Un travailleur pour une plate-forme est décédé. Les plateformes vont-elles enfin suivre les règles et le gouvernement les faire respecter?

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Nous apprenons avec une profonde tristesse le décès du livreur de repas percuté ce jeudi par un bus à Bruxelles-Nord.
Des livreurs et autres travailleurs de plateforme sont confrontés tous les jours à des accidents de travail; jusqu’ici il n’y avait jamais eu d’accident mortel en Belgique. Ce qui est malheureusement arrivé était prévisible. Les autorités ont laissé certaines plateformes mettre en place un système scandaleux. Le travailleur étant prétendument « prestataire indépendant », la plateforme n’a aucune obligation de mettre en place une politique de prévention et de sécurité, de fournir du matériel de sécurité.
Le travailleur n’est pas couvert par l’assurance-loi accidents du travail et, pire encore, la manière dont le travail est organisé favorise les accidents (puisque, par exemple, le livreur est payé à la course et pas à l’heure de travail, de sorte que plus il livre vite, au mépris de la prudence et de sa sécurité, mieux il est payé et évalué; lorsque les conditions météorologiques sont dangereuses, les livreurs sont incités à prendre des risques).
Des travailleurs invisibles
Des milliers de jeunes travailleurs précaires sont, sous nos yeux, devenus les invisibles du profit de quelques multinationales. Notre gouvernement a mis en place une loi sur l’économie de plateforme, mais celle-ci est totalement inefficace. Depuis le 1er janvier existe une présomption d’emploi, pour les travailleurs des plateformes réunissant certains critères. Si cette loi était appliquée, le livreur de repas accidenté aurait été dans un autre statut et ses conditions de travail totalement différentes. Mais rien n’a changé depuis l’entrée en vigueur de cette loi ; les plateformes visées estiment … ne pas être concernées!
Le gouvernement doit choisir
Pour le volet « accidents du travail », la loi vise à mieux protéger les travailleurs sous statut indépendant, alors que 90% des livreurs sont en régime P2P ou économie collaborative. En outre un Arrêté Royal doit encore être publié, et cela traîne.
Notre gouvernement doit maintenant choisir s’il continue à tolérer l’inacceptable. Ces plateformes se moquent de lui, de nous tous et précarisent les travailleurs … jusqu’à l’accident fatal.
United Freelancers (CSC) reste, avec le Collectif des Coursiers, les Jeunes FGTB, la Maison des Livreurs aux côtés de ces travailleurs, et continuera avec acharnement son combat pour que les plateformes assument leurs responsabilités.
Contact: Martin Willems - ACV United Freelancers 0491 29 84 78