Le travail de nuit à partir de minuit fera perdre jusqu’à 434€ bruts/mois aux ouvriers du commerce alimentaire

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Le gouvernement Arizona souhaite faciliter le travail de nuit dans le secteur de la distribution et des secteurs connexes. Pour ce faire, il prévoit de ne considérer comme travail de nuit que les heures prestées entre minuit et 6h du matin, contre 20h à 6h du matin actuellement. L’enjeu principal derrière ce changement concerne le versement des primes de nuit, qui ne devraient plus être versées pendant les quatre heures avant minuit. Le changement devrait a priori épargner les travailleurs existants et se concentrer sur les nouveaux travailleurs. Il reste encore un flou concernant la traduction juridique de cet accord, mais le risque d’une perte de pouvoir d’achat est bien là.
La CSC Alimentation et Services a calculé les montants qui seraient perdus par les travailleurs de nuit si les heures avant minuit n’étaient plus comptées. Actuellement, un travailleur de nuit au salaire minimum dans un dépôt du commerce alimentaire gagne en moyenne 2 900 € par mois, auxquels s’ajoutent 913 € de primes de nuit (en comptant un horaire de travail 22 h-6 h du matin). Pour un tel travailleur, une non prise en compte des heures avant minuit lui fera perdre deux heures de primes de nuit lors de chaque nuit travaillée. Cela réduira sa prime de 913 € à 685 € par mois, soit une perte de 228€ par mois.
Ouvrier logistique au salaire minimum | Ouvrier logistique au salaire plus élevé | |
Salaire mensuel 2025 | 2 900 € | 3 797 € |
Prime de nuit actuelle (30%/40% sur les heures 22h-6h) | 913 € | 1 519 € |
Prime de nuit réduite (30%/40% sur les heures 24h-6h) | 685 € | 1 085 € |
Perte avec système Arizona | 228 € | 434 € |
Calculs sur un ouvrier de la CP119, 12 ans d'ancienneté, catégorie 4, entreprise de +50 travailleurs, dépôt de frais |
Cet exemple se base sur un travailleur au salaire minimum, mais la plupart ont des salaires plus élevés. Ainsi, un travailleur de nuit d’une marque bien connue gagne 1 519 € par mois de primes de nuit. Une non prise en compte des heures avant minuit diminuerait les primes de nuit à 1 085 €, soit une perte de 434 € par mois. Pour un nouveau travailleur de nuit dans le commerce alimentaire, le risque est donc une perte pouvant aller jusqu’à 434 € par mois, soit à peu près 5 600 € par an.
Pour Luc Debast, porte-parole de la CSC Alimentation et Services pour le secteur du commerce alimentaire : « Les primes de nuit sont une compensation du fait que le travail de nuit est particulièrement difficile. Il déstructure la vie de famille et crée des problèmes de santé. Les études montrent même que les travailleurs de nuit développent plus de cancers. Le gouvernement Arizona prétend vouloir rémunérer mieux ceux qui travaillent. Mais en réduisant les primes de nuit, il rémunère moins ceux qui ont un des métiers les plus lourds. En plus de cela, il va prolonger la loi qui interdit les hausses de salaire bruts au moins jusqu’en 2027. Il y a un fossé entre les discours et les actes. Nous demandons l’abandon du projet de réforme du travail de nuit ».
La CSC Alimentation et Services appelle la population à rejoindre la manifestation du 13 février à Bruxelles pour des conditions de travail justes.