Etudiant : job d’été, job toute l’année?
De plus en plus d’étudiants vont combiner école et travail pendant l’année scolaire. La nouvelle législation rentrée en vigueur début d’année est un facteur d’explication à cette augmentation. Mais justement, quelle réalité pour ces jobs d’étudiants ? Réponse en quelques chiffres.
Cette année, 7 étudiants sur 10 (450.000 étudiants) ont profité de l’été pour gagner un peu d’argent grâce un job. Ce chiffre reste stable par rapport aux années précédentes. Mais il y a un nombre qui ne cesse d’augmenter : celui des étudiants qui continueront à travailler pendant l’année scolaire.
En 2004, 30% des étudiants travaillaient au cours de l’année scolaire alors que cette année 2017, ce nombre va presque doubler (58%), comme l’a présenté l’étude annuelle de Randstad. La nouvelle législation (calcul du travail étudiant en nombre d’heures et plus en nombre de jours) est à l’origine de plus de flexibilité.
De 50 jours à 475 heures
Depuis le 1er janvier 2017, le quota des 50 jours est passé à 475 heures pour le job étudiant. Auparavant, un étudiant était autorisé à travailler 50 jours par an, à raison de huit heures par jour, ce qui représentait 400 heures maximum par an. Les revenus des étudiants, qui travaillaient moins de 50 jours, étaient alors soumis à un régime de cotisations sociales réduites.
Aujourd’hui, ces 475 heures représentent la limite en termes d’heures pour profiter des baisses de cotisations. L’étudiant est donc toujours libre de travailler plus et dès lors, il sera soumis à un régime normal de cotisations sociales.
Où et comment ?
La majorité des étudiants-jobistes travaillent dans les secteurs de commerce de détail, de l’horeca, des services publics et du Non Marchand. Pour chercher un job, un jeune sur deux fait appel à sa famille. Les agences d’intérim restent en deuxième position, devançant cette année les amis et les connaissances.
Pourquoi ?
La première raison pour travailler comme étudiant reste le salaire. Il y a une dizaine d’années, ils travaillent surtout pour leurs loisirs, l’argent de poche. Aujourd’hui, il s’agit plus souvent d’une nécessité. L’augmentation du coût de la vie ainsi que le prix des études peuvent expliquer ce besoin pour les jeunes de travailler pour gagner de l’argent. La réforme de bourses étudiantes (nouveaux critères pour l’obtention d’une bourse), adoptée en janvier, n’a également pas fait que des heureux et elle vient d’ailleurs d’être modifiée juste avant l’été. Mais elle peut également expliquer cette nécessité pour certains étudiants d’obtenir de l’argent pour payer leurs études.
Le salaire précède largement les raisons professionnelles telles que l’acquisition d’expérience ou la perspective d’obtenir un emploi à l’avenir dans cette entreprise. D’ailleurs, l’étude de Randstad révèle aussi que 61% des étudiants jobistes ne choisissent pas leur job d’étudiant en fonction de leurs études.
Sans contrat

Cette année, les étudiants ont été moins nombreux à travailler sans contrat. En effet, un étudiant sur 7 a travaillé au noir, ce qui représente 13% des étudiants jobistes. L’année passée, ils étaient 18% à ne pas avoir signé de contrat pour leur job étudiant, il s’agit donc d’une amélioration de bon augure. Généralement, ce sont les étudiants âgés de moins de 18 ans qui sont le plus concernés. Là encore, les chiffres diminuent cette année, passant de 29% à 23%. Le secteur le plus touché par le travail au noir chez les étudiants est celui des loisirs.
Pour rappel, depuis 2016, les étudiants peuvent aussi être sanctionnés en cas de travail au noir !
Déjà une différence salariale !
L’écart salarial n’est malheureusement pas un mythe. Et il est déjà présent dans les jobs étudiants. En moyenne, un jobiste gagne un salaire annuel de 2.030 euros. Et pourtant, les étudiantes gagnent en moyenne 260 euros de moins que leurs condisciples masculins (1.904 euros contre 2.166 euros). D’ailleurs, cet écart augmente s’il s’agit des petits travaux informels rémunérés, du type baby-sitting ou jardinage qui rapportent quasiment le double aux garçons.
Comment expliquer cette différence ? Premièrement, les étudiants travaillent en moyenne deux jours de plus que les étudiantes. Mais en termes de salaire à l’heure, les garçons sont payés 11,1 euros par heure contre 10 euros/heure pour les filles, ce qui représente tout de même une différence de 1,10 euro par heure prestée.
Deuxièmement, les fonctions exercées peuvent être en elles-mêmes un facteur explicatif puisqu’elles ne sont pas toujours identiques. Le métier de caissier est très généralement exercé par des femmes alors que les métiers plus techniques et plus manuels sont souvent occupés par des hommes. Des éléments plus rémunérateurs (par exemple, le fait de travailler à horaire décalé) sont spécifiques à certaines fonctions, ce qui peut en partie expliquer cette différence de rémunération.
Toutefois, on ne peut pas encore parler de discriminations à ce stade car il n’existe pas de réelles études menées à ce sujet à l’heure actuelle et les éléments cités ci-dessus sont en grande partie des pistes qui pourraient tenter d’expliquer ce phénomène.
Les jobs d’étudiants sont donc une réalité non négligeable au vu de la place qu’ils peuvent prendre dans la vie des jeunes concernés. Mais les étudiants ne devraient pas devoir travailler pour pouvoir se payer des études. Force est de constater qu’il faut être vigilant à ne pas leur offrir trop de flexibilité. Les jobs d’étudiants ne doivent pas devenir la priorité absolue pour un jeune, qui doit souvent combiner job avec études et surtout la réussite de ces dernières. Et puis, il ne faudrait pas non plus que certaines entreprises emploient toute l’année un grand nombre d’étudiants, simplement parce qu’ils leur coûtent moins cher. Ce sont donc tant de questionnements et problématiques que peuvent soulever les jobs d’étudiants à l’heure actuelle.
Alice Mazy
La CSC accompagne aussi les jeunes
Qui pour aider les étudiants dans tout ça ? La CSC dispose d’une action spécialement dédiée aux jeunes appelée « Enter ». Il s’agit d’une affiliation qui s’adresse aux jeunes, aux étudiants ainsi qu’aux demandeurs d’emploi en stage d’attente âgés de 15 à 25 ans. Et cette affiliation est gratuite ! Elle permet de recevoir toutes les informations utiles, de faire appel aux services de la CSC pour résoudre d’éventuels problèmes rencontrés lors d’un job d’étudiant. Le site des Jeunes CSC (www.jeunes-csc.be) propose également pleins d’informations intéressantes.