Les travailleurs de Delhaize s’invitent à l’AG du groupe Ahold Delhaize

Ce mercredi 12 avril, une centaine de travailleurs et travailleuses de Delhaize Belgique manifestent devant l’assemblée générale du groupe Ahold Delhaize, à Zaandam aux Pays-Bas, se joignant à une action sur la politique de l’entreprise en matière environnementale menée par des ONG et soutenue par le syndicat hollandais, FNV. Les travailleurs belges sont venus rappeler que derrière la rentabilité que le groupe promet à ses actionnaires, il y a des vies. La recherche effrénée de profit nuit aux travailleurs et à l’environnement.

Ce 12 avril, les gestionnaires d’Ahold Delhaize présenteront leurs comptes 2022 devant leurs actionnaires. Avec 2.56 milliards de bénéfices, le groupe se porte très bien et ils proposeront une augmentation de 10,5% des dividendes. Ajoutés aux programmes de rachats d’actions, ce sont près de deux milliards d’euros qui quittent les caisses du groupe pour les poches de ses actionnaires. Depuis dix ans, le groupe Ahold Delhaize mène une politique agressive de rentabilité financière : sa valeur boursière et son dividende par action ont plus que doublé.

Cette gestion orienté totalement vers la rentabilité financière correspond aux exigences des actionnaires principaux du groupe. En effet, au moins 20% des parts du groupe appartiennent à des fond d’investissements guidés uniquement par des objectifs de rentabilité à court terme. On y retrouve notamment :

BlackRock : un des plus grand fonds d’investissement au monde, qui promet à ses actionnaires, autres banques et fonds d’investissement des rendements élevés. Le fonds est mêlé à des conflits d’intérêts dans la régulation du secteur bancaire européen et a été accusé d’avoir influencé le gouvernement français dans le cadre de sa réforme des retraites.
Goldman Sachs Group : la plus grand banque d’investissement au monde devenue tristement célèbre pour son rôle dans la crise financière de 2008.

Dans une interview en introduction du rapport annuel, le PDG du groupe promet à ses actionnaires de revenir au plus vite à des marges opérationnelles au-dessus de 4% et ce malgré la crise et l’inflation. Pour ce faire, le groupe pratique « des négociations fermes avec les fournisseurs », des « augmentations de prix » pour les clients (limitées en partie par la concurrence) et cherche à contrôler « les augmentations des coûts de l’énergie, du transport et des travailleurs ». Un plan de contrôle des coûts vise 4 milliards d’économies entre 2022 et 2025.

Myriam Djegham, secrétaire nationale CNE Commerce : " On voit bien que Ahold Delhaize est prêt à sacrifier les travailleurs, les clients et les fournisseurs sur l’autel de la rentabilité financière. Pour garantir des dividendes aux actionnaires, il faut faire passer les travailleurs à la caisse. Le rapport annuel désigne d’ailleurs les organisations de travailleurs (les syndicats donc) comme « une menace critique » qu’il faut contrer.

Pour les travailleurs belges, la décision du passage sous franchise de toutes les opérations belges est clairement une conséquence de cet objectif de maximisation du profit. Celle-ci mènera sans aucun doute à une baisse du nombre d’emplois et des conditions de travail. Elle signifie aussi que Delhaize se déresponsabilise de ce qui pourrait leur arriver dans le futur. "