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Sans-Papiers : nous sommes soulagés, en colère, dégoutés et déterminés

Avant tout nous sommes soulagés que, avant qu’il y ait des mort-es, les collègues sans papiers de L'union des sans papiers pour la Régularisation aient décidé d'arrêter la grève de la soif et de suspendre la grève de la faim.

La grève de la faim ne fait pas partie des formes habituelles d’action syndicale, mais nous n’avons certainement pas le droit de les juger pour ce choix : depuis 20 ans ils souffrent d’être exploités parce que privés de papiers ; depuis 6 mois ils ont multiplié les marches, occupations, manifestations : le secrétaire d’Etat et le gouvernement ne leur ont accordé aucune attention.  Ils n’ont pas choisi la grève de la faim : ils y ont été poussés par le mépris inhumain de S. Mahdi et consorts. Les vacances parlementaires approchaient, leur action désespérée avait – après si longtemps !! – ouvert un espace de négociation : ils ont choisi de suspendre leur action, ils et elles sont en vie : c’est essentiel, et nous en sommes soulagés.

Nous sommes en colère aussi.

Les gestes minuscules auxquels S. Mahdi a fini par consentir, il aurait pu les faire il y a plusieurs semaines déjà.  La différence entre faire ces gestes au jour 30 ou au jour 60 de la grève se manifeste par des séquelles irréversibles dans le corps de ces femmes et de ces hommes qui sont nos voisins et nos collègues.  Évidemment, pour S. Mahdi, ces 30 journées supplémentaires de souffrance et de risques vitaux, c’est un capital intéressant pour sa carrière politique. Au lieu d’avoir le courage de rompre avec le gouvernement précédent, les pratiques inhumaines et illégales de Theo Francken, il a préféré camper un personnage inflexible, mi-Tathcher mi-Francken, et compte bien en tirer grand profit personnel, l’œil sur les sondages et sur les attentes d’une partie de la population supposée raciste. Depuis longtemps pourtant nous constatons que suivre les politiques de fermeture et d’exploitation voulues par l’extrême-droite ne fait que renforcer cette dernière. En faisant le choix de plaire à l’électorat du Vlaams Belang, le CD&V a cru gagner des voix : mais il se perd et perdra encore davantage à l’avenir. Il ignore les nombreux citoyens et associations qui, dans toutes les parties du pays, ont montré leur solidarité et leur refus de l’exploitation ! Sammy Mahdi rêve d’une d’une carrière politique : si c’est la cas, nous nous souviendrons qu’elle plonge ses racines dans le sang et les larmes de nos collègues en lutte. Et cela nous met en colère.

Nous sommes dégoûtés de la façon abjecte avec laquelle a été traitée une lutte collective exemplaire, visant à ce que la Belgique applique simplement sur son propre sol les droits fondamentaux.

S. Mahdi, G-L Bouchez et les autres adversaires de cette lutte avaient une réponse simple : que tous ces gens retournent chez eux. Mais il est clair qu’ils n’y croient pas un instant : ces 150.000 hommes et femmes exploité-es, nécessaires à notre économie, souvent implantés ici depuis des années, par leur travail, leur famille, leur vie, n’ont pour la plupart pas de « chez eux » où retourner. Qui ramènerait sa famille en Irak, en Syrie, en Afghanistan ? A fortiori en temps de Covid ? La question n’est pas « une Belgique avec ou sans eux » ! Ils resteront ici, et la question est : ces travailleurs avec ou sans droits ?
Ces 470 collègues en lutte ne luttaient pas pour eux-mêmes : ils demandent de changer des lois absurdes, inapplicables et criminelles. Si par exemple 100.000 travailleur-ses sans papiers voyaient leur travail formalisé par la possibilité d'un permis de travail, 65 millions d'euros nets par mois iraient dans les caisses de la sécurité sociale. Pour nous, c’est clair que le fond de la question, c’est l’intérêt de l’ensemble des travailleurs : si on refuse ou retire leurs papiers à nos collègues, eux sont exploités, et tous les travailleurs « avec papiers » sont victimes du dumping social. Mais la droite préfère les maintenir dans des conditions d’esclavage : l'absence de garanties dans l'accord menace beaucoup d’entre eux de retourner dans les tranchées de la surexploitation … nous sommes dégoûtés.

Enfin nous sommes déterminés.

Nous soutenions les travailleurs sans papiers – et notamment la magnifique section TSP de la CSC de Bxl – avant leur grève ; et pendant leur grève, et nous les soutiendrons après. La seule solution possible digne, juste et humaine se basant sur des critères clairs et permanents n'a même pas été envisagée. La réponse des partis de droite « cela n’est pas dans l’accord de gouvernement » n’a aucun sens. Le propre des mouvements sociaux face aux événements c’est de demander de vraies réponses politiques, pas l’application automatique des petites lettres d’un accord passé.  Imaginerait-on de ne pas prendre des mesures suite aux inondations catastrophiques, sous prétexte que ces inondations « n’étaient pas dans l’accord de gouvernement » ? Comme syndicat, nous luttons pour ce qui est juste, pour l’intérêt de tous les travailleurs, y compris quand cela demande de sortir des accords passés sur notre dos : la loi de 1996 qui bloque les salaires, le recul de l’âge de la pension, etc : c’est peut-être les accords entre partis, mais nous n’allons pas nous y résigner.  Si nos prédécesseurs s’étaient interdits de contester les accords de gouvernement, le travail des enfants ou la journée de 12 heures existeraient encore … Ce n'est donc que le début, nous avons tracé les lignes de notre plan d'action à partir de septembre. Le combat continue pour les personnes sans papiers, celles et ceux qui travaillent dans nos boulangeries et boucheries, nos arrière-cuisines, gardent nos enfants ou soignent nos malades, et sont toujours en 1ère ligne. Vous n'en avez vu que 470 : ils sont 150.000.

Ce sont nos collègues, notre dignité sera incomplète sans leur dignité, et nous sommes déterminés à les soutenir encore.