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Dégrader les conditions de travail dans l’e-commerce ne va pas résoudre les problèmes d’emploi (2/3)

©Shutterstock

Le gouvernement a déposé un avant-projet de loi visant à faciliter l’instauration du travail de nuit sans concertation avec les syndicats dans l’e-commerce. Ce projet va compliquer l’obtention de compensations par les travailleurs en échange de l’instauration du travail de nuit. L’objectif affiché : créer des emplois. Mais la CSC pointe plusieurs statistiques qui montrent des effets ambigus de création d’emploi par l’e-commerce et une qualité de l’emploi dégradée. 

Quantité des emplois créés dans l’e-commerce

La quantité d’emplois créés par le secteur de l’e-commerce est ambiguë. En effet, bien que l’e-commerce crée des emplois, cette transformation conduit à des pertes d’emploi dans le commerce de détail classique. Selon certaines études, pour 1 emploi créé via l’e-commerce, 1,15 emploi sont détruit ailleurs dans le commerce. D’autres études concluent au fait que l’impact de l’e-commerce sur l’emploi est neutre, les destructions compensant les créations . En fait, il n’y a pas de consensus scientifique affirmant si, au total, l’e-commerce est plutôt créateur ou destructeur d’emploi. Notons tout de même que plus les entrepôts sont modernes, plus ils sont automatisés et moins ils embauchent. Par exemple, la firme chinoise Alibaba utilise déjà des entrepôts automatisés à 70%.

Par ailleurs, si l’on se base sur le cas néerlandais pour lequel des données sont disponibles, il s’avère que les emplois créés ne bénéficieront majoritairement pas aux travailleurs locaux. En effet, aux Pays-Bas, les conditions de travail dégradées entrainent une importante pénurie de main-d’œuvre. Les employeurs doivent donc faire venir des travailleurs détachés de pays de l’Est.   Sur les 380 000 travailleurs qu’occupe le secteur de la logistique néérlandais, 338 000 sont des travailleurs migrants, venus combler la pénurie de main d’œuvre.. Ce sont pour plus de 85% des travailleurs de l'est de l’Europe, qui viennent travailler dur quelques années et repartent. La moitié travaille sous contrat interim. En d'autres mots, les emplois créés dans l'e-commerce néerlandais sont en fait des travailleurs importés pour l'occasion. L’e-commerce n’est, de ce point de vue, pas une réponse pour faire diminuer le taux de chômage belge.

Enfin, la question de l’efficacité de création d’emplois du secteur par rapport aux subsides qu’il perçoit doit être posée. Une étude montre ainsi que, pour l’aéroport de Liège, plus de 1,2 milliard d'euros d'argent public a été investi, pour 3.420 équivalents temps plein directs, soit plus de 350.000€ par emploi.

Qualité des emplois créés dans l’e-commerce

La qualité des emplois dans l’e-commerce est souvent faible. Les expériences étrangères où l’e-commerce est davantage développé sont inquiétantes. Dans le commerce néerlandais, les contrats à durée déterminée sont quasi trois fois plus nombreux qu’en Belgique, et les contrats à temps partiels deux fois plus nombreux . En France, les emplois CDD et intérim représentent un tiers des emplois ouvriers dans le secteur logistique. C’est l’intérim qui domine, avec un quart des emplois. Ce sont pourtant des postes pérennes pour la plupart, mais organisés sous forme d’emplois précaires.  Il s’agit d’exemples étrangers, mais même en Belgique, le scandale de PostNL montre que les conditions de travail de l’e-commerce sont désastreuses dans certains dépôts.

« La dérégulation du secteur de l’e-commerce peut aussi avoir un impact sur les conditions de travail du secteur du commerce de détail classique » souligne Kristel Van Damme de la CSC. « en transformant en partie des commerces traditionnels en dépôts de marchandises vendues sur internet, cela crée une pression pour allonger les heures de travail et des horaires atypiques (en soirée, le week-end) ». 

Impact du travail de nuit sur la santé

En Belgique, le travail de nuit est interdit depuis 1921, sauf exceptions. C’est notamment car son impact négatif sur la santé a déjà été démontré maintes fois. Il provoque des troubles du sommeil, des troubles cardiovasculaires et psychiques, et il déstructure la vie sociale. Depuis 2008, le travail de nuit posté a même été classé comme cancérogène probable pour l’humain par le CIRC (centre international de recherche sur le cancer). Des études américaines indiquent que le travail de nuit augmente la mortalité de 11%.

Bref, pour la CSC, il ne faut pas dégrader les conditions de travail dans l’e-commerce. Non seulement cela ne va pas créer beaucoup d’emploi. Mais surtout, précariser le secteur entrainerait le développement d’emplois dont personne en Belgique ne voudra. Au final, on ne règlera aucun problème, et on créera des problèmes de santé. Ce dont nous avons besoin, c’est un secteur avec des règles qui préservent la santé des travailleurs, et que le travail de nuit soit soumis à des compensations négociées avec les syndicats. Et pour cela, il faut changer l’avant-projet de loi qui vise à affaiblir ces négociations de compensations.