Accord trouvé chez Brico
a estimé insuffisant le montant proposé par d’éventuels acquéreurs. Il a alors réorienté sa stratégie et prétend vouloir investir pour reconquérir sa notoriété de leader du bricolage.
La direction générale a convoqué les organisations syndicales dans le cadre d’un conseil d’entreprise extraordinaire pour exposer son « plan de relance commerciale » : estimation d’un sureffectif de 100 équivalents temps plein, flexibilité d’horaire et polyvalence, transformation des heures tardives en forfait, suppression de deux compléments de primes équivalents à 815€ pour les travailleurs de Brico et Plan-it ainsi que du payement du ¼ heure de pause, le sursalaire du travail du dimanche passe de 300% à 200% et le nombre de travailleurs pour ce jour est réduit, les nouvelles embauches aux conditions de la CP
311 et renoncement des accords sectoriels 2017-2018.
La situation financière du groupe et de ses filiales belges
Maxeda Diy est une société anonyme, dont le siège social se trouve à Amsterdam. Le groupe est actif dans le commerce de détail du bricolage. Il regroupe une série de filiales détenant des points de vente aux Pays-Bas, en Belgique et au Grand-Duché de Luxembourg. En Belgique, le groupe est présent au travers de 4 sociétés commerciales : Brico Belgium, Plan-it, Brico Plan-it et Briko Depot, ce qui correspond à 57 établissements et à 2.590 travailleurs.
L’activité réalisée en Belgique (725 millions d’euros de chiffre d’affaires) représente plus de la moitié (54%) des ventes du groupe (1,3 milliard d’euros). L’effectif occupé chez nous ne représente que 37% de l’effectif global, ce qui indique que les travailleurs belges peuvent se prévaloir d’une bien meilleure productivité que leurs homologues néerlandais et luxembourgeois.
Mauvais résultat lié aux dettes
Le mauvais résultat affiché par Brico Belgium (perte nette de l’exercice de plus de 8 millions) n’est pas lié à son activité étant donné que la société enregistre un résultat d’exploitation positif de plus de 3 millions. Il provient du niveau extrêmement élevé des charges des dettes (près de 17 millions d’intérêts). Ces dettes financières ont été contractées, dans le cadre d’une stratégie de groupe, en vue du financement des 158 millions de participations exclusives dans 7 filiales (dont Plan-it, Briko Depot et Maxeda Diy Supply Chain). Ces intérêts ont été intégralement reversés au groupe (prêt intra-groupe).
La filiale Plan-it, qui contrôle elle-même l’intégralité du capital de Brico Plan-it a aussi versé près de 3 millions d’intérêts au groupe (sur un emprunt de 23 millions).
Fin janvier 2016, le groupe disposait de 100 millions de liquidités (dont 48 millions logés dans les filiales belges), sans oublier les cadeaux du gouvernement ! Dans le cadre du tax shift, les quatre sociétés du groupe en Belgique rapporteraient sur les quatre prochaines années environ 14,5 millions d’euros, que les actionnaires pourront se répartir à leur guise.
Pour la CNE, il est intenable de continuer à accepter que les travailleurs soient tenus pour responsables du manque de moyens mis en place au niveau commercial et de cet acharnement concurrentiel entre différentes enseignes, voire avec leurs enseignes franchisées. Il n’appartient pas aux travailleurs de financer les investissements qui deviendront, à leur tour, des amortissements qui augmenteront le cash flow et qui seront restitués aux actionnaires.
Plan de la direction modifié
Après plusieurs jours de négociations et d’arrêts de travail qui se sont manifestés spontanément, la direction a été contrainte de revoir certaines exigences de son plan.
La direction accepte de ne modifier les horaires, pour les travailleurs à horaire fixe, qu’après la prestation d’un préavis d’horaire, ce qui leur permet de s’organiser dans leur vie privée. Le principe de la stabilité des horaires va être recherché en priorité : une discussion avec la délégation syndicale aura lieu au préalable. Elle accepte d’exercer la polyvalence de manière horizontale, dans la même catégorie ou inférieure et que la formation soit préalable à la mise en place de la polyvalence. Elle s’engage à ne franchiser aucun des magasins intégrés jusque juin 2020 et à ne procéder à aucun licenciement sec.
La direction renonce à la suppression des primes de 818€, au non payement du ¼ heure, à la non application de l’accord sectoriel pour
2017-2018 et à supprimer le payement des heures tardives.
Nous avons dû concéder la flexibilité et la polyvalence dans un cadre à négocier en magasin, de passer de 300% à 250% de payement de sursalaire pour la prestation du dimanche, de ne pas faire profiter les nouvelles embauches d’autres avantages que ceux prévus par la CP 311, de supprimer un jour d’ancienneté aux travailleurs qui ont plus de 5 ans dans l’entreprise et de rééquilibrer l’effectif par magasin.
Nous ne pouvons pas pour autant crier victoire. Mais nous avons sauvegardé le pouvoir d’achat, en refusant fermement toute perte salariale. Cette détermination n’a pu être possible que par la ferme volonté des travailleurs de défendre leurs acquis à travers la solidarité entre les différentes enseignes dont les conditions de salaires et l’organisation du travail ne sont pas identiques.
Gino Cusumano