Voilà juste un an que les premiers magasins Delhaize intégrés ont été repris par des indépendants et en novembre, tous les magasins seront franchisés. C’est le moment de faire un premier bilan et de montrer que nos craintes étaient fondées.
En terme d’emplois, nous avions évalué le risque de destruction à 60%, à terme. Malgré le fait que, pour éviter de légitimer le combat des travailleurs, les repreneurs ont reçu la consigne de ne pas licencier les premiers mois, sur environ 4.300 travailleurs de Bruxelles et de Wallonie, 450 ne sont déjà plus là, alors que certains magasins viennent seulement d’être franchisés. Comme l’explique Rosetta Scibilia, propagandiste CNE : « On a pu comptabiliser jusqu’à 28 emplois disparus dans un seul magasin. Au rythme moyen actuel, dans 4 ou 5 ans, des milliers d’emplois auront été détruits sans qu’Ahold Delhaize n’aie dépensé le moindre euro d’indemnités de licenciement ».
Lors des tentatives de négociation durant le conflit, la direction répétait en boucle qu’il ne s’agissait pas d’une restructuration et qu’elle avait besoin de ces travailleurs expérimentés. Le discours est tout autre dans la bouche d’un certain nombre de repreneurs : « Vous coûtez trop chers », « Vous n’avez qu’à partir si vous n’acceptez pas nos nouvelles exigences»... Les temps partiels médicaux et les travailleurs plus âgés sont particulièrement visés. Les restrictions médicales sont remises en cause, contrairement aux promesses faites par Delhaize. Myriam Djegham l’a dit pendant le conflit et le redit aujourd’hui : « L’objectif de l’opération était de diminuer les dépenses salariales pour maintenir les dividendes du groupe, le tout en se débarrassant de toutes responsabilités sociales ».
Grâce aux contacts avec nos affiliés, nous constatons aussi une rapide dégradation des conditions de travail. C’est notamment lié à cette hémorragie de travailleurs non remplacés, mais aussi par les exigences de productivité à tout prix. Dans la franchise, aucune minute ne se perd. La polyvalence est utilisée au maximum. Les travailleurs doivent reprendre des tâches auparavant sous-traitées comme le nettoyage des magasins et des parkings. La pression sur les travailleurs est énorme. Cela va même, dans certains magasins, jusqu’à l’instauration d’un management de la terreur, avec des travailleurs menacés, punis, poussés vers la sortie.
Nous ne laisserons pas la loi de la jungle s’installer dans ces magasins
Par ailleurs, au vu et au su de tout le monde, et à renfort de publicité du groupe Delhaize, la plupart des magasins ouvrent le dimanche. La loi est pourtant la même pour un magasin intégré et un magasin franchisé en matière d’ouverture le dimanche toute la journée, mais le respect de la législation n’est ni le souci des repreneurs ni celui de Delhaize que nous avons alerté de nombreuses fois sur ce sujet. Tant que ça leur rapporte de l’argent et qu’ils prennent des parts de marché aux concurrents, ils semblent considérer la législation comme facultative.
Même s’il n’y a plus de délégations syndicales dans ces magasins, nous ne laisserons pas la loi de la jungle s’installer dans ces magasins et nuire à tous les travailleurs du Commerce.
