du budget plus grande

    On s'inquiète des postes vacants dans certains secteurs plutôt féminisés comme les titres services par exemple, mais on ne dit rien sur la part du salaire qui est consacrée à la mobilité dans ces secteurs où les déplacements sont très nombreux… et donc au final, très coûteux pour ces travailleuses à bas revenus.  

  • Le sentiment d'insécurité et les trajets auxquels les femmes renoncent
    On ne comprend pas pourquoi il y a plus d'hommes que de femmes cyclistes, mais on ne mesure pas l'impact du danger ressenti. En voiture, en vélo, à pied ou en transport en commun, il y a des lieux, des moments où les femmes se sentent en insécurité.  Cela peut conduire à une décision de non déplacement (trop long, trop coûteux, trop dangereux, trop compliqué, manque d’équipement,..). Et cela peut bien sûr mener à refuser un emploi.

  • La charge mentale et la charge physique
    La mobilité des femmes commence bien avant le trajet… Conduire son enfant à l'école avant d'aller au travail, faire quelques courses pour le ménage en rentrant, combiner son heure de retour avec les horaires d'une activité extra-scolaire, cela demande de l'organisation! C'est une charge mentale essentiellement portée par les femmes. Dans un certain nombre de cas, ces femmes vont déléguer le trajet, mais seront tout de même responsables de son organisation, de sa planification.

    Et à côté de la charge mentale, il y a aussi la charge physique! Promenez-vous en rue, en ville, dans les transports en commun et observez: presque toutes les femmes se déplacent avec au moins un sac, aussi petit soit-il. Dans de très nombreux cas, ce sac est complété par un ou plusieurs sacs de courses, une poussette, un caddie, une chaise roulante à pousser, un enfant par la main ou dans le ventre… Observez maintenant les hommes dans les mêmes endroits… et tirez les conclusions!

    A côté de la charge mentale liée aux déplacements, les femmes "portent" également au sens physique du terme. Cette charge physique doit être prise en compte lorsque l'on veut bâtir de nouvelles mobilités. Dans les transports publics, dans les infrastructures routières, dans l'usage des deux roues ou même du télétravail: les femmes et les hommes ont des besoins différents!

  • non mobiles







Des pistes pour réduire les inégalités

  • Etre présentes dans les lieux qui contribuent à la conception d'une mobilité durable. Visibiliser ces spécificités est sans doute une priorité pour les femmes : participer aux débats citoyens, syndicaux, politiques, constituer une équipe syndicale représentative du personnel,…
  • Jouer sur les autres facteurs d'inégalité: briser le plafond de verre permet aux hommes et aux femmes d'être égaux devant le coût du déplacement et la part du budget qui y est consacrée.
  • Demander des statistiques genrées (le diagnostic fédéral garde ces données facultatives d’années en années malgré les recommandations du SPF)

Les solutions de mobilité pour une mobilité durable passeront par la multimodalité. Déjà très souvent «multi-tâches», les femmes auront à ne pas douter dans ce domaine une longueur d'avance…

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Source de l’illustration:  Enquête Monitor sur la mobilité des Belges https://mobilit.belgium.be/sites/default/files/partie_mobilite_novembre_2019_final.pdf